samedi 29 septembre 2018

Santorin, 3

Il est indispensable de louer une voiture pour visiter Santorin même si c'est dommage d'utiliser ce moyen de locomotion. Les jeunes touristes parcourent l'île en quad car on en croise des dizaines sur toutes les routes santorines. Les transports publics sont quasi inexistants à part quelques bus aux horaires plus qu'aléatoires. Je ne vais pas prendre mon baluchon et mon bâton pour marcher à travers les sentiers afin de me rendre d'une ville à une autre… J'ai donc visité les deux petites cités cycladiques les plus peuplées de l'île : Fira et Oia. J'avais un objectif à Fira : visiter le musée archéologique qui expose les fresques d'Akrotiri. Heureusement, je suis arrivée tôt à Fira et je me suis baladée dans les ruelles typiques, bordées de maisons et de boutiques. Je me suis vite rendue compte que ces maisons de pays s'étaient transformées en hôtels ou en locations. La vie quotidienne grecque ne se remarque plus : aucun café d'autochtones, écoles invisibles, épiceries absentes, etc. Le tourisme a effacé les traces matérielles d'une vie simple et normale. J'avais l'impression de pénétrer dans un monde factice, un grand parc reconstitué où les chapelles, les ruelles, les maisons avaient été déposées comme un jeu de lego blanc et bleu. Les images diffusées dans le monde entier de Fira et d'Oia correspondent bien aux paysages enchanteurs de Santorin. Ce décor parfait, immaculé me semblait irréel. Vers onze heures du matin, les croisiéristes de ces énormes paquebots, des monstres d'acier,  débarquent dans le village qui n'arrive plus à digérer ce flux continue, une rivière humaine qui coule dans les ruelles principales. Toutes les nationalités se croisent et Fira devient ainsi une ville-monde. Pour trouver le calme, il faut fuir les lieux commerciaux (boutiques et restaurants) et se réfugier dans les églises orthodoxes et les musées. Victime de son succès, Fira étouffe, suffoque et mutile sa propre beauté. Pour apprécier ces deux villages accrochés au sommet du volcan, il vaut mieux les observer d'une autre rive ou les visiter tôt le matin quand les fêtards et les paquebotistes dorment… Le musée de Fira expose les très belles fresques d'Akrotiri : le petit pêcheur, des femmes, des singes bleus, des motifs floraux. J'ai retrouvé mes chers vases grecs à figures noires, des idoles cycladiques énigmatiques, des statuettes votives, des sculptures, des objets domestiques, etc. Un havre de paix, de beauté et de silence bienvenu après mes visites des ruelles encombrées… En retournant dans le sud de l'île, je me suis accordée une pause dans un domaine viticole où j'ai dégusté d'excellents vins blancs accompagnés d'un plat de charcuterie. Cette étape gourmande m'a vraiment rassurée sur la sauvegarde de quelques traditions millénaires à Santorin. Malgré la présence massive des touristes qui ne restent que deux heures à Fira, j'ai eu l'impression en restant trois jours de découvrir les trésors de l'île : paysages somptueux de la caldeira,  sites archéologiques, musées, maisonnettes cycladiques, villages épargnés, chapelles, et j'ajouterai la gentillesse légendaire (et la patience) des Cycladiens…