jeudi 18 février 2016

"Lire, vivre et rêver"

Quand j'ai remarqué l'ouvrage avec ce titre-programme, "Lire, vivre et rêver" sur une table de la librairie Garin, je n'ai pas hésité une seconde à l'acquérir en lisant l'annonce suivante : "Vingt et un écrivains racontent avec passion et humour les livres et les librairies qui ont changé leur vie...". Le compilateur du recueil, Alexandre Fillon, a donc convié Olivier Adam, Anne-Marie Garat, Dominique Barbéris, Jean-Philippe Blondel, Nina Bouraoui, Pierrette Fleuriaux pour ne citer que les plus connus. Ce regard d'écrivains sur les librairies, lieux indispensables pour la diffusion des livres (de leurs livres aussi), ne pouvait que me ravir. Je suis persuadée que l'on devient écrivain en labourant les terres de mots des confrères passés et présents. Un écrivain égale un lecteur, un immense lecteur. Je n'imagine pas des écrivains spontanés, hors sol littéraire et n'ayant aucune connaissance des écrits antérieurs. Je crois à la passation des héritages culturels et ce fil tendu ou ce bâton de relais se transmet de génération à génération pour aimer les livres et la littérature. J'ai retrouvé dans ces textes des librairies que j'ai fréquentées à Paris et en région qui ont malheureusement disparus comme la Hune à Saint Germain des Prés. J'ai reconnu des habitudes qu'ont certains auteurs considérant ces lieux comme des résidences secondaires dans leur ville ou qui les cherchent dès qu'ils arrivent dans une ville étrangère. Dans mes escapades européennes, j'ai dans mon programme, la visite des librairies les plus originales, aussi bien les librairies anciennes que les modernes. En lisant cet ouvrage, je découvrais que les amoureux des librairies vivent des expériences communes, liées à l'accueil des libraires, à leur culture évidente et originale. Certains constatent avec regret la fermeture de ces lieux fragiles. Et l'ouvrage évoque un grand nombre de librairies de province. J'ai été moi-même libraire à Bayonne dans les années 70 et ce métier m'a passionnée. Hélas, les impératifs économiques (c'était le temps du prix libre du livre) ont pesé dans ma décision de fermer mon échoppe de livres (nouveautés et d'occasion) pour devenir plus tard bibliothécaire. Les écrivains racontent aussi leurs premiers pas dans l'approche des librairies, matrices de leur imagination pour créer leurs œuvres. Nina Bouraoui écrit : "Les livres forment des ponts entre ceux qui les défendent et ceux qui les écrivent. Des ponts qu'aucune dynamique ne pourra faire tomber. Des ponts qui lient deux rives différentes, jamais opposés." Je ne peux pas passer une semaine sans aller faire un tour en librairie, une balade tout aussi bénéfique que celles que je fais au bord du lac...