mercredi 19 janvier 2022

Rubrique Cinéma : "La leçon d'allemand"

Christian Schwochow a adapté au cinéma le roman de son compatriote allemand, Siegfried Lenz, "Une Leçon d'allemand", publié en 1968. Un jeune homme, Siggi Jepsen, incarcéré pour un refus de composer une dissertation sur les "joies du devoir" se souvient de son adolescence au bord de la Mer du Nord en Allemagne. Son père, officier de police et nazi, l'éduque à la dure et ne supporte aucune discussion. Un voisin, artiste de métier et ami d'enfance du policier, consacre sa vie à la peinture. Mais, ces tableaux ne correspondent pas du tout à l'idéologie nazie qui considère cet art comme un acte dégénéré. Ce peintre, Max Nansen, se voit confisquer toutes ces toiles et le jeune garçon assiste à cette scène avec une incrédulité totale. Peu à peu, la conscience de Siggi commence à émerger car il décide d'aider son ami peintre. Mais son père, borné et cruel, poursuit avec détermination l'éradication des peintures de son ancien ami. Comment défier ce père puissant et rigide ? Le jeune garçon découvre une maison abandonnée et utilise une de ses pièces pour entreposer ses trouvailles naturalistes ramassées sur la plage et des toiles de Max qu'il subtilise avec adresse sans que le peintre ne le devine lui-même. Déchiré entre l'obéissance qu'il doit à son père et son affection pour son voisin, Siggi cherche dans la nature sauvage de la Mer du Nord une réponse à son conflit intérieur. Sa sœur le soutient mais sa mère ne réagit pas car elle subit la tyrannie de son mari en silence. Un jour, le fils aîné revient chez ses parents car il a déserté l'armée en se mutilant. Siggi cache son frère dans sa maison abandonnée. Le peintre et sa femme, ancienne cantatrice, aident le jeune garçon mais ils prennent un risque inouï. Le père, honteux d'apprendre la désertion de son fils aîné, le dénonce à la police quand celui-ci est blessé par un avion ennemi dans les dunes voisines. Entre la traque du voisin qui n'a plus le droit de peindre et le reniement de son fils soldat, Siggi ne supporte plus l'aveuglement idéologique de son père et il se rapproche de son ami peintre.  Cette "leçon d'allemand" démontre la folie nazie totalitaire. Mais, en face du nazisme, l'art symbolise une forme de résistance absolue à travers le peintre empêché de représenter "la douleur du monde". Les splendides paysages de la Mer du Nord avec ses milliers de mouettes répondent à la beauté des toiles du peintre. Quand la guerre se termine, le père est arrêté. La famille respire à nouveau. Le peintre est libéré mais il perd sa compagne. Le jeune Sirri l'aide à traverser ce deuil. Ce beau film, austère dans sa forme et complexe dans la psychologie des personnages, rappelle la barbarie nazie qu'il ne faut jamais oublier. A découvrir à l'Astrée en ce moment.