lundi 17 décembre 2012

"Bouche cousue"

J'ai remarqué dans un rayonnage de la bibliothèque municipale un livre de Mazarine Pingeot, "Bouche cousue" que je n'avais pas lu lors de sa sortie en 2005. Nous avons évoqué dans le club de lecture son dernier ouvrage "Un bon petit soldat" et j'avais réagi un peu négativement sur la personnalité de Mazarine, enfant-symbole d'une certaine façon de vivre dans les années 80. Cette façon de vivre, je l'ai qualifiée de "dissimulatrice". François Mitterrand, Président de la République, menait une double vie : l'officielle avec sa femme légitime et la clandestine avec la mère de Mazarine. Après avoir découvert son récit autobiographique, j'ai mieux compris la vie "secrète" de Mazarine, le problème de son identité dissimulée, le manque d'un père souvent absent mais omniprésent. Les années 80 forment le cadre historique et sociologique de cette France, passée à gauche, et porteuse d'espérance. Cette petite fille si secrète dans la vie de Mitterrand vivra cette "imposture" avec une certaine candeur mais elle comprendra, quand elle commencera à grandir, le poids de ce secret "d'état". Mazarine possède un vrai talent d'écrivaine dans ses souvenirs d'enfance et de jeunesse. J'avoue que j'aimais beaucoup le côté littéraire de ce Président qui lisait beaucoup, pour qui les livres détenaient une magie certaine. Mazarine nous raconte tous ces moments d'intimité de son père qui se retirait dans la solitude pour se plonger dans ses chers ouvrages. Ce livre constitue un témoignage assez émouvant sur les années-vintage "mitterrandiennes". En ce temps-là, pas de téléphone portable à la main d'un président, mais un livre... Mazarine va attendre un enfant et elle lui raconte dans ce journal, sa vie d'enfant caché, son drôle de grand-père, et une renaissance enfin apaisée.