vendredi 19 octobre 2018

"Un été avec Homère"

Dès que j'ai ouvert "Un été avec Homère", je savais que cette lecture m'apporterait une jubilation certaine. Et, vraiment, cet ouvrage hybride et original a encore conforté mon amour de la Grèce, d'Homère et de ses chants magiques. Ces textes proviennent d'une émission sur France-Culture. Evidemment, il vaut mieux lire "L'Iliade" et "L'Odyssée" pour apprécier les commentaires de Sylvain Tesson, mais, on peut aussi passer outre cette consigne, et se laisser bercer par l'atmosphère magique que l'écrivain-aventurier distille au fil des pages, imprégnées de la lumière grecque et de la culture antique. L'écrivain s'est isolé à Tinos face à Mykonos, dans les Cyclades pour comprendre ce miracle homérique. Il définit ce sentiment géographique ainsi : "Le génie des lieux nourrit les hommes. Nous sommes les enfants de notre paysage, disait Lawrence Durrell". Dans l'avant-propos, Sylvain Tesson présente son livre : "Ouvrir l'Iliade et l'Odyssée revient à lire un quotidien. Ce journal du monde, écrit une fois pour toutes, fournit l'aveu que rien ne change sous le soleil de Zeus : l'homme reste fidèle à lui-même, animal grandiose et désespérant, ruisselant de lumière et farci de médiocrité". Il évoque dès la première page le personnage emblématique, notre plus ancien contemporain, Ulysse, "notre frère", un homme, pétri d'humanité et d'héroïsme. Homère traverse les siècles avec la première œuvre littéraire et immortelle, composée de quinze mille vers pour l'Iliade et douze mille pour l'Odyssée. Pour Sylvain Tesson, "Tout se déploie en quelques hexamètres, la grandeur et la servitude, la difficulté d'être, la question du destin et de la liberté, le dilemme de la vie paisible et de la gloire éternelle, de la mesure et du déchainement, la douceur de la nature, la force de l'imagination, la grandeur de la vertu et la fragilité de la vie…" . L'ouvrage s'appuie sur les commentaires de l'écrivain qui décrypte à sa façon les aventures d'Achille, d'Ulysse, des dieux, de la guerre, de l'hubris sans oublier un hommage admiratif d'Homère. Il n'oublie pas aussi d'évoquer les fabuleux Hellénistes qui nous ont fait aimer la Grèce homérique : Jacqueline de Romilly, Paul Veyne, Victor Bérard, etc. L'écrivain met en parallèle le temps antique et notre période contemporaine et se permet de belles formules malicieuses et percutantes sur les travers d'aujourd'hui. Ce livre m'a enchantée comme si Sylvain Tesson s'était transformé en sirène et j'étais Ulysse, charmé par cet hommage enthousiaste pour Homère… Comme je revenais des Cyclades, j'avais ressenti tous ces paysages homériques, le vent fou, la lumière bleue, la mer étincelante et j'ai retrouvé ma Grèce éternelle. Quel beau récit, quel bel hommage littéraire ! A déguster, comme un vin de Santorin, sans modération...