jeudi 11 novembre 2021

Mon escapade basque

 Pendant une semaine, je suis retournée dans mon pays basque à l'identité bien affirmée. Je n'avais qu'une envie : voir l'océan, humer l'iode, marcher sur le sable, le long des plages immenses d'Anglet et de Biarritz. Quand j'ai mis les pieds sur la promenade de la Chambre d'amour, j'ai tout de suite entendu la musique des vagues, ces rouleaux qui ne cessent de se former au loin et se déroulent puissamment pour les surfeurs qui saisissent le meilleur moment pour se lever sur la planche et tenir sur une vague quelques secondes, parfois une minute. Les plus téméraires tiennent bon sur la crête comme un symbole d'abnégation et de courage. Il leur faut une certaine insouciance pour vaincre ces montagnes furieuses d'eau et d'écume. D'Anglet à la Barre, le long de la forêt de Chiberta, je me balade le nez à l'air et les yeux braqués sur les plages qui défilent : les Sables d'or, la Madrague, les Cavaliers, les Corsaires. Au bout de la dernière plage avant l'embouchure de l'Adour, une sculpture en bois en forme d'échafaudage rappelle le drame vécu par cette région en 2020 où plus de 170 hectares de pins ont brûlé à cause d'un adolescent pyromane. Cette œuvre de Séverine Hubard, constituée de morceaux de pins calcinés,  intégrée dans la Biennale de l'Art contemporain d'Anglet symbolise le principe de "faire plus avec moins" de l'écologiste Buckminster. Baptisé "Portrait de famille", cette pyramide, parsemée de têtes en bois, rend hommage à la "plage comme lieu fantasmé où viennent s'échouer les vagues du New Age, loin du béton et de l'architecture fonctionnaliste". Sur cette promenade de front de mer, entre le terrain de golf et l'océan, aucun bâtiment en vue ne donne directement sur l'horizon. La protection du littoral a bien été respectée sur Anglet. Partir en novembre sous un soleil automnal assez exceptionnel m'a permis d'assister à des couchers de soleil magiques où les rayons de soleil filtraient les nuages et se jetaient dans la mer comme des lances de lumière. J'étais heureuse que "mon" golfe de Gascogne m'offre un tel spectacle. A Biarritz, en fin de journée, les surfeurs quittent leurs appartements pieds nus et vêtus d'une combinaison, traversent les feux rouges et se précipitent dans les vagues de la Grande Plage. On se croirait en Californie. Cette jeunesse sportive et dynamique a bien de la chance de vivre dans ce pays de cocagne où la pratique du surf est loin d'être marginale. Me replonger dans cette ambiance océanique m'apporte toujours une énergie renouvelée. Mes batteries mentales donnaient des signes de faiblesse avant de partir. Je les ai rechargées en Côte basque durant ce séjour de novembre. Une excellente opération pour traverser les mois hivernaux. Je garde dans ma tête la musique wagnérienne des vagues basques, toniques et tonitruantes et j'ai emmagasiné les images des plages d'Anglet, de Biarritz, de Bidart et de Guéthary, une bonne récolte de noisettes océaniques pour survivre à l'hiver savoyard. Une escapade revigorante à l'image des vagues bondissantes de l'océan atlantique.