lundi 1 janvier 2024

Mes 12 livres préférés en 2023, 1

Comme tous les ans, je dresse un bilan de mes livres préférés de l'année passée. Je choisis l'ordre chronologique sur la centaine d'ouvrages que je dévore annuellement avec gourmandise. En janvier, je n'hésite pas une seconde pour le roman de Marie-Hélène Lafon, "Sources", l'un de ses meilleurs textes. L'histoire de ses parents paysans dans un Cantal rude et isolé est contée avec un style ciselé et surtout avec un regard à la fois empathique et malgré tout sans concession. En février, comment ne pas élire le dernier roman de Jonathan Coe, "Le royaume désuni", publié chez Gallimard. Ce roman décapant dessine un portrait sociologique, historique, humain de l'Angleterre de 1945 aux années 2000 avec un humour corrosif, des personnages pittoresques et un talent fou du "romanesque". Mary nous fait partager son histoire familiale comme si on en faisait partie ! Sur un fond de mondialisation et de pertes de repères, Jonathan Coe prouve encore une fois son talent indéniable de romancier. En mars, un roman italien m'a beaucoup intéressée : "Le choix" de Viola Ardone. Imaginons Martorana, un petit village de la Sicile des années 60. Oliva, une jeune adolescente, étudie le latin et elle aime les mots rares qu'elle déniche dans les dictionnaires. Ce roman d'éducation évoque la condition féminine dans un monde patriarcal car le destin d'Oliva ne va pas se dérouler toute en douceur. En avril j'ai eu la surprise de découvrir un inédit d'un de mes écrivains fétiches, Julien Gracq. Cette nouvelle, "La maison", représente la quintessence du style "gracquien", un style tellement somptueux qu'il laisse des traces dans la mémoire. Lire Julien Gracq demande une attention certaine mais cet effort de lecture entraîne une récompense : vérifier la beauté de la langue française... En mai, j'ai lu un récit autobiographique, "L'eau qui passe", d'un écrivain subtil et rare, Frank Maubert. Son texte d'une délicatesse poétique, raconte une enfance entre un père absent et une mère fantôme. Ses parents adoptifs lui apporteront l'affection manquante. En juin, mon choix se porte encore sur un roman italien, "La faute" d'Alessandro Piperno. Cet écrivain original et percutant met en scène un narrateur, un jeune homme, torturé par son imposture. Déchiré entre sa famille dysfonctionnelle d'origine et son autre famille d'adoption plus flamboyante, le héros du roman hésite : qui est-on vraiment ? Vaste question sur l'identité singulière de chaque humain sur terre. (La suite, demain)