mercredi 2 mai 2012

Annie Ernaux, écrivaine engagée

J'ai remarqué la colère d'Annie Ernaux dans "Le Monde" du dimanche 29 avril, "1er-Mai, alerte à l'imposture". Son article intégré dans la rubrique Décryptages Débats me semble opportun pour cette fête du Premier Mai. Nous savons que notre Président a voulu célébrer le "vrai travail", sous-entendu, le travail des entrepreneurs, des commerçants, des salariés du privé, des professions libérales, de tous ceux qui ne sont pas des fonctionnaires parasites, des salariés syndiqués, des chômeurs paresseux, et de bien d'autres travailleurs de l'ombre... Je suis pourtant prudente en ce qui concerne les opinions politiques et même, j'essaie de comprendre l'angoisse des hommes et des femmes qui ont peur de tout perdre : leur pouvoir d'achat, leur identité nationale, leur travail à cause de la mondialisation et de la crise... Mais, là, stop, le premier Mai appartient à tous les travailleurs, du privé comme du public, des actifs comme des retraités... NS clive trop les Français et je cite Annie Ernaux : "Gourverner, c'est diviser. Depuis 2007, il n'a eu de cesse de créer, d'inventer, par son discours, deux catégories de citoyens, dont l'une est désignée comme responsable des problèmes de l'autre, qu'elle menace sourdement. Ces catégories sont mouvantes, mais toujours tranchées, Français/immigrés, travailleurs/assistés, gens honnêtes/délinquants, victimes...". On regrette aujourd'hui les valeurs humanistes de notre ancien Président... La fin de l'article nous éclaire encore plus sur le choix à faire dimanche : "Il faut casser cet imaginaire de suspicion et de haine qui empoisonne le pays, mais cela ne se fera qu'en engageant la lutte pour un partage des richesses, l'égalité dans l'éducation, l'accès aux soins, à la culture, des conditions de vie meilleures pour tous. Pour une République sociale." Quel dommage qu'Annie Ernaux ne se soit pas présentée aux présidentielles... Le premier Mai est un "lieu de mémoire" sacré pour les syndicats et tous les travailleurs y compris pour ceux qui voudraient bien travailler. Un article écrit par cette femme-courage vaut mille discours politiques. La littérature, représentée par Annie Ernaux, nous donne une leçon de démocratie et de générosité...