vendredi 21 septembre 2012

"Les Lisières"

Voilà un roman qui ne laissera aucun(e) lecteur(trice) indifférent et cela m'étonnerait beaucoup qu'il soit abandonné en cours de lecture. Olivier Adam a écrit son meilleur roman. Il brasse deux thèmes récurrents dans son oeuvre  : la Dépression, crise individuelle par excellence, et la Tension, crise sociale collective. Entre ces deux crises, le personnage du roman, Paul Steiner, se lance dans une confession aux accents autobiographiques. Son mal-être permanent prend sa source dans un secret de famille et l'a rendu quelque peu dépressif et négatif. Sa compagne l'oblige à quitter le foyer familial. Il n'accepte pas cette situation et se console avec la garde alternée de ses enfants pendant le week-end. Il doit aussi s'occuper de sa mère souffrante et il rejoint son père dans la banlieue parisienne. Paul Steiner règle ses comptes avec cette famille modeste où on ne parle pas, où on n'aime pas les différences dans les modes de vie. Ce silence familial l'étouffe mais cela ne l'empêche pas de creuser cette plaie vive que personne ne peut soigner. Le titre "Les Lisières" signifie aussi la perte de l'identité, le non-lieu originel, le manque de repères et l'inculture générale. Paul Steiner ne prend racine qu'en bord de mer car la mer a un effet "diluant, liquifiant" sa dépression. Il compare le bord de mer à un grand hôpital à ciel ouvert... Ce roman de crise se lit d'une traite car Olivier Adam nous offre un portrait de notre époque : solitudes urbaines, familles éclatées,  rêves perdus, adultes fracassés, politiques cyniques, privilégiés égoïstes... Un des romans les plus denses de cette rentrée littéraire et Olivier Adam n'a besoin d'aucun prix littéraire pour être reconnu. Il a déjà vendu des milliers d'exemplaires et ne boudons pas ce succès plus que mérité.