vendredi 3 novembre 2017

Madrid, 5

Des images de l'Espagne me rendent parfois songeuse et m'agacent souvent. Le flamenco tapageur et rageur d'origine andalouse ne me touche pas du tout et ne symbolise pas ce pays. Ni les castagnettes, ni la guitare ne représentent à parts entières la culture espagnole sans oublier la tradition la plus contestée, la corrida. On peut aimer l'Espagne en se détournant de ces mythologies sociales contraignantes car la presse et les médias résument un pays avec des raccourcis caricaturaux. Je préfère les héros du patrimoine culturel comme Don Quichotte même si son exploitation commerciale fait sourire. Et la peinture espagnole présente un choix de génies à faire pâlir notre pays. De Goya à Picasso, de Zurbaran à Murillo, du Greco à Vélasquez, les peintres racontent l'histoire de l'Espagne. J'ai terminé mon séjour avec la visite du Prado, le Musée incontournable de Madrid. J'avais repéré sur un guide les salles que je ne devais absolument pas rater car dans cet espace labyrinthique, il est facile de s'égarer... Plus de 6000 œuvres m'attendaient mais j'ai préféré me concentrer sur certains peintres que j'aime tout particulièrement. Les Rois d'Espagne ont eu la bonne idée de constituer ces collections qui représentent l'histoire de la peinture européenne. Je me suis arrêtée devant les Fra Angelico, Raphaël (sublime), Bruegel, Patinir (son bleu profond me subjugue), Dürer, Cranach, Bellini, Goya, etc. Mais, la salle consacrée à Jérôme Bosch, par ailleurs très fréquentée, était le point d'orgue de ma visite. Ce peintre flamand du XVe siècle (El Bosco en espagnol) a influencé les surréalistes. Il a décrit les angoisses fondamentales du Moyen Age : les peurs de l'enfer, de la mort, des maladies. Bosch était un fervent catholique et fustigeait les "pêcheurs" impénitents... Dans "le Jardin des délices", les fantasmes, les allégories, les inventions délirantes de Bosch révèlent les profondeurs abyssales de la psyché humaine. Une seule visite dans cette salle où l'on trouve aussi "La Charrette de foin" et "L'adoration des mages", justifierait une escapade à Madrid. J'ai aussi observé les peintures les plus saisissantes de Goya dont celle de "Saturne dévorant ses enfants". J'ai passé la fin d'après-midi dans les jardins du Palais royal, m'amusant dans le labyrinthe végétal avec le sentiment de l'enfance retrouvée.  Le samedi, j'ai voulu revoir le musée de l'Académie royale des Beaux Arts San Fernando, très peu visité des touristes mais qui détient des magnifiques Zurbaran, un Arcimboldo, des Sorolla et des Goya... Et je suis retournée voir le Guernica à la Reina Sofia... Ma passion de l'art n'a pas de limites...