lundi 9 août 2010

Le coeur glacé d'Almudena Grandes

J'ai terminé samedi ce très gros livre de mille pages qui m'a plongée dans l'Espagne contemporaine et dans cette Espagne si tragique de la Guerre de 36. J'avais envie de le lire depuis un an mais je n'avais pas eu le courage d'affronter ces mille pages... Car quand on se mobilise sur un seul roman, les autres m'attendent et me jettent des regards noirs... Ce roman a tenu ses promesses : une saga familiale avec un patriarche bon pour les siens et horrible avec les autres, traître, judas, cynique et arriviste. Son fils cadet va découvrir le côté noir de son père, et tombera amoureux d'une jeune femme, animée par un sentiment de vengeance et héritière de cette histoire espagnole. Et surtout le roman diffuse l'atmosphère trouble de la guerre civile et de la période franquiste. Cette tragédie de l'histoire contemporaine d'une injustice insupportable est relatée d'une façon très romanesque. Il y a une phrase de Machado que l'auteur met en exergue : "Pour les stratèges, pour les politiques, pour les historiens, tout est clair : nous avons perdu la guerre. Mais sur le plan humain, je n'en suis pas sûr... Nous l'avons peut-être gagnée." Almudena Grandes nous livre ses nombreuses sources à la fin du livre. Ces remerciements à de nombreux acteurs de la Guerre nous éclairent sur la force créatrice de la littérature. J'ai toujours aimé ces grands romans-documentaires qui allient la grande Histoire avec les petites histoires des hommes et des femmes qui traversent avec un courage extraordinaire les turbulences d'une époque. J'ai pensé à mon grand-père paternel, mort bien avant ma naissance et qui a organisé l'aide aux réfugiés républicains qui passaient la frontière du côté d'Hendaye. Cette révélation familiale m'a été communiquée très récemment et j'en suis particulièrement fière !