lundi 1 novembre 2021

Les Pléiades fêtent leurs 90 ans !

 J'ai lu un bon article sur la prestigieuse collection de la Pléiade dans la revue Lire-Magazine littéraire du mois de novembre. Née en 1931 à l'initiative de Jacques Schiffrin, la collection a poursuivi son destin sous l'égide de Gallimard dix ans plus tard. Le premier volume édité concernait Baudelaire et depuis ces décennies, il se vend encore quelques milliers d'exemplaires par an malgré une baisse depuis vingt ans. Les écrivains les plus "rentables" s'appellent Saint-Exupéry, Proust, Camus, Rimbaud, Montaigne et Verlaine... Aucune écrivaine, hélas, malgré les présences de George Sand, Simone de Beauvoir, Colette, Marguerite Yourcenar et Marguerite Duras. Le profil des acquéreurs varie selon les avis des libraires : du collectionneur compulsif à l'étudiant sérieux, du passionné de littérature au snob, du bibliophile érudit au voyageur cultivé. Chacun constitue sa collection au fil des années. Pour un prix raisonnable, une Pléiade contient souvent de cinq à dix romans ou essais. Son format de poche, ses reliures en cuir d'ovin de Nouvelle-Zélande, le papier bible très fin caractérisent le support matériel. On peut emporter sa Pléiade préférée dans ses bagages pour ne plus craindre un manque de lecture dans un pays étranger. J'ai commencé à collectionner mes Pléiades lors de mes études de lettres. L'appareil critique dans chaque volume apporte des informations complémentaires précieuses quand on étudie l'œuvre d'un écrivain. Je me souviens de mon coffret de Proust que j'ai toujours dans ma bibliothèque, très utile pour suivre les nombreux personnages de la Recherche. J'ai augmenté ma collection grâce à la générosité sans limite de ma mère qui m'offrait souvent un volume lors de mon anniversaire : Flaubert, Stendhal, Nerval, Julien Gracq, Yourcenar, Camus, Larbaud. Comme elle aimait lire, je lui ai conseillé tout Colette, Giono, Marcel Aymé. Elle aimait les conserver dans une bibliothèque vitrée et ces Pléiades ont rejoint les miennes à sa disparition. Cet héritage maternel littéraire me semble plus important qu'un bijou de famille. Toutes ces reliures de couleurs différentes pour signifier les siècles me tiennent compagnie depuis cinquante ans et quand je les regarde souvent, je ressens une paix intérieure devant tant d'heures de lecture qui m'attendent. Je ne possède pas les 566 volumes de la collection me limitant à mes écrivains préférés. Je peux ouvrir avec plaisir un roman de Duras ou de Perec, de Zweig ou de Virginia Woolf, de Kundera ou de Philip Roth quand l'envie me prend de lire un classique. Il semble que ce type de collection n'existe qu'en France, encore une exception culturelle à préserver. Je surveille les auteurs publiés chaque année et j'ai remarqué la publication récente de récits sur l'expérience concentrationnaire, "L'espèce humaine et autres autres récits sur les camps", une anthologie essentielle pour éviter que cette catastrophe humaine ne sombre dans l'oubli. Une collection incontournable !