vendredi 18 septembre 2015

"Otages intimes"

Le dernier roman de Jeanne Benameur, "Otages intimes", ne décevra pas ses lecteurs(trices) qui aiment son œuvre, en particulier le très beau "Profanes" aux éditions Actes Sud. Il existe une musique "bénameurienne", si j'ose m'exprimer ainsi. J'ai retrouvé son style sensuel, une intrigue dramatique, un trio amoureux, des personnages toujours empathiques, un environnement mondial en crise. L'histoire se passe aujourd'hui et pour Etienne, photographe de guerre, la vie n'est pas d'une simplicité limpide ! Il a été pris en otage dans un pays "à feu et à sang". Les premiers chapitres racontent sa survie lors de sa détention, sa libération inattendue et son retour dans son village natal. Il se "reconstruit" en douceur, dans la maison de sa mère. Il retrouve son meilleur ami d'enfance, Enzo, devenu ébéniste et Jofranka, une amie commune quand ils étaient enfants. Ce trio d'enfance se reconstitue au retour d'Etienne. La jeune femme, avocate, travaille à La Haye, au tribunal international. Enzo et Jofranka se sont mariés, puis séparés. Etienne avait une compagne qui a préféré rompre avant sa détention, fatiguée de ses voyages dangereux. Chaque personnage se débat dans une crise : Etienne et son retour à la vie normale, Enzo et son amour perdu pour Jofranka qui, elle même, revient pour régler son passé, la mère d'Etienne et son ex-mari, disparu en mer. Tout ce petit monde se frôle, s'observe, s'aime, se déchire, s'apaise. Etienne se sent l'otage d'un monde en guerre, Enzo se sent l'otage du village, Jofranka se sent l'otage des femmes victimes. La question que pose Jeanne Benameur s'impose : de qui ou de quoi sommes-nous l'otage ? Et peut-on se libérer de ces entraves ? L'écrivain nous susurre à l'oreille, malgré la dureté des temps, que, oui, la vie peut aussi nous réserver d'heureuses surprises inattendues... Un beau roman, teinté d'espoir.