mardi 6 septembre 2011

Le dernier Almodovar

Ce film n'a pas obtenu la Palme d'or à Cannes mais je trouve qu'il l'aurait méritée amplement ! Voir un Almodovar, c'est prendre des risques... Musique fabuleuse, images puissantes, beauté brune des femmes, brutalité sauvage des hommes, des destins inattendus et des histoires décoiffantes : voilà pour moi le cinéma espagnol "almodovarien"... Un chercheur-chirurgien, d'une froideur glaciale, emprisonne une jeune femme habillée d'une seconde peau. Le spectateur suit l'opération esthétique de ce personnage troublant. Peu à peu, Almodovar dévoile par petites touches le secret du chirurgien. Il a perdu sa femme qui s'est suicidée après avoir vu son visage et son corps brûlés dans un accident de voiture. Sa fille, malade mentale, subira un viol lors d'une sortie entre jeunes. La gardienne de la maison-laboratoire, jouée par Marisa Paredes, ajoute un trouble supplémentaire au film. La critique a évoqué le mythe de Frankestein, car le médecin possède le génie de la chirurgie réparatrice. Ce face à face entre la jeune femme captive et le chirurgien prédateur devient une relation complexe oû l'amour et la haine se mélangent. Pour vous donner envie d'y aller, je ne donne pas la raison du lien qui unit les deux personnages. Film coup de poing, film noir et grave sur les dégâts de l'amour, du comportement irréfléchi de certains jeunes, du poids du secret : j'ai retrouvé la fougue, le délire, la folie de ce cinéaste génial qu'est Almodovar... Deux heures de grand cinéma, sans une seconde d'ennui, avec un regret peut-être, que les pépites d'humour se soient volatilisées... Je reconnais le côté sombre de l'Espagne, comme le côté "sombra" des arènes, Almodovar a oublié le soleil dans son cinéma...