mercredi 22 décembre 2021

Atelier Littérature, 4

 Après le thème de l'hiver en littérature et les coups de cœur, les lectrices ont choisi de partager leurs commentaires sur un sujet très délicat, "la fin de vie" à travers deux témoignages : celui de Noëlle Chatelet, "La dernière leçon" et celui d'Emmanuelle Bernheim, "Tout s'est bien passé". Le premier récit autobiographique, publié en 2004, a déclenché une vague émotionnelle dans le public car l'autrice évoquait sans fard la décision de sa mère de "mourir dans la dignité". Par ailleurs, cette femme de caractère, présidente de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité, organise son propre suicide avec un courage tout romain. A 92 ans, cette ancienne sage-femme se sent fatiguée, déprimée et ne veut pas peser sur la vie de ses enfants (dont Lionel Jospin, notre ancien premier ministre). Déterminée et obstinée, elle effectue un geste militant en organisant son départ au bon moment quand "elle a toute sa tête". Quand elle annonce sa disparition programmée, Noëlle Chatelet, sa fille, conteste cette décision, essaie de la persuader de rester en vie. Mais, devant la fermeté sereine de sa mère, elle accepte cette décision. Ce sujet éminemment personnel et aussi universel est traité d'une façon intimiste et emporte l'adhésion des lecteurs et des lectrices. Peut-on aussi imaginer l'acte de cette femme comme de l'égoïsme ? Chacune peut éprouver des sentiments mêlés concernant ce témoignage délicat. Le second, "Tout s'est bien passé" d'Emmanuelle Bernheim, publié en 2013, aborde la question du suicide assisté en Suisse. Le père de la narratrice a subi un AVC massif et il est devenu dépendant physiquement. Cet homme, marchand d'art, ne supporte plus son état et décide d'en finir : "Papa m'a demandé de l'aider à en finir. Je me répète cette phrase, elle sonne bizarrement". Avec sa sœur, l'écrivaine va relater avec une précision de détails la dernière aventure de son père : ses contacts avec l'association, l'organisation de son départ, ses adieux avec sa famille et ses amis. Ce récit syncopé, tranchant évite le pathos, les larmes et les lamentations. La décision irrévocable de cet homme courageux et stoïque mérite toute l'admiration de ses filles. Il part seul en Suisse en taxi pour accomplir son geste ultime. Les deux récits se télescopent en traitant le thème du suicide, la dernière liberté de mourir dans la dignité. Ce sujet choisi a permis aussi aux lectrices de s'exprimer sur ces récits vécus. La vie réserve parfois des drames humains surtout dans son dernier parcours. Les mots possèdent une valeur curative et peuvent souvent nous aider à surmonter ces épreuves difficiles.