jeudi 19 mai 2016

Retour de Vienne, 4

Les musées de Vienne représentent dans l'ensemble une offre culturelle immense, digne de Londres et de Berlin. Mais, il existe aussi des sites beaucoup moins fréquentés par les touristes (surtout Japonais à Vienne) mais qui possèdent un charme fou. Pour ma part, je me suis toujours intéressée aux maisons, révélatrices de secrets. J'ai commencé par celle de Freud, située au 19, Berggasse, adresse célèbre et vénérée par les psychanalystes du monde entier et des lecteurs de son œuvre. Le "médecin des âmes" a vécu au 19 Berggasse pendant 47 ans, de 1891 à 1938. Dès l'entrée de l'immeuble, j'ai remarqué les vitres décorées et les escaliers en pierre. L'imagination se met à palpiter d'émotion en pensant à Sigmund Freud, le gardien du lieu. Un modeste appartement bourgeois nous attend dans toute sa simplicité : l'entrée, la salle d'attente et le bureau du docteur. Il reste peu d'objets et de meubles car Freud s'est réfugié à Londres en emportant son divan en 1938 avec l'aide de Marie Bonaparte. J'ai remarqué dans les vitrine de l'exposition, ses sacrés cigares, ses objets de toilette, sa collection d'antiquités, des photos de famille, de ses amis. Quand j'ai vu son fauteuil dans un coin, j'ai rêvé de Freud dans ses activités d'écrivain et de psychanalyste. Un calme remarquable règne dans cet appartement à double vitrage. Une bibliothèque de 25 000 ouvrages de psychanalyse est seulement accessible aux chercheurs. Je suis repartie avec un sentiment de gratitude envers ce découvreur de l'inconscient, de l'interprétation du rêve, de la cure analytique, clé du mystère de soi enfin dévoilé... J'ai regardé un film de sa fille Anna quand le docteur Freud est exilé à Londres, affaibli et malade (il était atteint d'un cancer de la mâchoire), mais entouré avec sollicitude des siens et de ses amis. Un rendez-vous émouvant et fort dans ce séjour. Le lendemain, j'ai voulu aussi aller à la rencontre de Schubert, un de mes compositeurs préférés. "Vivre sans musique me semble une erreur" écrivait Nietzche et j'ai donc entrepris un pèlerinage musical en pénétrant dans la demeure de ce grand Viennois, mort à 31 ans en 1828. Rentrer dans l'intimité de ce musicien génial n'est pas banal. Dans une vitrine, ses lunettes nous regardent avec intensité,  des tableaux et ses partitions racontent son passé familial. Cette maison d'enfance du musicien montre son origine modeste et ses partitions, son piano, des estampes, des tableaux de famille accentuent l'ambiance romantique et mélancolique... Deux sites émouvants, deux créateurs indispensables, l'un pour réparer le mal-être et l'autre pour l'apaiser...