vendredi 29 juillet 2011

"Tu verras"

Ce roman porte un titre court, précis et symbolique : un père raconte une histoire terriblement triste. Son fils Clément, âgé de douze ans, meurt dans un accident de métro à Paris. J'ai presque fermé ce roman après dix pages, mais j'ai continué malgré la noirceur de l'histoire. Ce père, désemparé et fou de chagrin, essaie de reconstruire son quotidien et règle ses comptes avec sa compagne, son ex-femme, ses amis, son milieu professionnel. Des souvenirs liés à son fils reviennent sans cesse dans sa mémoire. Des images, des paroles, des gestes reconstituent un portrait fragmenté de Clément, jeune ado typique de notre temps avec leur vie numérisée à souhait et leurs défis de garçons. Le père s'interroge sur ce geste accidentel dans le métro : s'agit-il d'un pari entre ados ? Le lecteur finit par s'attacher à ce père dévasté par la mort absurde de son fils à qui il prodigait beaucoup d'attention et d'amour malgré des conflits habituels entre adulte et adolescent. En lisant ce roman très bien écrit, plein de sensibilité et d'authenticité, je me disais que la vie est fragile, que tout peut basculer dans le pire des malheurs et que personne n'est à l'abri d'une rupture terrible dans sa propre vie. Pour soulager son chagrin insupportable, le père de Clément entreprend un voyage en Afrique pour rencontrer un "médecin de l'âme". La fin du roman ne dissipe pas les questions du lecteur : comment survivre face à un deuil de cette nature ? Le titre du livre, "Tu verras", marque le désespoir du père car son fils ne vivra pas son destin et ne verra pas tout ce que son père lui prédisait. Ce beau roman demande un effort de la part du lecteur mais il faut affronter ce thème si insupportable. La littérature n'est pas un loisir superficiel, elle est au coeur de la vie...