mercredi 25 janvier 2023

Le 25 janvier 1882 : naissance de Virginia Woolf

 Aujourd'hui, ma sublime Virginia Woolf aurait 141 ans ! J'ai mentionné dans ce blog la naissance de Colette il y a 150 ans que nous allons lire dans l'Atelier Littérature de février. Ces deux génies de la littérature, l'une anglaise, l'autre française ont partagé le même siècle et ont grandi dans une Europe déchirée par les guerres. Virginia est née dans un milieu bourgeois fort cultivé car son père, sir Leslie Stephen, écrivain lui-même, était chargé d'une lourde tâche, l'élaboration d'une encyclopédie sur les gloires de son pays. La jeune fille grandit dans une famille recomposée puisque ses parents, veufs tous les deux, étaient père et mère et ont fondé une nouvelle fratrie de quatre enfants. Alors que les frères de Virginia fréquentent l'université, sa sœur et elle se contentent avec dépit de poursuivre leurs études à la maison, l'université leur étant interdite. Une injustice inacceptable ! Virginia devient orpheline à treize ans car sa mère meurt. A vingt deux ans, elle perd aussi son père. La vie de Virginia va changer quand elle s'installe à Bloomsbury où elle vit avec un groupe d'intellectuels, des écrivains, des philosophes et des économistes. Ce mot "Bloomsbury" s'apparente à celui de "Saint-Germain des Près", un foyer où les idées nouvelles foisonnent. En 1912, elle rencontre son mari, Léonard Woolf, dans ce microcosme londonien et fonde avec lui une maison d'édition, la Hogart Press où ils publient Katherine Mansfield, Eliot, Joyce, Freud en particulier. Elle édite aussi ses propres livres et en vingt-six années, elle écrit neuf romans, cinq essais, des nouvelles et son fameux "Journal". Critique littéraire d'excellence et conférencière militante, elle exprime ses idées sur le féminisme en commentant quelques figures féminines oubliées. Pourquoi cette écrivaine anglaise suscite autant d'émotion ? Sur le plan littéraire, elle abandonne l'intrigue conventionnelle dans ses romans et propose des portraits psychologiques comme celui de "Mrs Dalloway". En 1927, elle pose dans son roman magnifique, "La promenade au phare", la question de la réalité de l'existence. Comment appréhender le réel alors qu'il est sans cesse modifié par le flux de la vie intérieure ? Ses influences littéraires se situent du côté de Bergson, de Proust et de Joyce. Son roman, "Orlando", est une allégorie sur le genre. Un héros masculin devient une femme. Quelle prémonition ! Elle revendique un androgynat heureux, à la fois homme et femme en chacun de nous. L'identité fragmentée de Virginia Woolf se résume ainsi : qui suis-je ? "Des pièces, des morceaux, des fragments". Pour raconter ce "moi" freudien, elle utilise le monologue intérieur, "sonde de notre inconscient". Elle appréhende la vie comme son frère en littérature, Marcel Proust dans un souci d'une forme d'art pour sublimer la vie. Victime de dépressions graves et de tentatives de suicide, elle supporte très mal la période de la guerre. Elle met fin à ses jours le 28 mars 1941 à Lewes dans le Sussex. Je voulais rendre hommage à Virginia Woolf en ce jour du 25 janvier. Pour la découvrir et avant de rentrer dans ses romans, il faut lire des biographies comme celle de Geneviève Brisac, "La double vie de Virginia Woolf" et celle d'Henriette Levillain, "Virginia Woolf, carte d'identité". Depuis mes trente ans, je lis et je relis régulièrement cette grande dame des lettres anglaises pour mon plus grand bonheur de lectrice.