vendredi 9 décembre 2022

Biarritz, escapade hivernale, 1

 Souvent, les villes balnéaires comme Biarritz étouffent l'été à cause des touristes. Pourtant, la cité basque n'est qu'une petite ville moyenne de 25 000 habitants en hors-saison. L'été arrive et nous voilà à 120 000 touristes de plus ! Imaginez la Grande Plage inondée de serviettes multicolores qui se touchent formant un immense tapis sans que l'on devine le sable blond. J'évite dorénavant cette si belle cité de mai à octobre car elle devient difficilement vivable pendant six mois. Quand l'hiver arrive, je pars à Biarritz pour fêter mes retrouvailles avec l'océan. Petite fille, j'ai vécu dans une petite ville nommée Le Boucau, signifiant "embouchure" de l'Adour. Les paysages marins se sont gravés dans mon "inconscient" enfantin et dans ma mémoire vive. Ma passion de la mer est née dans ces instants de mon enfance. J'aime me ressourcer dans le pays de mes parents et de ma fratrie tel un pèlerinage où mes souvenirs intimes se revitalisent. Cette année, j'ai inauguré une nouvelle formule en louant un studio au neuvième étage d'un ensemble bien connu à Biarritz. J'étais presque dans une position de gardien de phare car je dominais le panorama si connu de l'Hôtel du Palais au Rocher de la Vierge avec ses superbes rochers roux qui ponctuent le paysage, un paysage en forme de coquille. Je me suis donc transformée en vigie et j'ai observé, dès le matin, les surfeurs. Ces valeureux nageurs se glissaient dans les vagues et se positionnaient dans une attente extatique pour se redresser au plus vite afin de chevaucher pendant quelques secondes un rouleau de deux à trois mètres de haut. Des promeneurs solitaires arpentaient le bord de mer avec leur chien. Les services municipaux s'activaient pour nettoyer les déchets (du bois surtout et du plastique) qui envahissent les plages lors des marées hautes. Observer l'océan du matin au soir donne une dimension différente dans la journée : tout change d'heure en heure comme un livre d'images en couleurs que l'on tourne avec sa main. Du gris et du bleu, du blanc et du rouge. Le ciel épousait l'océan avec des nuages dont les formes bougeaient sans cesse. Les vagues s'enflaient ou s'affaissaient, les mouettes passaient et filaient à vive allure. Un goéland est venu se poser sur le balcon pour me souhaiter la bienvenue, appâté tout de même par des miettes de pain. Je me tenais sur le balcon et je me réjouissais d'embrasser ce paysage qui n'avait pas changé depuis l'origine du monde. Je marchais des heures dans la ville océane de la Grande Plage à la Côte des basques, de la Place Eugénie à la place Clemenceau. Je déambulais dans le centre ville et je remarquais la présence des vagues au bout des rues. Je pensais à l'ouvrage de Cynthia Fleury, "Ce qui ne peut être volé", paru dans la collection "Tracts" de Gallimard. Cinq conditions sont nécessaires pour une "vie bonne" dont en priorité, le silence, l'horizon, la santé, l'harmonie architecturale. Biarritz l'hiver correspond à une ville "bonne" : un calme providentiel, un horizon sur l'infini, l'iode pour la santé, la beauté du lieu. Un sondage plaçait la ville dans une position enviable sur les villes préférés des Français où il fait bon vivre ! Je l'ai vérifié en novembre où la pluie est restée très discrète (elle avait prévu de s'arrêter pendant mon séjour). (La suite, demain)