mercredi 1 novembre 2017

Madrid, 3

Trois musées majeurs se partagent les génies de la peinture européenne : le Prado, le Thyssen-Bornemisza et le Reina Sofia. J'ai réservé ma journée de mercredi pour visiter en priorité le Guernica de Picasso qui m'avait tant impressionnée lors de ma première escapade à Madrid. Comme il pleuvait sur la ville, les musées offrent des refuges plus qu'appréciables. La météo maussade s'oublie vite dès que l'on pénètre dans ces lieux magnifiques. Le Reina Sofia est installé dans un ancien hôpital et couvent du XVIIIe, agrandi par Jean Nouvel et dès que l'on arrive près du musée, le bâtiment présente un mélange d'ancien et de moderne avec ses deux ascenseurs transparents, adossés sur la façade. Seul, l'art du XXe est à l'honneur avec des peintres européens : Picasso, Juan Gris, Braque, Miro, Dali, les Delaunay, etc. J'ai découvert des artistes espagnols dont un très beau tableau de Julio Romero de Torres, intitulé "Lecture" où une femme au regard mélancolique, allongée sur un canapé, tient un livre dans sa main. Une exposition sur la Guerre d'Espagne avec des écrans et des vitrines de livres complétait la collection permanente. Mais, le public se dirige directement vers le deuxième étage où se situe la salle exposant le "Guernica". Un certain silence règne dans l'espace et chacun se recueille devant cette toile immense mesurant huit mètres sur trois. Chacun connaît ce cri pictural contre la barbarie nazie. Des bombes ont décimé le village basque de Guernica et avaient provoqué des nombreuses victimes. Picasso peint la souffrance des corps, l'horreur de la guerre, la violence inouïe en choisissant le blanc et le noir avec des teintes de gris pour dessiner des corps torturés, éclatés. Une lumière apparaît au centre du tableau pour symboliser l'espoir. Je suis restée devant ce tableau pendant de longues minutes et j'ai eu la chance de me retrouver parfois seule avec une poignée de visiteurs, très respectueux et émus par ce chef d'œuvre absolu, peint en 1937. Après trois heures de visite, j'ai découvert un restaurant très coloré, "la Veronica" pour me ressourcer avant d'entamer ma marche vers le Thyssen. Ce musée présente huit cents tableaux acquis par l'Etat espagnol pour la somme modique de 400 millions d'euros en 1992 ! Cinquante salles sur trois étages montrent un panorama époustouflant de la peinture européenne : Hollande, Italie, France, etc. Tous les génies sont devant vos yeux : Carpaccio, Cranach, Le Caravage, Brueghel, Patinir (un peintre rarissime) pour ne citer que mes préférés... Une toile a retenu toute mon attention : une femme qui lit assise sur un lit exposant toute sa solitude (nom du tableau) de Edward Hopper. Encore la peinture et la littérature liées...