vendredi 22 décembre 2023

"Les Insolents", Ann Scott

 Par curiosité, j'ai lu récemment un des prix littéraires de la rentrée, le prix Renaudot, "Les Insolents" d'Ann Scott. D'habitude, je ne mentionne pas les flops, les coups de griffe, les échecs de lecture. Je me suis vraiment forcée à lire ce roman ultra contemporain d'un vide abyssal. Ann Scott a même été invitée à la Grande Librairie ! Elle se définit comme une autrice "punk" pour marquer sa différence existentielle. L'histoire est toute simplette : Alex, le personnage principal, écrit son journal intime. Compositrice de musique de films (c'est courant comme métier...), elle peut travailler n'importe où. A 45 ans, elle décide de tourner le dos à la capitale. Cette femme s'exile donc... en Bretagne, dans le Finistère ! Pour une citadine pur sucre, la région bretonne ressemble à une contrée exotique à des milliers de kilomètres de Paris. Elle quitte aussi ses deux meilleurs amis, Margot et Jacques. Alex loue une maison assez isolée et raconte son déménagement. Elle précise qu'elle ne dispose pas de voiture et utilise les taxis pour faire ses courses. Evidemment, cette écrivaine évoque les paysages, la plage proche, sa solitude et ses désillusions. Mais, elle n'évite pas de mentionner qu'elle use de la drogue pour se détendre comme si c'était une norme sociale, usage courant et familier. Bisexuelle, elle raconte ses amours entre une femme et un ami. Plus j'avançais dans le texte, plus j'étais dépitée par la minceur de l'histoire et surtout par le style d'une platitude banale avec un vocabulaire très amaigri et parfois vulgaire. Ann Scott comme sa consœur, Virginie Despentes, représente les tendances rebelles "punk". Je ne relate pas les suicides, les traumatismes que la narratrice évoque dans ce roman soi-disant "magnifique" pour certains critiques. Mon verdict est sans appel : sans intérêt et pourtant, le sujet ouvrait des perspectives sympathiques sur un retour vers une vie plus naturelle en bord de mer. Le conformisme social aujourd'hui se niche dans ces romans sans profondeur et sans aucun humour distancié (Elle devrait lire Kundera !) et surtout sans style. Si tous ces récits insignifiants à mes yeux envahissent de plus en plus nos librairies, je reprendrai avec bonheur tous les classiques du XXe, de Yourcenar à Julien Gracq, de Malraux à Mauriac, de Colette à Proust, toute la littérature française sans oublier les littératures étrangères. Je constate avec une certaine ironie le gouffre "générationnel" qui me sépare de ces écrivaines de moins de 50 ans !