mardi 21 juin 2016

Etape à Montolieu

Avant d'arriver à Biarritz en passant par le Midi, je me suis arrêtée à Montolieu, à quinze kilomètres de Carcassonne dans l'Aude (quel beau nom, quand même). Les lieux comme Montolieu m'attirent évidemment : imaginez-vous un village où vous tombez sur une librairie dans chaque rue, un atelier d'artiste, un musée de l'imprimerie, une sculpture dédiée aux livres sur une place, des ateliers de reliure-dorure, de calligraphie, etc. Même les restaurants se nomment le Marque-page, l'Apostrophe, la Table nomade, les Anges au plafond. J'avais repéré une chambre d'hôte dans le restaurant l'Apostrophe, véritable lieu culturel, situé dans une manufacture désaffectée, ancienne fabrique de draps de laine. Quatre artistes étaient exposés dans l'hôtel et le responsable de l'établissement m'a signalé un hangar avec une verrière couverte de lierres où je me suis égarée le soir pour admirer, en ouvrant la porte en fer,  des fresques gigantesques représentant des caméléons... Un charme particulier se dégageait de cet endroit enfoui dans les ronces et fermé au public. Une caverne artistique comme au temps des hommes préhistoriques... Ce village a le courage aujourd'hui de mettre le livre et l'art à l'honneur : des dinosaures de l'écrit et du papier ! Un enchantement en 2016 alors que nos yeux sont braqués sur les écrans à longueur de temps. J'ai arpenté avec bonheur la dizaine de librairies aux noms évocateurs : la Musique des Mots, l'Aubaine, Au temps jadis, l'Anachronique, la Lettre volée, etc. Dès que je rentrais dans un de ces espaces magiques pour moi, je devinais la personnalité du libraire, amateur de bandes dessinées, de science-fiction, de littérature, de livres anciens rares, d'éditions originales. Je pourrais passer des journées entières à farfouiller dans les étagères, les bacs, les tables, mais, malheureusement, je n'avais pas le temps de rester trop longuement dans chacune d'entre elles. Je suis repartie avec quelques ouvrages sur les bibliothèques du monde, sur l'archéologie, le recueil de Marguerite Yourcenar sur la poésie grecque, des livres d'art sur Arcimboldo et Turner. En engageant la conversation avec deux libraires, j'ai appris qu'ils utilisaient les sites de vente sur Internet car les visiteurs, amoureux des livres, se font plus rares et je me demande si le concept de "village du livre" des années 90 survivra encore longtemps. Je l'espère. Michel Braibant, l'initiateur du projet, relieur de métier, avait souhaité créer un conservatoire européen des Arts et Métiers du Livre. Il a réussi cette belle utopie et il faut aller soutenir ce merveilleux village, que l'on devrait inscrire au Patrimoine de l'Unesco...