vendredi 28 septembre 2018

Santorin, 2

Du côté d'Akrotiri, j'ai visité les plages en bateau car pour accéder à ces espaces escarpés, il faut adopter ce mode de déplacement. Le pilote approche son petit bateau au plus près de la plage et les touristes atteignent le bord en sautant dans l'eau. J'avoue que cet exercice physique a stoppé mes élans de baignade dans ces plages au sable noir. J'ai préféré rester dans la barque et j'ai ainsi vu un des plus beaux paysages de Santorin avec des falaises blanches spectaculaires et surtout la falaise rouge (la Red Beach) qui attire pas mal de monde sur son sentier vertigineux. J'ai même assisté à une scène surréaliste d'un couple d'asiatiques, posant sur le sommet devant une photographe. Ces scènes de mariage semblent grotesques et pathétiques et je ne comprends pas ce besoin effréné de ces touristes d'Asie pour célébrer leur union. Leurs traditions me semblent tellement mystérieuses… Entre leurs selfies intempestifs et leurs frénésies matrimoniales, j'éprouvais une incompréhension que je vais peut-être dissiper en lisant un ouvrage d'anthropologie sur l'éducation qu'ils reçoivent. Imagine-t-on un couple de Français sur un morceau de la muraille de Chine ? Ce romantisme de pacotille frôle la bêtise humaine, hélas, universelle… Il faut donc supporter avec humour ces scènes que j'ai encore vues à Fira, la capitale de Santorin. Heureusement, ces mariages n'ont pas encore investi les musées… A Akrotiri, un site archéologique (à vingt mètres de l'hôtel), est doté d'un toit immense bio-climatique. Des passerelles permettent de faire le tour du site cycladique, d'influence minoenne, datant de 3500 ans. J'ai surplombé avec intérêt ces vestiges antiques. Cet espace de douze mille carrés fut découvert par l'archéologue, Spyridon Marinatos, en 1967. Ce malchanceux archéologue meurt sur le site, quatorze ans plus tard en tombant d'un mur. Maisons à deux ou trois étages, magasins avec des pithoi (des jarres), ruelles, système d'égouts (incroyable !), ateliers d'artisans, ce décor montre le caractère avancé de la civilisation cycladique. Il ne reste aucune fresque car elles sont conservées au musée de Fira. J'ai surtout compris en arpentant les passerelles le travail immense et chirurgical des archéologues qui doivent effectuer des recherches sous une couche de quarante à cinquante mètres de cendres volcaniques. Aucun corps n'a été retrouvé sur le site et on peut imaginer que la population a eu le temps de fuir l'apocalypse volcanique. Les archéologues pensent qu'ils ont fouillé seulement 3% du site…  Parcourir ce site où dix mille habitants commerçaient déjà avec la Crète et Chypre m'a vraiment permis de rajeunir de presque trois mille cinq cents ans. Pas mal, quand même…