mardi 20 mai 2014

Atelier d'écriture

Mylène nous a proposé ce mardi 20 mai un atelier "cinéma" : elle nous a lu des extraits du livre de Jean-Gustave Le Clézio, "Ballaciné" édité chez Gallimard où l'écrivain parle de sa fascination du cinéma qu'il définit comme "l'art des visages". Mais la littérature reste son "chant de l'être", sa rêverie sur le langage, un envoûtement total. Il fallait travailler notre mémoire "filmique" et établir une liste de nos toiles préférées depuis la nuit des temps. Une fois cette liste composée, un film devait être choisi et décrit. On a pu ainsi découvrir des films aussi différents que "Tarzan", "Alexandre Nevski", "Le grand Bleu", "Le promeneur d'oiseau", etc. J'ai pensé à "Villa Amalia" tiré du roman de Pascal Quignard et voici mon texte : "La mer guérison"
Une femme musicienne découvre la trahison de son compagnon. Rupture totale, geste impardonable, retour à l'envoyeur, coupure radicale. Cette femme, Isabelle Huppert, ne compose pas avec les à peu-près du réel. Entière, passionnée, fidèle, elle refuse le postulat du "je t'aime mais j'en aime aussi une autre"... Elle se retrouve seule, blessée à mort, sur une île italienne dans une petite maison face à la mer. J'aime son extrême solitude, son isolement au milieu de la beauté maritime. Ressourcement, résilience, plénitude devant la mer. Le regard de la comédienne sur la mer et sur l'horizon raconte sa nouvelle sauvagerie et sa liberté retrouvée. Après la solitude, elle rencontre une femme, un homme et finit par renaître. J'aime les héroïnes de Quignard, leur amour de l'absolu et de la passion amoureuse. Des femmes seules, égarées, entières et radicales. Un film solaire et solitaire avec une femme fascinante. " Dans la deuxième partie de l'atelier, Mylène nous a lu un portrait de Jean Gabin écrit par Jacques Prévert et on devait choisir un acteur ou une actrice pour en faire le portrait à la manière du poète. Voici mon texte :
"Elle,
Discrète, distante, elle ne s'épanche pas en paroles inutiles,
elle ne se "la joue" pas comme on dit familièrement,
Droite, calme, intérieure, elle parle, pourtant,
Jeune, âgée, elle est la même et pas une autre, ne change pas,
le temps ne l'abîme pas,
D'une voix douce et claire,
son jeu d'actrice l'éloigne du spectacle,
elle est nue, Emmanuelle, avec pudeur et retenue,
ce n'est pas une actrice,
c'est une femme qui s'offre aux textes et aux images,
elle s'appelle Emmanuelle Riva. "
Merci à Mylène de nous lire à voix haute les textes d'écrivain, une source inépuisable d'imagination, de sensations et d'influences créatives...