samedi 28 avril 2012

Une rose et un livre

Sur le net, j'ai trouvé cette invitation : "Ce samedi 28 avril, en vous rendant dans votre librairie, vous recevrez une rose et un livre. Non, rien à voir avec un soutien au candidat socialiste, même si ce geste porte un message dont il pourrait s’inspirer : c’est juste ainsi que 450 librairies participantes en France et en Belgique célébreront la fête de la librairie par les libraires indépendants. Pour cette action qui s’inscrit dans le cadre de la journée mondiale du livre et du droit d’auteur, ils offriront à leurs clients un petit livre publié par l’association Verbes, Une saison en librairie. Il présente, en forme de calendrier littéraire, douze extraits d’œuvres de Beckett, Duras, Balzac, Vian, Baudelaire, Stendhal, Camus, Proust, Genet, Flaubert, Rimbaud et Céline, considérées comme les bases de la librairie." J'ai voulu soutenir cette belle initiative en me rendant dans l'après-midi dans une librairie chambérienne, Garin, et j'ai choisi des livres de poésie sur les Haikus et l'Oulipo. La responsable de la librairie m'a tendu une rose et le petit livre très joli avec les extraits de romans. Action accomplie avec plaisir pour soutenir les librairies indépendantes et qui vivifient culturellement le centre ville...

Roland Barthes

Je viens de terminer l'ouvrage posthume de Roland Barthes, "Journal de deuil", édité en format poche dans la collection Points du Seuil. Roland Barthes a vécu toute sa vie avec sa mère, soit à Paris, soit à Urt, à côté de Bayonne. Ces pages de deuil sont émouvantes et sensibles surtout si on a vécu soi-même la mort de sa propre mère. Roland Barthes a tenu ce journal du 26 octobre 1977 au 21 juin 1978. Il s'ouvre ainsi :" Première nuit de noces. Mais première nuit de deuil ?". Ces notes brèves, fulgurantes de douleur, révèlent un Roland Barthes dépressif, anxieux, ayant perdu le goût de vivre, d'écrire et de lire. Pourtant, il écrit ce journal pour exorciser son chagrin, le rendre plus supportable et plus acceptable. Cette mère qu'il décrit symbolise un lien unique et irremplaçable tellement elle était le "génie de la maternité". Roland Barthes nous la décrit comme une femme discrète, bonne, simple, qui n'a jamais posé de questions à son propre fils et qui le laissait libre tout en cohabitant dans le même appartement ou la maison. Il analyse cet état de solitude avec lucidité et courage. Ce journal est un témoignage rare de la part de ce théoricien de la littérature et il me rappelle son ouvrage étonnant sur l'amour, 'Fragments d'un discours amoureux" paru au Seuil en 1977. Quand on sait que Roland Barthes a été renversé par une camionnette à Paris en 1980 et qu'il est mort peu après, ce "journal de deuil" prend un relief tout particulier. J'ai remarqué cette note de Roland Barthes : "Epreuve majeure, épreuve adulte, centrale, décisive du deuil". Il faut méditer cette penseé barthésienne...

vendredi 27 avril 2012

Atelier d'écriture, ville imaginaire

Mylène, notre animatrice toujours motivée, nous a donné un jeu littéraire comme exercice d'écriture. Il fallait décrire une ville imaginaire à partir de trois syllabes que nous avons choisi et tiré au sort. Un mot est sorti du sac : Syllarco... Voilà mon texte sur ce village que j'ai imagniné mais qui ressemble en fait à un vrai village où j'ai passé des vacances quand j'avais quatorze ans... "Syllarco en Aragon, Syllarco se situe en Espagne dans un pays rugueux, désert et authentique en plein milieu de l'Aragon, dont la capitale se nomme Zaragoza. Syllarco avec ses rues en pente, ses maisons blanches et l'absence de végétation frappe le visiteur de passage. Syllarco vit au rythme des saisons, un rythme même hors-saison. Les magasins ont disparu mais il reste une épicerie familiale intégrée dans une grande maison bourgeoise. Le client pénètre dans le hall et tourne à droite pour pénétrer dans une seule pièce transformée en épicerie tellement exotique qu'elle est devenue le centre du village. Syllarco n'a rien d'une ville côtière, industrielle, portuaire, médiévale, moderne. Ce village est proche de La Almolda et de Castéjon de Monegros et possède le charme suranné du passé qui n'est plus. Ce passé de mes ancêtres paternels espagnols. Un souvenir fugace dans ma mémoire déjà pas mal encombré mais ce village a-t-il disparu de la carte, englouti comme l'Atlantide ? Syllarco en Aragon, je vais vérifier sur Google maps pour retrouver sa trace..." Je reprends le fil de l'atelier. Chaque participante a lu son village imaginaire et on a religieusement écouté. Ensuite, Mylène nous a demandé d'écrire sur un des villages imaginaires après tirage au sort. On devait se rendre dans le village et le décrire à notre tour. Voilà mon deuxième texte sur un village situé en Asie, du côté de la Mongolie (texte de Jeanine) : Syllarco l'irréelle, On me l'avait dit : "jamsis, tu ne trouveras ce village perdu dans le désert. Ce village est un mirage, une hallucination. Le soleil tape fort et dilue les maisons, les ruelles et les silhouettes dans un nuage de poussière. Pas une âme qui vive ! Pourtant, je dois absolument réaliser un reportage pour une revue de voyages et j'ai un secret à révèler, un secret lié à l'invisibilité... Les habitants de ce village possèdent la capacité de se rendre invisible tant ils adorent la discrétion. Les maisons sont petites, sans étage et avec une seule ouverture. J'ai compris très vite que ce lieu fantôme était en fait une parcelle tombée du paradis, il y a des millions d'années et qui s'est greffée sur ce désert. Je vais rendre compte de cette révélation mais mon imagination s'est trop vite enflammée. J'ose vous dire que le soleil m'avait envoutée et je délirais... Ce petit écrin, oublié de tous, reculé, déserté, ressemble à une pépite du passé, un passé des premiers temps du monde...

mardi 24 avril 2012

"Le sel de la vie"

Françoise Héritier est professeur honoraire au Collège de France où elle a dirigé le Laboratoire d'anthropologie sociale. Ses livres sur la différence sexuelle, les rapports familiaux ne touchent pas un grand public mais intéressent les passionnés d'anthropologie. Son livre, "Le sel de la vie", a été remarqué par la presse et je l'ai feuilleté en librairie. Je l'ai acheté et j'ai alors découvert une facette inconnue de la personnalité de Françoise Héritier. Intimidante par ses publications scientifiques, elle se montre très différente dans ce petit ouvrage de 86 pages. J'avais l'impression de me trouver en compagnie d'une femme comme tout le monde dans son "quotidien" ordinaire. Elle nous offre un hommage à la manière de Perec. Elle dresse des listes de tous les gestes, les pensées, les instants de vie, les moments de pure contemplation, les actes du passé et du présent qui à force d'être répétés, disparaissent de la mémoire. Elle définit son projet ainsi : "Il s'agit néanmoins de choses très sérieuses et très nécessaires pour conserver du "goût" : je vous parle des frémissements intimes qu'apportent de petits plaisirs, des interrogations et même des déconvenues si on leur laisse le loisir d'exister." Elle nous livre avec un art du rebond, de la digression, du désordre poétique des pages entières de souvenirs où elle joue à saute-mouton. Je pourrais citer des passages entiers de son ouvrage-liste, comme si sa mémoire intime ressemblait à un sac à mains fourre-tout. On trouve en "vrac" une quantité d'émotions, de sensations et d'images qui donnent le vertige. Je vous conseille de lire cinq pages par jour pour savourer avec lenteur ce flot de mots et de souvenirs de Françoise Héritier. Et lire ce livre, c'est aussi se plonger dans ses propres souvenirs et partager avec elle son goût profond et lumineux de la vie. Ce petit livre enchante et rend le lecteur-trice admiratif devant ce texte cocasse, plein d'humour et de nostalgie...

lundi 23 avril 2012

"La littérature française plus rétrograde que jamais ?"

La revue Transfuge du mois d'avril propose un dossier complet sur le caractère rétrograde de la littérature française contemporaine. Les prix littéraires de septembre ont récompensé des romans "historiques" comme celui d'Alexis Jenni, "l'art français de la guerre", une plongée dans les guerres coloniales, celui de Carole Martinez qui se passe au Moyen Age, celui d'Emmanuel Carrère sur le personnage sulfureux russe, Limonov. La revue avait fortement soutenu le roman d'Eric Reinhardt, "Le système Victoria", roman à leurs yeux symptomatique de notre époque, ultra-contemporain, mais ce roman n'a obtenu aucune récompense. Les critiques littéraires et quelques éditeurs donnent leur point de vue sur l'identité plurielle de la littérature. Donc pour résumer tous ces articles fort intéressants et si j'ai bien compris le "message" de Transfuge, il existe trois catégories d'écrivains en France : les nostalgiques du passé ou baptisés "rétrogrades", les réactionnaires du présent et les écrivains-journalistes. Pour les nostalgiques du passé, je trouve le reproche un peu trop "facile". Quand un écrivain se saisit d'une époque ancienne, voire lointaine, qu'il revisite le passé à sa façon, leur imagination peut devenir féconde et passionnante comme le prouve Marguerite Yourcenar dans les "Mémoires d'Hadrien" et dans "L'oeuvre au noir". Le passé est un vivier extraordinaire d'histoires que la littérature exploite avec bonheur. La deuxième catégorie des écrivains réactionnaires est plus délicate à traiter. Il s'agit de Richard Millet, Renaud Camus et Jean Raspail, chantres d'une France qui a totalement disparu. Il vaut mieux les ignorer... Pour les écrivains journalistes, la revue cite évidemment Régis Jauffret qui, dans son dernier roman "Claustria", évoque le monstrueux père de famille séquestrant sa fille pendant des années dans une cave. Cette histoire sordide et tragique n'attire pas un lecteur lambda qui n'a pas une envie "folle" de consacrer des heures de lecture dans un dégoût nauséeux. C'est vrai que la littérature doit jouer un rôle de révélateur dans l'étude des faits divers mais je préfère lire un article de presse ou de revue pour comprendre ce phénomène. Pour revenir à l'avis des critiques de Transfuge, la littérature d'aujourd'hui manque de perspectives, donne une image hétéroclite, brouillée et complexe. Ils défendent la ligne "Houellebecq", une littérature dérangeante et décapante représentée par Céline Minard, Maylis de Kérangal, Régis Jauffret, Jean Echenoz, etc. Pour ma part, je préfère lire que théoriser, je préfère fermer un livre s'il ne me convient pas, je préfère m'enthousiasmer pour un livre même si les critiques ne le portent pas aux nues... L'important quand on lit, c'est de rencontrer des écrivains chez qui on retrouve des "résonances", des affinités, des ressemblances ou des dissemblances, des découvertes, en fait, une pensée, un univers singulier qui nous entraîne dans un questionnement de soi-même pour avancer, mieux vivre et comprendre le monde qui nous entoure... Vive la littérature, je dis mieux, les littératures de tous genres et pour tous les goûts !

jeudi 19 avril 2012

Atelier d'écriture, souvenir d'enfance

Dans le cadre d'une séance d'écriture en avril, Mylène nous a proposé d'écrire un souvenir de notre enfance, lié au cinéma. Voilà mon texte :
"L' Apollo"
Quand j'étais une petite fille, vers l'âge de dix ans, mes parents tenaient un bar sur la place du Boucau, proche de Bayonne. Ils travaillaient du matin au soir, du petit noir à l'apéritif. Personne pour m'accompagner au cinéma ! Ni grands-parents paternels, disparus tôt, ni grands-parents maternels vivant dans une contrée plus lointaine et qui se déplaçaient pour les grandes occasions familiales. Je ne renonçais pas au cinéma car dans les années 58-62, la petite ville où j'habitais possedait une salle polyvalente, baptisée l'Apollo, rouge et noire, immense et magnifique à mes yeux d'enfant. Tous les dimanches après-midi, il y avait une grande séance de cinéma : westerns, comédies françaises, films américains, péplums. Mes parents cloués au bar me donnaient une pièce pour le film, une autre pour la dame du panier. Sur le grand écran, défilaient en première partie des courts-métrages, des dessins animés, (la publicité n'avait pas encore envahi l'espace audiovisuel). Pendant l'entracte, la dame au panier circulait dans les rangées pour vendre des bonbons, des glaces, des barres de chocolat. Après cet intermède gourmand, le film démarrait et je me souviens de mon effarement devant "Les dix commandements" quand la Mer rouge s'ouvre pour sauver Moïse et son peuple. Grand moment de sidération collective ! Nous étions un public naïf, émerveillé devant ce spectacle grandiose de couleurs, de mouvements et d'images... Le cinéma apportait du rêve et de la magie dans un quotidien tissé d'école, de messes, de travail et de sorties bien modestes dans la grande ville des environs. Le cinéma nous ouvrait au monde des autres, des pays et des continents lointains, des époques passées et futures. Glorieux après-midi des dimanches dans un village tranquille du Sud-Ouest ! La salle regorgeait d'enfants, de jeunes, d'adultes, de bandes rivales. Le matin, j'allais à la messe, le midi, j'aidais mes parents pour servir l'apéritif dans notre bar, le soir, je rêvais de Moïse et je m'évadais du côté de la Mer rouge... "

mardi 17 avril 2012

Virginia Woolf en Pléiade

Le Magazine littéraire du mois d'avril consacre son dossier central à Virginia Woolf. J'attendais depuis très longtemps la parution de ses oeuvres complètes dans la Pléaïde et voilà, deux volumes paraissent ce mois-ci à 120 euros jusqu'en fin août. Il était temps de voir Virginia Woolf  entrer en Pléiade et certains de ses livres ont bénéficié d'une nouvelle traduction. On trouvera ses dix romans, des nouvelles et des essais. Virginia Woolf est "tombée" dans le domaine public, soixante-dix ans après sa mort tragique, en 1941. Gallimard a saisi cette libération des droits d'auteur pour la publier dans sa collection prestigieuse. Le responsable du dossier du Magazine littéraire rappelle "sa redoutable pérennité, son éternelle actualité" et nous offre des articles très riches d'informations et d'empathie pour cette femme exceptionnelle dans le monde de la littérature. Elle est née en 1882, dans une fratrie de deux frères et d'une soeur. Elle se consacre à l'écriture très tôt, participe au groupe de Bloomsbury, rencontre son mari, Leonard Woolf en 1912. Elle subit sa première dépression mais malgré tout, elle fonde avec son mari une maison d'édition, "La Hogarth Press" et prend des positions politiques progressistes pour l'époque (le droit de vote des femmes). Elle publie ses grands romans : "La traversée des apparences", "La chambre de Jacob", "Mrs Dalloway", "Vers le phare", "Orlando", "Les vagues", "les années". Le couple Woolf voyage à travers l'Europe et se retire à la campagne. Accablée par ses dépressions, elle se suicide en 1941, en se jetant dans la rivière Ouse. J'avais déjà évoqué Virginia Woolf dans un billet de mon blog en relatant le roman biographique de Christiane Orban, "Virginia et Vita". Le dossier du Magazine littéraire me redonne une envie certaine de relire Virginia Woolf" dans son intégralité. Je vais donc acquérir ces deux volumes pour retrouver cette oeuvre tellement riche, tellement subtile. Virginia Woolf est tout simplement géniale sur le plan littéraire et sur le plan humain. J'aime sa recherche de la vérité, du sens de la vie, de la justice concernant les femmes (lire "Une chambre à soi"), son audace dans vie et sa conception de l'écriture... Elle lutte toute sa vie contre les démons de la dépression, et l'écriture la sauve de ce naufrage quotidien. Une dernière remarque pour saluer la sortie de ces deux volumes : les femmes-écrivains sont peu nombreuses dans cette collection des plus grands classiques. Notons les noms de celles qui ont osé s'affranchir de la tutelle masculine pour créer leur propre univers : Yourcenar, Duras, Colette. La collection présente une écrasante majorité du côté des hommes et quelques génies féminins... Quel soulagement pour nous, les femmes !

lundi 16 avril 2012

"Ultime amour"

Ce récit autobiographique de Rezvani est, dit-il, son dernier témoignage. Pour ceux qui connaissent Rezvani et sa femme-lumière Lula, ce récit emporte l'adhésion et la sympathie. Il a écrit pour Lula, il a chanté leur amour unique et fusionnel dans leur maison "La Béate", loin du monde et loin de la société. Rezvani a aujourd'hui 83 ans et il nous avait relaté la fin de vie de sa compagne, atteinte de la maladie d'Alzheimer dans un récit poignant, "L'éclipse". Il revient sur cette tragique histoire en racontant avec une colère et un sentiment d'injustice la prise en charge de Lula par un couple de prédateurs qui finissent par s'installer dans cette maison du bonheur. Rezvani cède pour fuir à Paris et confie sa femme à ce couple au comportement inadmissible. La première partie du récit évoque cette période insupportable de la maladie de Lula et un certain malaise naît au fil du récit quand il décrit ses relations tumultueuses avec ce couple infernal, vulgaire et inculte, avec des voisines hypocrites, avec un entourage qui le délaisse à cause du drame qu'il vit. La deuxième partie du récit apporte une touche optimiste quand il évoque son "ultime amour" avec sa nouvelle compagne, Marie-Josée Nat. Pour Rezvani, cette rencontre illumine sa vie et le réconcilie avec le bonheur et l'amour. Les pages qu'il consacre à son dernier amour efface la noirceur cauchemardesque de la maladie de Lula. Ce cadeau de la vie, ce cadeau que la vie lui offre à son âge, ressemble à un "miracle", à une récompense après la descente en enfer qu'ils ont vécu à la "Béate". Rezvani est un homme courageux pour relater la maladie de Lula, les méfaits de son entourage, les épisodes douleureux de cette fin de vie. Et il nous offre aussi un message d'espoir en nous confiant cet "Ultime amour", sa rencontre amoureuse avec Marie-José Nat, qui le réconcilie avec la vie et qui lui apporte la sérénité pour à nouveau peindre, écrire une pièce de théâtre et composer des chansons. Bien que très sombre dans une partie du livre, Rezvani retrouve le goût de vivre en Corse, près de son nouvel amour, adoptant les trois fils de sa femme, se consacrant à l'art de l'écriture pour rendre hommage à son parcours d'amour entre une Lula, lumineuse et magnifique et sa Marie-Josée, solide et belle. En fait, ce récit est une hymne à la force de vie des... femmes !

vendredi 13 avril 2012

Portrait d'un libraire

Dans la revue "L'Express" de cette semaine, j'ai remarqué un article intéressant sur un libraire, Joël Gattefossé. Sa librairie se nomme "Le Bleuet" et se situe à Banon (1104 habitants) dans les Alpes de Haute-Provence. En août dernier, je devais entreprendre un voyage du côté de Giono à Manosque et j'avais envie d'aller visiter cette librairie très réputée pour son stock de cent dix mille références. J'avais annulé ce week-end mais cet article m'a donné envie de concrétiser ce projet vers ce paradis des livres à Banon. Il est rare de trouver dans la presse un portrait de libraire, encore moins un portrait de bibliothécaire... Je résume l'article en quelques mots. Son projet de créer cette librairie remonte aux années 1990. Muni d'un CAP de menuiserie et fuyant la région parisienne, il achète un magasin-bazar et le transforme en librairie dont il fabrique lui-même les rayonnages en bois. L'été, il lui arrive de recevoir deux mille clients dans sa boutique ! Ce libraire, un vrai amoureux du papier, vit déjà un rêve formidable mais dans un esprit de conquête, il veut réaliser un projet fou : devenir le premier libraire de France alors qu'il se classe en sixième position dans le nombre de références disponibles. En ce moment, il fait construire un hangar géant pour contenir des millions de livres et va ouvrir un site internet à partir de septembre pour concurrencer les librairies sur Internet comme Amazon, la FNAC, Chapître.com, etc. Je vais évidemment suivre cette aventure à la fois culturelle et commerciale et testerai certainement le service du Bleuet. Dès que l'on évoque le monde de la librairie dans la presse, je m'en félicite vraiment et il me tarde de la découvrir dès que je ferai une escapade dans ce beau pays de Provence... Le libraire de Banon nous communique son optimisme et sa foi dans le livre et la lecture...

jeudi 12 avril 2012

"Les adieux à la Reine"

Séance cinéma aujourd'hui : j'ai vu "Les Adieux à la Reine" de Benoît Jacob , adapté du roman très réussi de Chantal Thomas. Très joli film historique sur l'ambiance qui régnait au château de Versailles, avant la Révolution Française en 1789. En fait, Benoît Jacob raconte une histoire d'amitié amoureuse entre trois femmes : la lectrice de la Reine, Marie-Antoinette, la Reine elle-même, et son amie-amante, la Duchesse de Polignac. La lectrice se dévoue totalement à sa Reine, Marie-Antoinette ne pense qu'à sa maîtresse, et la Duchesse veut sauver sa peau. Les trois derniers jours avant l'explosion sont relatés dans les couloirs du Château, dans les cuisines, dans les chambres des domestiques. La foule des courtisans, des nobles et des domestiques se croisent sans cesse dans un ballet de couleurs, de bruits et de mouvements. Sidonie Laborde pratique un beau métier, celui de lectrice et elle doit distraire sa "Reine" en lui présentant des oeuvres de son temps. La Reine préfère souvent la lecture de revue sur la mode et le théâtre de Marivaux. Sa légendaire frivolité est illustrée dans ce passage. L'amour de Marie-Antoinette pour Gabrielle de Polignac montre une liberté et une audace "révolutionnaires" pour l'époque. Le Roi Louis XVI joue un rôle mineur dans le film. Et la fuite de Marie-Antoinette n'aura pas lieu car le Roi entraîne sa famille vers l'abîme final en 1793. Ce film retrace bien l'atmosphère de Versailles et de la noblesse. Les liens entre ces trois femmes d'exception sont décrits avec beaucoup de subtilité et de sensualité...

mardi 10 avril 2012

Venise, suite

J'ai écrit un texte sur Venise dans l'atelier d'écriture de ce mardi. Au départ, il fallait compléter un texte à trous, un "caviardage" mais le retranscrire comme je l'ai composé, me semble illisible pour le blog. J'ai donc ré-écrit et voilà le résultat : "L'extraordinaire retour vers le passé"
Imaginez une panne d'électricité à Venise, un coup de chance, un hasard miraculeux pour moi qui me trouvais juste à Venise cette nuit-là. J'ai vu alors des ombres fantomatiques qui ressemblaient à Casanova, Vivaldi, Véronèse, Le Tintoret, Proust, Thomas Mann, Musset et George Sand. Ils déambulaient sur la place San Marco, dégustaient un café chez Florian, et évoquaient la vie heureuse de leur époque. Les gondoles déversaient des hommes et des femmes merveilleusement créatifs : architectes, peintres, musiciens, écrivains. Imaginez ces milliers d'amoureux de l'art, ces milliers d'artisans-peintres consacrant leur vie à décorer les églises, les palais, les maisons... Cette fantasmagorie a perduré car la lumière électrique n'est pas revenue. Venise a retrouvé son passé loin de la cohue touristique et de la consommation d'objets inutiles. Je ne voyais plus les groupes de lycéens bruyants et blasés devant la Basilique. Je n'apercevais plus ls gondoles pleines de Japonais qui se matraquaient avec leur appareil de photographie. Je ne remarquais plus les Vénitiens lassés de l'invasion permanente. La vie avait repris son cours lent, simple et serein. Le Siècle des Lumières, je le ressentais en visitant tant de palais, de musées et de bibliothèques... Hélàs, l'éléctricité est revenue mais la nuit a gardé ses mystères. Et un matin, dans un quartier un peu excentré, je suis tombée sur un écriteau "Bibliothèque de la ville". J'ai traversé le hall et j'ai gravi les escaliers et au sommet de l'escalier, quelle surprise ! Des fresques du Moyen Age décoraient cette petite bibliothèque qui avait donc remplacé l'église paroissiale. Des livres sur les quatre murs, des lecteurs silencieux et attentifs, une bibliothécaire courtoise, une sérénité vraiment palpable dans l'air. Cette ville est un miracle de silence, faite pour la lecture et la contemplation des oeuvres d'art dans tous les espaces. J'ai aimé cette éclosion de la rêverie en moi en arpentant Venise... Le jour, la nuit, par temps gris, au soleil, Venise envoûte son visiteur et quand on revient, chez soi, on ressent la nostalgie d'un autre temps, d'un espace privilégié, d'une ville unique au monde...

lundi 9 avril 2012

Retour de Venise

Je n'ai pas écrit une ligne la semaine dernière pour cause de voyage à... Venise. J'ai rêvé de cette ville depuis de nombreuses années et j'ai décidé de la visiter juste un an après ma retraite. J'ai préparé ce séjour avec beaucoup de soins en feuilletant quelques guides de voyage et des ouvrages historiques sur cette cité mythique. Nous avons logé (mon amie, ma soeur et moi) en plein centre de Venise du côté de San Angelo, dans un hôtel adorable, style années 50, d'une simplicité exquise. Je contemplais un canal de Venise de ma chambre. Les guides que je conseille pour préparer cette plongée dans ce monde de l'art sont réputés : la collection "Top 10", le "Routard", le "Cartoville". En fait, il vaut mieux en lire plusieurs pour rassembler les meilleures infos sur les musées, les palais, les églises, les quartiers, les endroits peu fréquentés par la masse des touristes (dont je fais partie !). Je craignais le bain de foule mais elle se concentre autour de San Marco et du Rialto : des milliers de Japonais, Chinois, Européens dont de très nombreux Français... Le territoire de Venise n'est donc pas envahi dans sa totalité et en début d'avril, les musées sont accessibles sans faire une heure d'attente (à part la Basilique), les églises sont désertes, les nombreuses places si belles sont vides... j'ai donc réussi mon séjour en vivant des instants de grâce et de paix dans la ville la plus visitée au monde avec ses vingt millions de touristes par an mais qui ne restent qu'un à deux jours alors que Venise mérite des semaines de découverte. Marcel Proust dans "Le temps retrouvé" m'avait insufflé ce rêve de Venise et je me baignais dans cette atmosphère qui respire la peinture, la sculpture, l'architecture, la musique, la littérature. Il faut passer aux actes après la lecture et ce voyage a confirmé ma fascination pour cette ville si particulière. Pour les amoureux de Venise, je recommande particulièrement "L'ABCdaire de Venise" et "Venise est un poisson" de Tiziano Scarpa. Le soir, j'ai démarré le premier livre de Donna Leone, "Mort à la Fenice" avec le très populaire commissaire Brunetti. Cela m'amusait de lire les descriptions de Venise en reconnaissant mes balades au coeur de la cité vénitienne. Je vais constituer un abécédaire sur Venise pour garder lontemps en moi ce souvenir de voyage dans un environnement d'une beauté qui rend euphorique et heureux. Je n'oublierai jamais la présence constante de la mer, des canaux, des ruelles, des places, sans la pollution sonore et olfactive des voitures. je n'oublierai jamais les nombreux bateaux à moteur, les gondoles et les vaporettos, les mouettes et les pigeons, la clarté grise de la lumière et le ciel changeant du matin au soir : un Guardi et un Canaletto en permanence...