jeudi 10 février 2022

Atelier Littérature, 1

 Cet après-midi, l'Atelier Littérature s'est tenu dans la salle Liberté autour du thème du temps dans les romans que j'avais recommandés. Même encore masquées, ces contraintes sanitaires ne nous ont pas empêchées de nous réunir comme en 2020 où les séances, malheureusement, n'ont pas eu lieu. Ce rythme mensuel de nos rencontres convient à toutes car pour lire, il faut du temps, ce temps si précieux dont nous avons analysé l'influence dans la fiction littéraire. Odile a démarré avec un roman de Stefan Zweig, "Voyage dans le passé", écrit dans les années 30 et publié tardivement en France en 2008. Louis, un jeune homme pauvre, mais ambitieux, tombe amoureux de la femme de son riche bienfaiteur. Mais, il doit partir au Mexique pour une mission de confiance. Ils se promettent de se revoir. Louis ne peut plus revenir car la Guerre de 14-18 éclate et ils ne retrouvent que neuf ans plus tard. Le mari est mort. Ils partent en voyage et ce retour vers le passé ne se passe pas comme prévu. Stefan Zweig résume l'échec des retrouvailles : "Tout est comme autrefois, sauf nous". La magie Zweig a opéré sur Odile et sur Geneviève. Un roman crépusculaire et subtil sur le temps qui transforme les êtres. Janelou a découvert le chef d'œuvre de Dino Buzzati, "Le Désert des Tartares", publié en 1940. Le lieutenant Drogo apprend son affectation au fort Bastiani, une citadelle sombre et silencieuse, juchée dans une zone de montagnes arides et gardienne d'une frontière inutile où des Tartares peuvent attaquer à tous moments. Drogo est muté pour quatre mois en espérant quitter ce lieu au plus vite. Mais le lieutenant s'installe dans une attente indéfinie, routinière et oppressante. Les quatre mois durent des années et quand il décide de vraiment quitter le fort, il est trop tard. Ce roman extraordinaire sur la fuite du temps, sur l'absurdité de cet héroïsme sacrificiel mérite un billet supplémentaire dans mon blog tellement j'ai apprécié ce roman culte. Janelou a découvert avec un grand plaisir l'un des plus grands écrivains italiens du XXe. Véronique a présenté "La petite trotteuse" de Michèle Lesbre, paru en 2007 chez Sabine Wespieser. La narratrice récupère une montre de son père qui s'était tue depuis trente ans. Le tic-tac de cette montre la plonge de nouveau dans le passé pour comprendre des événements de son enfance. La narratrice s'est mise en mouvement pour visiter des maisons qui pourraient lui apporter des réponses à ses questions. D'une écriture juste et délicate, ce roman intimiste et nostalgique capte les vies passées et les propres souvenirs du personnage central surgissent pour éclairer son présent. Voila pour la première partie de l'atelier, la suite demain.