mardi 4 mars 2014

"Pluie rouge"

J'ai évoqué en février un écrivain néerlandais, Gerbrand Bakker, et je poursuis mon exploration littéraire du côté des Pays Bas avec Cees Nooteboom, romancier, poète, essayiste et surtout grand voyageur, arpenteur du monde et de ses merveilles. Je viens de lire son recueil de récits, "Pluie rouge", édité chez Actes Sud en 2008. "Je suis une tribu nomade de deux personnes. Voilà, le moment est revenu, la transhumance annuelle du troupeau à travers la France, le passage des Pyrénées en direction de l'Aragon, destination : Barcelone et l'île." En effet, notre écrivain passe la moitié de l'année à Majorque, et ce séjour annuel dure depuis quarante ans... Il raconte diverses anecdotes sur l'île, un pays très attachant, loin des images du tourisme de masse. Il décrit avec un grand sens de l'observation, teintée d'une ironie mordante, la présence bienfaisante des voisins, la beauté de la nature, la cuisine locale, les animaux familiers, le jardin à soigner. Il écrit à propos de ce jardin qui lui manque quand il vit à Amsterdam : "J'ai mis des années à comprendre mon jardin, et à pouvoir supporter la rancune qu'il me montrait du fait de mon absence." Cees Nooteboom intègre aussi des récits très courts sur ses voyages au Japon, au Maroc, en Italie, en Allemagne et en Provence. Ce baroudeur, follement curieux du monde, confie avec une grande clarté la genèse de ses romans. Ce recueil vraiment très agréable à lire m'a donné envie de découvrir son œuvre entière  publiée chez Actes Sud. Je le considère comme un veilleur de sensations liées aux voyages et comme un éveilleur, doté d'une immense empathie ressentie pour les "gens", les lieux, les paysages, le quotidien, les chats, la vie dans toutes ses dimensions, l'ici et l'ailleurs enfin réconciliés... Il nous communique une envie de bouger, d'observer, de raconter, de lire, de découvrir : une leçon de choses à l'ancienne et une leçon de vie à suivre.