lundi 15 août 2011

"Des adhésifs dans le monde moderne"

Ce titre bizarre a retenu mon attention sur la table des nouveautés de ma bibliothèque municipale. Je l'ai donc choisi et lu avec intérêt. Les romans teintés d'humour sont assez rares dans la production littéraire. L'humour de qualité ne rime pas toujours avec littérature de qualité. Je ne peux même pas citer une dizaine de romans humoristiques que j'ai découvert en un an... Marina Lewycka est d'origine ukrainienne, a grandi en Angleterre et a rencontré le succès avec deux romans, "Une brève histoire du tracteur en Ukraine" et "Deux caravanes". Son troisième roman, traduit en français par Sabine Porte, se lit avec plaisir et avec légéreté. En ce moment, en période de vacance d'esprit, j'éprouve un sentiment d'indulgence envers les romans dits "d'été"... Celui-ci possède les caractéristiques du "pavé" : 507 pages, une femme en crise au bord du divorce, un ado garçon qui s'éloigne, une fille indépendante, un mari volage... Pourtant, Marina Lewycka a écrit une histoire loin des clichés du roman féminin de la trahison. Le personnage de la femme abandonnée, Georgie, rencontre une vieille femme excentrique, Mrs Shapiro, dans une épicerie à Londres, bataillant pour acheter le moins cher possible des denrées périssables. Cette rencontre sera le point de départ du roman car une amitié va naître entre Georgie et Mrs Shapiro, vieille émigrée juive vivant dans une maison en ruines, maison convoitée par des agents immobiliers. Georgie est journaliste dans une revue "Les adhésifs dans le monde moderne" et cet emploi de télé-travail lui donne du temps libre pour s'occuper de la vieille dame et la protéger des convoitises immobilières. Le monde de Marina Lewycka fourmille de personnages cocasses, ambigus, outranciers, ridicules mais aussi attachants. Le passé de Mrs Shapiro révèle un secret que je ne dévoilerai pas. Il est rare d'associer l'humour, la dérision, l'ironie à des passages plus graves dans le roman mais le fil conducteur demeure l'histoire de Georgie et de sa "reconstruction". La morale du livre, c'est l'alchimie des liens qui se tissent entre les êtres, liens du passé comme ceux du présent, provoquant une "adhésion" des uns aux autres, adhésion douloureuse, adhésion heureuse, mais surtout adhésion à la vie...