mardi 1 novembre 2016

"L'enfant qui mesurait le monde"

Ce roman de Metin Arditi, "L'enfant qui mesurait le monde", n'obtiendra pas de prix littéraire et pourtant, il aurait, au minimum,  mérité d'apparaître sur les listes de sélection... Cet écrivain suisse d'origine turque creuse son sillon depuis quelques années et la critique avait salué la sortie de son roman, " Le Turquetto". Son dernier livre, publié chez Grasset, évoque la Grèce à travers trois personnages très attachants : un petit garçon autiste, Yannis, sa mère, Maraki et Eliot, un architecte américain, grec d'origine. Ces trois solitaires se retrouvent sur l'île de Kalamaki en proie à la crise économique. Eliot retourne dans son pays pour retrouver les traces de sa fille, étudiante en architecture antique, décédée dans un accident stupide alors qu'elle travaillait dans un chantier de fouilles. Maraki élève son fils seule et elle pêche à la palangre. Le petit garçon vit selon les nombres car il mesure tout ce qui l'entoure : les clients du café, les poissons pêchés, les bateaux, etc. Eliot s'attache à cet enfant si exceptionnel dans sa façon de vivre. Il lui raconte les mythes antiques, s'occupe de lui le plus souvent possible pour aider Maraki. Un projet d'hôtel surgit dans ce monde si calme et toute la population s'affronte sur l'avenir de l'île. Faut-il encourager ce projet, créateur d'emplois ou refuser le tourisme de masse ? Ce microcosme humain préservé va-t-il basculer dans la modernité agressive et enlaidissante ? L'installation de l'hôtel divise la population et la polémique enfle jusqu'à Athènes. Eliot, tout en cultivant la relation quasi paternelle avec Yannis, trouve une solution originale... Ce roman se lit avec un très grand plaisir. Comment ne pas se laisser séduire par cette île, ses habitants, les personnages empathiques, ce petit garçon autiste ? Eliot, l'architecte à la recherche du nombre d'or, symbole de l'harmonie, propose une solution pour contrer le projet de béton : ouvrir une école dans l'île pour les étudiants européens... La naïveté de l'écrivain peut faire sourire mais la littérature peut aussi offrir de belles idées humanistes et cela fait du bien de partir sur cette île enchanteresse...