vendredi 22 avril 2016

Retour de Naples, 7

Après la découverte d'Herculanum, j'ai repris le train pour Pompéi. Dès que l'on sort de la gare, le site s'offre à nous après avoir passé la grille d'entrée. Il y avait beaucoup de monde dans le train et je craignais un afflux massif des touristes dans ce lieu si réputé. Dès que je vois une grappe de visiteurs, tous liés et attachés à une guide à drapeau, j'essaie de les fuir et de les éviter...  Pour Pompéi, on peut vite jongler dans l'espace et contourner les maisons où s'amassent les groupes (scolaires et séniors). J'ai donc arpenté les hectares avec une jubilation totale et souvent, je me suis retrouvée seule devant des fresques inouïes de beauté. Je ne vais pas donner relater l'histoire de Pompéi (il suffit d'aller voir Wikipédia...) mais je vais évoquer les moments les plus marquants. Marcher dans les rues pavées, c'est imaginer les chars et les passants se disputant l'espace étroit entre les trottoirs. Des dalles de pierre, en surplomb, (nos passages cloutés d'aujourd'hui), permettaient de traverser sans encombres. Certaines maisons sont fermées au public... Mais, le visiteur curieux, à l'affût des peintures, va de surprise en surprise. J'ai vu le forum civil, les temples de Jupiter et d'Apollon, la basilique, les thermes publics, la Maison du Poète tragique, l'amphithéâtre, la grande palestre, le petit théâtre, la caserne des gladiateurs, le temple d'Isis, etc. Dès que je rentrais dans un des espaces cités, je cherchais les traces des habitants dans leur mode de vie et j'ai vite remarqué l'existence des petits autels privés consacrés aux dieux lares, le lararium. Ces dieux du foyer devaient les protéger des influences néfastes. Bassins, fontaines, thermes montraient que les Pompéiens aimaient l'eau... Comme j'ai lu des textes sur leur mode de vie, j'aurais aimé partager un repas avec eux en goûtant des plats saupoudrés de garum, une mixture culinaire fort prisée des Romains. J'ai terminé mon parcours en visitant l'extraordinaire Villa des Mystères, une des constructions les mieux conservées. Quand on se retrouve devant ces fresques grandioses, d'une finesse inouïe, la visite prend toute son ampleur et le rouge "pompéien" éclate sous nos yeux. La beauté des femmes, la mise en scène mystérieuse autour d'une célébration d'un mariage ou d'un culte à Dionysos, la crainte éprouvée par les personnages peints en taille réelle, constituent l'un des chefs d'œuvre de la peinture campanienne. Je rêvais de Pompéi depuis longtemps, et voir ce site dans sa réalité est une expérience irremplaçable. j'ai vécu pendant quelques heures avec tous ces habitants, leurs fantômes erraient dans les pièces des maisons et dans les rues de la petite cité. Quand le Vésuve a commencé à gronder et à engloutir la ville, j'ai imaginé la vie douce brisée et la mort annoncée pour tous ces malheureux. Mais, ils ne pouvaient pas s'imaginer que des millions de visiteurs marcheraient dans leurs rues et entreraient dans leur maison, sans leur permission, près de 2000 ans après.... Ville mirage, ville miracle, une parcelle de l'Antiquité romaine, sous nos yeux, un retour aux origines dans notre berceau européen.