vendredi 2 mai 2014

Alain Finkielkraut

J'ai remarqué un grand nombre de réactions négatives à propos de l'élection du philosophe Alain Finkielkraut à l'Académie française. Certains intellectuels du milieu de la "bien-pensance", de la pensée unique ne voit pas d'un bon œil l'intégration de ce philosophe dans cette institution prestigieuse et même certains académiciens ont rayé son nom avec un mépris évident. Qu'a donc fait Finkielkraut pour attirer une telle haine ou une désapprobation que l'on rencontre surtout dans les milieux de gauche ? Il paraîtrait que notre ministre de la culture ne l'a pas félicité... Pour ma part, je me félicite de son élection dans une telle institution culturelle et républicaine. Que ce fils d'immigré juif polonais atteigne un tel niveau de reconnaissance est une victoire pour nos valeurs éducatives, une revanche sur l'exil et une reconnaissance de son travail d'intellectuel. On lui reproche son archaïsme face aux nouvelles technologies, sa nostalgie des grandes œuvres, de la "grande culture classique", d'une culture élitiste de plus en plus difficile à partager et à transmettre. Mais, ses détracteurs les plus virulents l'attaquent sur la peur qu'il exprime surtout dans son dernier livre, "L'identité française", la peur de la perte irrémédiable de la culture française, celle des siècles accumulés, de notre langue commune, et par dessus-tout, de la crainte que la littérature ne soit plus lue, étudiée, transmise de génération en génération. Alain Finkielkraut a relevé cette faiblesse, cet effondrement d'un monde ancien qui fragilise nos valeurs culturelles et éducatives. Si Alain Finkielkraut n'existait pas, il faudrait l'inventer ! C'est salutaire d'écouter ce philosophe, d'écouter son inquiétude, son désarroi, sa nostalgie face à un monde qui change très vite, trop vite, qui bouscule les "lents", les lecteurs exigeants, les amoureux de la culture classique et les passionnés des textes littéraires. Laissons notre philosophe souvent bougon et à tout jamais malheureux de l'air du temps, laissons le savourer sa conquête d'un territoire éminemment français, une terre des mots, le pays du dictionnaire de l'Académie française...