lundi 21 novembre 2016

"L'absente"

Ce roman autofictionnel complète notre connaissance de la galaxie familiale de Lionel Duroy. Cet écrivain prolixe et décapant a investi son imaginaire dans la description impitoyable de sa famille avec laquelle il s'est fâché depuis les premiers titres de son oeuvre. Après "Le chagrin" et "Colères", Lionel  Duroy poursuit sa quête de la vérité sur ses géniteurs, son père au surnom ridicule "Toto" et sa mère, Suzanne, la bourgeoise bordelaise. Le narrateur raconte avec sa manière décomplexée sa vie du moment : il se sépare de sa femme et de sa maison à cause du divorce. Il ne supporte pas ce changement, symbolisé par son déménagement et voilà notre mari esseulé en proie au doute existentiel. Il s'enfuit de la maison en emportant quelques photos, son ordinateur et ses deux vélos d'une marque mythique, Singer. Il traverse la France et vagabonde en rencontrant des inconnus avec lesquels il crée des liens éphémères. Une libraire le poursuit de sa passion d'hôtel en hôtel et Augustin se laisse aimer tout en cultivant l'ironie sur cette aventure douteuse. Comme il vit une rupture avec sa vie d'avant, il pense souvent à sa mère qui a vécu un épisode semblable quand sa famille a été expulsée de leur appartement de Neuilly. Ce traumatisme psychique provoque un retour dans son enfance. Notre écrivain prend une décision incongrue : il se fait embaucher comme homme à tout faire dans le manoir où Suzanne est née. Cette supercherie lui permet de sonder le passé de cette famille qui n'a jamais accepté et compris le mariage déclassé de leur Suzanne qui a gâché sa vie. Peu à peu, il mène son enquête auprès de quelques cousins et approche la vérité sur cette femme si complexe, si malheureuse et si perturbée. Alors que cette mère était décrite comme une folle échevelée dans ses précédents ouvrages, il brosse un portrait plus nuancé, plus empathique de sa mère si mal mariée.  Lionel Duroy pourrait lasser ses lecteurs(trices) tellement il ressasse sa généalogie déficiente. Mais, son humour, son sens de la dérision, son écriture vivante et sans fioriture, ses obsessions familiales entraînent l'adhésion de son public qui aime les histoires de famille, une  véritable série avec plusieurs saisons avec Toto et Suzanne, Augustin et sa fratrie, comme personnages principaux. Un secret de famille se dévoile et termine peut-être la saga "Duroy"...