jeudi 10 juin 2010

Nerval, classique éternel

J'ai une tendresse particulière pour Nerval, Gérard de Nerval, poète romantique sans aucune mièvrerie (je n'aime pas du tout la grandiloquence de Lamartine, de Victor Hugo par exemple...)
C'est dommage que Nerval ne soit plus étudié au lycée, ni même à l'université où je travaille. Pour l'aborder, il faut surtout lire, "les Chimères", poésie assez hermétique mais compréhensible et il faut se plonger dans son recueil merveilleux "Les Filles du feu". Ce recueil, paru en 1854,se compose de huit nouvelles : Angélique, Sylvie, Chansons et légendes du Valois, Jemmy, Octavie, Isis, Corilla, Emilie, et d'un ensemble de douze sonnets placés à la fin du recueil : Les Chimères.
Sylvie est la nouvelle qui m'a marquée quand j'étais en licence de lettres en 1973 (j'avais même obtenu une très bonne note!!!), car elle a déposé dans ma mémoire une trace d'un souvenir charmant et délicat préfigurant l'ambiance du Grand Meaulnes. Nerval recherche le bonheur du passé, les souvenirs de l'enfance, les amours perdus, la magie du rêve face à la dure réalité et quelle langue française ! Et le portrait de ces femmes volontaires, farouches, fuyantes, loin des clichés féminins m'avait frappée par un anticonformisme salutaire. Sa vie tragique et son basculement dans la folie en font un personnage littéraire complètement romanesque. Quand il se suicidera, il notera sur un billet "La nuit sera blanche et noire", derniers mots mystérieux de ce grand poète français.
J'ai mis dans mon programme de relectures, pour ma retraite qui s'annonce, en première place ce recueil de Nerval : la lecture de ma jeunesse va-t-elle coïncider avec celle d'aujourd'hui ? Je crois qu'il faut relire les classiques, 40 ans après les avoir lus et je suis sûre que l'effet sur soi doit être très différent. Et si je contemple toutes les oeuvres classiques à re-découvrir, j'en éprouve un vertige délicieux !