mercredi 23 août 2017

"De Chirico"

Dans mon escapade à Rome, j'ai découvert le peintre italien, Giorgio de Chirico (1888-1978). J'ai vu ses tableaux au Musée d'art moderne et surtout au Musée Bilotti, situé dans le parc Borghèse. Ma curiosité m'a poussée à emprunter un document sur lui, "De Chirico", écrit par Magdalena Holzhey, publié chez Taschen. Quand des univers picturaux surprenants, dérangeants, nimbés de mystère me questionnent, je veux comprendre les motivations du peintre. Giorgio de Chirico est né en Grèce de parents italiens. Son père, ingénieur, construisait les chemins de fer en Thessalie et sa mère était chanteuse d'opéra. Son frère deviendra le grand écrivain italien, Alberto Savinio. Il quitte la Grèce après la mort de son père et part vivre à Munich où il découvre les peintres Böcklin et Klinger. Installé  à Milan, il se passionne pour Nietzsche et Schopenhauer. Puis, Paris et Turin seront des étapes révélatrices dans sa vie de peintre. En 1913, il présente plus de trente tableaux qu'Apollinaire qualifie de "peintures étrangement métaphysiques". Il fréquente les surréalistes et expose dans les grandes capitales européennes. En 1945, il se fixe à Rome près de la place d'Espagne. Ses œuvres deviennent célèbres et sont souvent copiées par des faussaires. Il meurt à 90 ans, couvert d'honneurs. Il écrit sous son premier autoportrait : "Et que dois-je aimer si ce n'est l'énigme ?". Il ajoute aussi : "Il faut peindre tous les phénomènes du monde comme un mystère". Quand j'ai vu certains de ses tableaux, j'étais intriguée par ce langage et ces images. Fasciné par l'Antiquité, il peint des portraits d'hommes-mannequins qu'il baptise "archéologues" sur lesquels il met en scène l'imagerie antique : colonnes tronquées, temples détruits, vêtements. Ces signaux d'un arrière-monde perdu plonge les visiteurs dans "l'abîme sombre du temps passé". Ses toiles sont empreintes de mélancolie et les personnages semblent vivre dans un univers de solitude glaciale. Je retrouve dans ce monde absurde, la question de la métaphysique. La peinture de Chirico combine plusieurs influences : les mythes, le rêve, la philosophie grecque, Nietzsche. J'aimais déjà les peintres surréalistes comme Magritte et je retrouve chez Chirico, cette imagination débridée, née dans un inconscient abyssal. Un tableau raconte toujours une histoire et il faut la décrypter comme un secret que le peintre veut nous faire partager. Le livre en question m'a aidée à comprendre son univers énigmatique...