jeudi 13 août 2020

"Par ici, la sortie"

 Au moment où j'écris ce billet, les informations rappellent à longueur d'antenne le danger potentiel du virus, toujours vivant, sans cesse s'infiltrant dans la société où une certaine partie de la population enfreint les règles des gestes barrières. Cette pandémie mondiale s'est installée pour longtemps et il faut donc vivre avec, que l'on soit réfractaire à toutes limitations de nos libertés ou que l'on soit d'une obéissance sans faille. Depuis le mois de mars, notre vie quotidienne s'est vue chamboulée par le port du masque dans les lieux fermés et bientôt en plein air. J'ai remarqué la publication aux Editions du Seuil d'une revue sur la crise sanitaire, "Par ici, la sortie !", des "cahiers éphémères et irréguliers pour saisir ce qui nous arrive et imaginer les mondes de demain". Cette crise sanitaire dont l'issue ne se dessine pas encore pose des questions que certains intervenants de la revue tentent d'apporter des réponses. Le monde d'avant et le monde d'après, ces deux injonctions forment la matrice des textes. Le tsunami du Covid-19 a fragilisé le monde du travail, du sport, de l'art, du tourisme. Le gouvernement annonce des centaines de milliers de chômeurs, des faillites d'entreprises, etc. Cet événement sans précédent bouscule nos certitudes et chacun d'entre nous se demande si le monde d'après sera meilleur que celui d'avant. Quand on voit ce qui s'est passé à Beyrouth, le doute s'installe et le système de l'entropie (le désordre perpétuel) semble pérenne. Hugues Jallon, signataire de la préface, écrit : "Cette crise bouleverse les cadres de pensée et d'interprétations, elle met à l'épreuve bien des certitudes et des convictions, ce qui imposait d'ouvrir un espace original de dialogue, où trouvent à s'exprimer des sensibilités intellectuelles diverses, où peuvent s'ordonner la confrontation des points de vue, les divergences de fond, les incertitudes et les interrogations". Je citerai quelques articles intéressants signés par des personnalités éclairées : Eva Illouz, Manuel Vilas, Patrick Boucheron, Lydia Flem, Corinne Pelluchon, Michelle Perrot, Geneviève Fraisse, et tant d'autres intellectuels d'aujourd'hui. La lecture des revues est "picorante" : je lis un article au gré de mon humeur. J'ai apprécié le point de vue de Manuel Vilas sur le virus et le confinement : "Je consulte mon agenda et découvre qu'aujourd'hui, j'aurais dû être à Mexico. Comme mon agenda est irréel ! On dirait celui d'un homme ayant vécu au XIXe siècle". Cette simple phrase d'écrivain raconte toutes nos déconvenues lors de cette crise : j'ai rayé dans mon propre planning, un certain nombre d'escapades prévues pour le printemps : adieu Rome et la Sicile car les vols ont été annulés ! Je pars dans trois semaines dans le Luberon (la France en voiture) que je n'ai pas vu depuis très longtemps et je verrai Paris en fin septembre en TGV au lieu du mois de mai si le virus s'évapore par miracle...