dimanche 18 mars 2018

Rubrique Cinéma

Cet après-midi, j'ai vu un film magnifique, "Amama", programmé dans le cadre de la Quinzaine du Cinéma espagnol et latino-américain du 14 au 27 mars à l'Astrée. Asier Altuna, le réalisateur, a tourné ce long-métrage en basque, sa langue natale. Il parle d'un monde ancien, une civilisation rurale de traditions et de contrastes. Il existe une coutume dans la famille : chaque enfant reçoit à sa naissance un arbre que le père plante dans une forêt proche. Le personnage principal, Amaia, la benjamine de la fratrie, vit encore avec ses parents et sa grand-mère dans une grande ferme au fin fond de la montagne tapissée de forêts profondes. Les troncs d'arbre sont peints en rouge (force) pour le fils aîné, en blanc (mollesse) pour son frère et en noir (révolte) pour elle. Gaizka, l'aîné choisit l'exil alors qu'il était censé hériter de la ferme. Le second frère d'Amaia vit en ville avec sa femme et ses deux enfants. Ils se retrouvent chez leur père qui n'a qu'une obsession : le travail et il n'en manque pas dans cette agriculture ingrate de la montagne : brebis à élever, champs à cultiver, pommes à ramasser, potager à entretenir. Ces taches harassantes et épuisantes, aucun enfant ne désire les accomplir. Le père symbolise l'intransigeance dans la transmission des traditions. Il refuse toute modernité et s'enferme dans un silence têtu. La fille cadette propose à son père, ce patriarche noueux, d'abattre les pommiers qui ne sont plus rentables. Mais, le père refuse tout changement et fou de rage, il abat l'arbre planté à la naissance de sa fille. Ce geste de colère ébranle la famille et Amaia quitte la maison. Sa grand-mère toujours mutique mais expressive assiste impuissante à ce drame. La jeune fille, artiste photographe part en ville et se réfugie chez une amie. Le silence s'installe dans la ferme. Un jour, alors que le père se blesse en ramassant ses pommes, il comprend son erreur et décide de récupérer le tronc d'arbre coupé et il fabrique un lit pour sa fille qu'il installe dans son appartement en ville. A partir de ce moment, Amaia se réconcilie avec lui et retourne dans la ferme en aménageant le grenier pour le transformer en atelier d'artiste... Je ne raconterai pas la fin de ce film attachant, émouvant et tellement universel même si l'action se passe au Pays basque espagnol... Entre la tradition nostalgique et la modernité inévitable, le changement représente une souffrance profonde et les personnages du film, pétris d'humanité, se heurtent, se frôlent mais finissent par se retrouver...