jeudi 10 octobre 2019

Athènes, 9

Si j'ai choisi de revoir Egine, c'était pour une seule raison : revoir le temple d'Aphaïa, situé à une quinzaine de kilomètres du port. Cet édifice de style dorique du VIe siècle av. J.-C., est un des trois temples du triangle sacré avec le Parthénon et celui du cap Sounion. Ses frontons (métopes) sont conservés à la Glyptothèque de Munich. Installé au sommet d'une colline, face à la mer, ce sanctuaire servait déjà de lieu de culte à une déesse-mère comme le révèlent les statuettes mycéniennes trouvées sur place. J'étais seule (avec ma famille) dans cet espace extraordinaire, baigné de soleil avec la mer en face. Les Grecs ne choisissaient pas la localisation de leur temple au hasard. Ils aimaient la nature d'une beauté incroyable avec ses pinèdes, ses champs d'oliviers et cette mer en toile de fond… On a envie de croire en tous ces dieux dès que l'on se retrouve dans ce décor homérique. Selon la légende, Britomartis, nymphe crétoise, sœur d'Apollon, était très belle et poursuivie par les hommes. Elle préféra se jeter dans la mer pour leur échapper. Elle fut recueillie par un pêcheur qui lui aussi tomba amoureux d'elle. La nymphe demanda de l'aide à sa sœur qui la fit disparaître. Elle devint Aphaïa, l'invisible. Le temple serait construit à l'endroit de sa transformation. Je connais un certain nombre de temples que j'ai vus dans mes escapades et celui d'Egine me semble l'un des plus magiques à cause de son emplacement et comme Aphaïa, il a réussi à garder son mystère et son "invisibilité" car peu de touristes le connaissent... Tant mieux ! Deux autres rendez-vous m'attendaient sur l'île : le musée archéologique et la maison du sculpteur, Christos Kapralos. Je ne connaissais pas cet artiste grec (1909-1993) qui étudia la sculpture à Paris. Il était influencé par Bourdelle, Maillol et surtout par la sculpture grecque archaïque. Une femme gigantesque se tient en vigie sur la terrasse de sa demeure au bord de la mer. Puis, quelques unes de ses œuvres sont installées dans le jardin. Une gardienne nous a ouvert la maison où il vivait. J'ai découvert des sculptures en bois très originales, des peintures et des statuettes. Un artiste complet qui mériterait d'être plus connu. Je pouvais imaginer cet homme créatif dans cette maisonnette pleine de charme face à la mer qui devait l'inspirer. Une visite enchantée. Puis, avant de reprendre le ferry, j'ai revisité le musée du port d'Egine qui conserve l'ensemble des objets trouvés sur l'île : poteries mycéniennes, vases grecs, ustensiles du quotidien, statuettes, sphinx, statues en marbres, etc. Ce petit musée présente un panorama de l'art grec assez complet. J'ai repris le ferry après quelques achats sur le port : pistaches en sachet, friandises et macarons, encore des délices gourmands de l'île. Je me souviendrai longtemps de ce dessert d'anthologie de la veille : un yoghourt avec des pistaches marinées au citron ! Mon séjour s'est terminé à Athènes le jeudi après-midi avec une balade sur la promenade archéologique et une sortie restaurant dans un quartier proche de l'hôtel avec la douceur habituelle de la nuit athénienne. J'ai revu ce pays avec une tendresse particulière et j'ai éprouvé une nostalgie certaine en le quittant. Mais je sais qu'il me reste encore des lieux à découvrir comme Corfou, Rhodes, Chypre… La Grèce antique et celle d'aujourd'hui appartiennent à mon imaginaire, une imprégnation culturelle de longue date.