mardi 10 octobre 2017

Retour de Grèce, Mycènes

Après Corinthe, ma route s'est poursuivie jusqu'à Mycènes. Une tradition m'a frappée :  des chapelles miniatures apparaissent sur les bords des routes. Elles prennent des formes et des couleurs différentes, contiennent des photos, des cartes, des fleurs, des vases. Beaucoup de conducteurs ont perdu la vie ou se sont blessés et ces chapelles représentent un hommage aux accidentés de la route... Quand je suis arrivée sur le site de Mycènes, je pensais à Jacques Lacarrière qui a très bien décrit ce lieu où est née la tragédie grecque avec la funeste famille des Atrides. Oreste tue sa mère, Agamemnon tue sa fille Iphigénie, Egisthe, l'amant de Clytemnestre, tue Agamemnon... Quelle famille modèle ! Mais, les Mycéniens échappent à cette catégorie de monstres sanglants car ils sont architectes, orfèvres, potiers, soldats, artisans... Un archéologue passionné, Heinrich Schliemann (1822-1890), s'est lancé dans l'aventure archéologique par passion. Cet autodidacte qui s'est enrichi dans le commerce, a quitté sa vie bourgeoise pour réaliser des fouilles à Troie pendant vingt ans en suivant le texte d'Homère, l'Iliade. Après cette découverte majeure, il s'attaque à Mycènes où son équipe dégage le site dont les tombes royales. L'émotion surgit soudain à la vue des énormes rochers formant des murailles cyclopéennes (-1300 av. J.-C.) d'une épaisseur de trois mètres à huit mètres. Le vestige le plus spectaculaire, la Porte des Lions, date de cette époque et symbolise l'emblème de la cité. J'ai visité le tombeau d'Agamemnon dit le trésor des Atrée. Précédé d'un couloir taillé dans la roche qui aboutit à une porte monumentale, coiffée de blocs énormes formant un triangle, cet espace funéraire est un des plus importants de l'âge de bronze. Quand je suis rentrée dans cette rotonde de pierres en levant les yeux sur la coupole, j'ai touché de mes mains ces blocs, manipulés par les Mycéniens eux-mêmes... Quand je me suis retrouvée au sommet de cette étrange acropole, j'ai contemplé avec émotion le paysage de la plaine d'Argos, les montagnes alentour et les collines couvertes d'oliviers... J'ai pensé à Homère et à l'Iliade quand il évoque Agamemnon allant à la rescousse des Grecs contre les Troyens. Un musée accueille les visiteurs et propose les objets votifs trouvés dans les tombes, des céramiques à ornements géométriques, des statuettes et bien d'autres trésors. Cette étape à Mycènes m'a plongée davantage dans le monde homérique car ce lieu isolé, peu visité par les touristes, n'a, au fond, pas changé depuis trois mille ans cinq cents ans. Devant ce paysage montagneux, ce ciel bleu, ces murailles titanesques, je partageais avec les Mycéniens, cet espace mythique...