vendredi 23 juin 2023

Atelier Littérature, 2

Geneviève a lu pour sa part, "L'eau qui passe" de Frank Maubert, publié chez Gallimard en 2018. L'auteur, écrivain et essayiste, spécialiste de l'art moderne, se confie sur son enfance entre un père disparu mystérieusement et une mère indifférente. Elevé tour à tour en famille d'accueil très chaleureuse puis chez ses grands-parents très peu aimants, sa mère le "récupère" à son adolescence mais cette vie familiale retrouvée ne guérit pas sa blessure de l'abandon. Ces confidences intimes sont décrites avec pudeur et avec beaucoup de délicatesse. Sa solitude d'enfant se poursuit dans sa vie d'adulte mais elle est peuplée d'art, de culture et de livres. Ce beau récit, mélancolique et charmant, est nimbé d'une poésie discrète. Quand sa mère, un jour, s'annonce dans sa maison, il refuse de la voir et lui tourne le dos. Enfin, il n'attendra plus, ni son père, ni sa mère. Frank Maubert évoque son enfance ainsi : "C'est ainsi que j'entrai en contact direct avec la nature, habité par un sentiment d'être primitif, persuadé que l'absence de parents était une chose positive. Et j'ai grandi avec le sentiment d'être mon propre enfant. Sans me poser de questions, j'ai habité la vie, vêtu de cette solitude que j'ai tout de suite adoptée. Plus tard, j'apprendrai qu'il n'y a de solitude que dans l'attente". Annette a beaucoup aimé le récit de Jean Giono, "La rondeur des jours", le premier tome de "L'eau vive". Les textes de ce recueil appartiennent à la période lyrique de Jean Giono : un ode à la vie, au quotidien, à la nature omniprésente. Il écrit : "La vie, c'est de l'eau. Mollis le creux de la main, tu la gardes. Serre le poing, tu la perds". Quel régal de lire et de relire Jean Giono et il ne faudrait jamais oublier cet écrivain majeur, magnifique et tellement passionné par la vie ! Méditons aussi cette citation : "Nous avons oublié que notre seul but, c'est vivre et que vivre nous le faisons chaque jour et tous les jours et qu'à toutes les heures de la journée nous atteignons notre but véritable si nous vivons". Annette nous a lu un extrait du livre pour nous donner vraiment envie de retourner à la source vive de la prose gionesque ! Pour terminer la première partie de la rencontre, j'ai relaté le roman de Françoise Sagan, "Un peu de soleil dans l'eau froide", paru en 1969. Gilles, un brillant journaliste parisien, décide de quitter Paris pour le Limousin. Sa dépression attire l'attention d'une femme mariée, Nathalie. Ils s'aiment et Nathalie quitte tout pour vivre avec Gilles à Paris. Mais, Gilles ne supporte plus la passion de cette femme trop exclusive. Il se lasse d'elle et l'histoire se finit mal. Ce roman "vintage" se lit avec curiosité et même avec un plaisir certain. Cette France des années 60 à Paris et en province n'existe plus et Françoise Sagan décrit avec justesse ce monde disparu. (La suite, lundi)