mardi 10 mars 2015

"Lignes de faille"

Après Baudelaire, nous devions lire "Lignes de faille" de Nancy Huston, Prix Femina 2006.  Je l'ai donc mis dans le programme de mes lectures de février et j'ai rempli mon devoir. Après une deuxième lecture à presque dix ans de distance, le regard est  différent et la critique plus pointue. Manifestement, notre professeur de littérature n'apprécie guère l'écrivaine franco-canadienne... Nous avons "décortiqué" le texte en analysant la construction en quatre chapitres, en quatre voix d'enfants du même âge (6 ans) et quatre générations d'une famille. La chronologie inversée du plus récent au plus lointain raconte un secret détenu par la première génération. Nancy Huston utilise le langage enfantin, ce qui semble un procédé artificiel tellement ces voix sonnent trop élaborées pour leur âge. Mais, le lecteur(trice) peut adhérer sans problème à ce style de récit. Le roman se veut aussi un témoignage puissant sur les enfants "blonds" des pays de l'Est qui étaient volés à leurs parents et adoptés par les familles nazies. Cela a concerné des milliers d'enfants dont certains ont retrouvé leur famille à la fin de la Guerre. Nancy Huston dénonce la violence des hommes, l'horreur des guerres, la tragédie de l'Holocauste. La pulsion de mort des humains triomphe à cette époque (comme aujourd'hui, hélas). Le roman montre le traumatisme de la grand-mère qui se transmet de génération en génération. Le livre n'a pas fait l'unanimité au sein du groupe et nous n'avons passé que deux heures à l'étudier. Manifestement, notre professeur ne voulait pas aller plus loin et ne rangeait pas Nancy Huston dans le rayon "Grande littérature"... Jugement sévère mais peut-être que les hommes ne goûtent guère ce type d'ouvrages dits "féminins". L'expérience d'une deuxième lecture peut s'avérer décevante et j'ai préféré, de loin, son dernier livre, "Bad girl" où elle conte, à sa manière passionnelle, sa vocation d'écrivain.