lundi 30 août 2010

Revue de presse

En fin de mois, j'attends la sortie de la presse littéraire : je vais donc citer les revues à lire en septembre pour cibler les perles des 700 romans français et étrangers qui garniront les étagères et les tables de nos librairies et de nos bibliothèques.
Le premier dans la liste : la revue "Lire" avec un fascicule complémentaire, le guide 2010 de la rentrée littéraire, les romans qu'il ne faut pas surtout manquer et un entretien d'Amélie Nothomb (encore elle... que je n'apprécie pas du tout). La deuxième revue plus "intello" que la première, "Le Magazine littéraire" contient un dossier passionnant sur les romancières françaises (enfin, les femmes écrivains sont à l'honneur !!!), un cahier critique des romans de la rentrée, une enquête lucide et inspirée sur la littérature française jugée par des écrivains étrangers, et d'autres articles très intéressants. La troisième revue, "Transfuge" que je savoure régulièrement propose un dossier très riche sur la rentrée littéraire "les meilleurs romans", dossier où l'on retrouve les coups de coeur du Magazine littéraire : Philippe Forest, Houellebecq, Kerangal, Chantal Thomas, Claude Arnaud, etc. Les deux dernières revues que je lis aussi tous les mois ne sont pas des revues littéraires mais abordent le thème de la littérature. La revue "Sciences Humaines" traite de la littérature, fenêtre sur le monde et la revue "Philosophie magazine" comporte un article sur la rentrée littéraire, "Des romans, pour quoi faire ?". Voilà ma revue de presse pour septembre. Je ne cite pas les journaux qui parlent des nouveautés. La rentrée 2010 s'annonce passionnante !

vendredi 27 août 2010

L'Homme qui m'aimait tout bas

Ce récit publié chez Gallimard en 2009 est un très beau portrait du père adoptif d'Eric Fottorino, écrivain et journaliste au "Monde". Je l'ai lu un peu par hasard car le titre du livre me plaisait : S'aimer tout bas, comme un titre de réserve, de discrétion. Se parler tout bas, murmurer, se dire des secrets, ou ne pas se les dire. Ce témoignage littéraire se lit avec émotion car ce père s'est suicidé pour des raisons inconnues. Cette mort mystérieuse ne cesse de provoquer le pourquoi de ce geste si difficile à accepter pour les proches. L'écrivain raconte la vie de ce père affectueux,courageux mais souvent trop silencieux. Ce livre est loin d'être triste car cet hommage si plein d'amour nous fait sourire et nous confirme que l'amour familial construit le destin de chacun d'entre nous. Et que l'amour d'un enfant adopté équivaut à l'amour d'un enfant dit "naturel" (que cet adjectif est ridicule !). Cet ouvrage me conduira à découvrir les romans d'Eric Fottorino, en particulier son "Korsakov" que j'ai pas encore lu. Décidément, le thème de la famille en littérature reste et restera longtemps un source d'inspiration inépuisable...

mercredi 25 août 2010

Sortie en librairie

Je me rends compte que je vais écrire mon "centième billet" sur ce blog...
Ce matin, j'ai fait mon marché de... livres. Mon fils passe en seconde et comme le dit notre ministre de l'éducation, les livres du programme de la nouvelle seconde ne sont pas encore disponibles à la rentrée ! Du jamais vu ! Il faut donc les réserver et pour le moment, j'ai pu me procurer quatre livres sur dix dont les principaux (maths, français et anglais). Quelle pagaille dans le système éducatif... Mon fils ne semble pas inquiet et croit que tout va bien finir par s'arranger ! En retirant ceux que j'avais réservés à la librairie Garin, j'ai fureté sur les tables des nouveautés et j'avais la sensation de gourmandise à la bouche : des romans étrangers alléchants surtout anglo-saxons (Waters, Kingsolver, Coetzee, Roth, Harrison, McCauley, Russo, O'Riordan), des romans français plus attractifs que d'habitude (Houellebecq, Adam, Gallay, Forest et Del Amo). Comme je ne travaille plus (le bonheur!), j'ai dorénavant tout mon temps pour savourer ces romans qui sortent en librairie. J'ai craqué pour deux ouvrages, l'un sur Quignard que j'adore et l'autre de Del Amo "Le sel". Je rentre dans une librairie comme je pénètre dans une pâtisserie avec les sens en éveil et un esprit de gourmandise génétiquement hérité de mes parents. Pour la rentrée littéraire qui s'annonce très riche, il faut garder les pages du Monde des livres du vendredi 20 août qui détaille les sorties des romans de l'automne. Belle matinée que cette promenade en librairie et belles promesses de lecture pour l'hiver !

lundi 23 août 2010

L'homme qui tombe de Don Delillo

L'anniversaire de l'attentat du 11 septembre 2001 approche : cela fera donc neuf ans que l'Amérique a subi cette attaque sans précèdent : plus de trois mille victimes innocentes dans les tours du World Trade Center à New-York. La littérature intègre dans son imaginaire des événements qu'aucun auteur de polar et de science-fiction n'a osé inventer. Je viens de lire un roman inspiré de cette tragédie : "l'homme qui tombe" De Don Delillo. Ce roman paru aux éditions Actes Sud en 2008 se lit avec une certaine gravité et relate avec profondeur cet épisode américain traumatisant. Les personnages que nous suivons portent en eux ce "trouble" profond d'avoir vécu cette catastrophe en direct.De nombreuses descriptions très réalistes donnent au roman paradoxalement une approche intimiste de l'effondrement des tours. Chacun cherche sa vérité et se cherche de nouvelles raisons de vivre. Cette fin d'un monde, où l'on pouvait se croire en sécurité, a tout changé : les relations familiales, le rapport au travail, le sens de la vie. Ce monde en morceaux montre la fragilité de toute existence individuelle et de la société occidentale. Le titre du livre est symbolique : un artiste-performeur met en scène de nombreuses chutes spectaculaires dans un New-York invraisemblable et fascinant.Ce livre énonce un message à la fois pessimiste sur la folie guerrière des hommes et optimiste sur la lucidité et le courage de reconstruire sa vie après une catastrophe.
Don Delillo a offert un très beau livre pour saluer la mémoire de tous ces disparus.

jeudi 19 août 2010

"Le Chagrin" de Lionel Duroy

J'ai reçu Télérama dans ma boîte à lettres mercredi et j'ai ouvert avec plaisir le magazine avec en couverture :"Spécial rentrée littéraire : quand le réel nourrit le roman." Cette phrase anodine m'a influencée pour parler du dernier roman que je viens de lire : "Le chagrin" de Lionel Duroy. J'avais vu des critiques de cet écrivain français dans la presse littéraire. J'ai un vague souvenir d'un de ses titres "Le cahier de Turin" qui m'avait touchée. Son dernier livre est un réglement de comptes féroce et impitoyable sur sa famille, surtout sa mère narcissique, odieuse, comédienne, snob, effrayante par ses colères et ses remarques désobligeantes. Son père, représentant de commerce minable et dominé par sa femme, escroc et dissimulateur, ne suscite pas l'adhésion. Le narrateur, pour revivre et fonder sa propre famille, doit liquider la sienne et ce livre est à la fois un roman, un récit, une torpille, un message d'espoir, un sacrifice et une renaissance. La période évoquée démarre dans les années 60 et se termine en fin 90. Ces flots de mots nous emportent dans une mer agitée de sentiments comme l'humiliation, l'abandon, l'insécurité, le chagrin, ce chagrin si vivant et si troublant d'appartenir à une famille aussi tordue et invalidante. En mêlant la fiction au réel, l'écrivain finira par rompre définitivement avec les "siens", neuf frères et soeurs et les parents. Se lancer dans l'écriture sera sa planche de salut et sa thérapie. Je reprends la phrase de Télérama "quand le réel nourrit le roman", ce livre est un grand roman du réel vécu au sein d'une famille déglinguée, une charge impitoyable pour les adultes qui ne peuvent assumer en toute sérénité et toute sécurité la vie de leurs enfants.
Et quel soulagement de comparer ces parents pitoyables et inconscients avec sa propre expérience quand l'amour, le dévouement, la responsabilté régnaient de ce côté-là. Lionel Duroy nous confirme cette règle : il faut des racines solides pour pousser à peu près droit... Et ce chagrin, infligé à vie, deviendra sa raison d'écrire et la force de la littérature.

mercredi 11 août 2010

Le premier amour de Véronique Olmi

Véronique Olmi a écrit un roman très attachant. Avec une écriture simple et limpide, cette histoire raconte un moment-clé dans la vie d'Emilie. Son héroïne est une femme de cinquante ans, mariée, mère de trois filles et qui part en Italie après avoir lu un message de son premier amour, Guido, dans Libération. Elle part subitement pour retrouver cet homme qu'elle a aimé quand ils étaient jeunes. Je ne dévoilerai pas la fin du livre mais j'ai aimé les remarques d'Emilie sur la famille, la perte des enfants qui deviennent des adultes, sa relation avec sa soeur handicapée, ses rencontres dans son voyage, ses retours vers le passé. Un roman à lire pendant les vacances, bourré de sincérité, d'humour et de lucidité.On se prend à sourire souvent et à méditer sur des phrases qui vous parlent aussi de vous ! Je vous livre la dernière phrase du roman : "Le monde est fait de milliers d'absence et que s'y promener avec bonté n'en détournerait pas le cours, car la vie est un manque, irrattrapable, et nous demeurons pour toujours inconsolés." Malgré une ambiance nostalgique, Véronique Olmi nous invite à porter une attention précieuse aux moments présents.

Revue de presse

Au mois d'août, il semblerait que tous les français (surtout les parisiens) s'absentent et sont massés sur les plages... Mais, certains d'entre eux travaillent beaucoup pour permettre aux autres de partir et certains aussi comme moi profitons de nos maisons, de nos jardins, à l'abri de la foule, du bruit, des voitures et de l'ennui que je lis souvent dans les visages de ceux qui deviennent des "touristes" estivaux. La presse aussi prend des vacances malgré une actualité dense et inquiétante : inondations, canicule, insécurité urbaine, faits divers sordides. Le monde politique est aussi en vacances (on respire mieux), donc, il faut attendre la rentrée pour régler les problèmes en cours. En parlant de presse, je lis le dernier Nouvel Observateur et comme les journalistes sont eux aussi en vacances, ils ont concocté un numéro certainement écrit en avril. Après les histoires de couple, voici cette semaine, un dossier sur les géants de la pensée. Alors, par curiosité, j'ai acheté ce numéro. Pour le Nouvel Obs, il existe donc six géants : Jacqueline de Romilly, Jacques Le Goff, Paul Virilio, François Jacob, Edgar Morin et René Girard. Enfin, j'ai eu l'impression d'avaler un air un peu plus intelligent que d'habitude. Je retiens l'article sur Jacqueline de Romilly, femme intellectuelle de premier ordre, académicienne et hélléniste magnifique. J'ai peu lu son oeuvre et depuis que j'ai visité une toute petite partie de la Grèce, je me dois de découvrir cette "géante" de la pensée !

lundi 9 août 2010

Le coeur glacé d'Almudena Grandes

J'ai terminé samedi ce très gros livre de mille pages qui m'a plongée dans l'Espagne contemporaine et dans cette Espagne si tragique de la Guerre de 36. J'avais envie de le lire depuis un an mais je n'avais pas eu le courage d'affronter ces mille pages... Car quand on se mobilise sur un seul roman, les autres m'attendent et me jettent des regards noirs... Ce roman a tenu ses promesses : une saga familiale avec un patriarche bon pour les siens et horrible avec les autres, traître, judas, cynique et arriviste. Son fils cadet va découvrir le côté noir de son père, et tombera amoureux d'une jeune femme, animée par un sentiment de vengeance et héritière de cette histoire espagnole. Et surtout le roman diffuse l'atmosphère trouble de la guerre civile et de la période franquiste. Cette tragédie de l'histoire contemporaine d'une injustice insupportable est relatée d'une façon très romanesque. Il y a une phrase de Machado que l'auteur met en exergue : "Pour les stratèges, pour les politiques, pour les historiens, tout est clair : nous avons perdu la guerre. Mais sur le plan humain, je n'en suis pas sûr... Nous l'avons peut-être gagnée." Almudena Grandes nous livre ses nombreuses sources à la fin du livre. Ces remerciements à de nombreux acteurs de la Guerre nous éclairent sur la force créatrice de la littérature. J'ai toujours aimé ces grands romans-documentaires qui allient la grande Histoire avec les petites histoires des hommes et des femmes qui traversent avec un courage extraordinaire les turbulences d'une époque. J'ai pensé à mon grand-père paternel, mort bien avant ma naissance et qui a organisé l'aide aux réfugiés républicains qui passaient la frontière du côté d'Hendaye. Cette révélation familiale m'a été communiquée très récemment et j'en suis particulièrement fière !

jeudi 5 août 2010

Littérature discrète

J'aime une qualité qui n'est pas à la mode aujourd'hui quand le bling-bling devient le signe révélateur d'un comportement quelque peu vulgaire. Cette qualité dont personne ne parle se nomme la discrétion. Quand je vois tous mes contemporains exhiber des tatouages, des anneaux, des bijoux en toc en quantité, je me prends à rêver d'un monde poli, discret, bien "élévé". En littérature, j'ai une prédilection pour les écrivains qui se cachent, qui ne sont pas célèbres, qui ne mettent pas en avant leur génie et leur orgueil. Les écrivains-people ne m'intéressent pas ! Au premier rang des parfaits discrets, je citerai Julien Gracq, discret jusqu'à sa mort, solitaire et pourtant entouré de centaines d'admirateurs. Il ne voulait jamais participer à une émission de télévision, il ne voulait pas s'exposer et j'ai toujours apprécié cette volonté d'effacement. Un de mes souvenirs les plus forts le concernant remonte à la découverte de son livre le plus célèbre qui dormait sur une modeste étagère d'une très modeste bibliothèque de quartier dans une toute petite ville très modeste et ouvrière du côté de Bayonne. J'ai emprunté ce roman sans trop connaître cet écrivain car le titre m'avait attirée. Et quand j'ai ouvert le livre en question, j'étais subjuguée par la beauté de cette langue française, sobre, précise, avec un vocabulaire d'une richesse fascinante. Ce grand livre qui m'a ouvert les bras et qui m'a influencée pour suivre des études de lettres, ce grand roman qui m'a ouvert l'esprit et le coeur sur la beauté de la langue française s'appelle "Le Rivage des Syrtes", paru en 1951 (!!!), aux Editions José Corti. Il a reçu le prix Goncourt que Gracq a refusé à l'époque ! Depuis, je lisais Gracq dans la Pléiade mais j'ai retrouvé l'édition de 1951 chez un bouquiniste et quand je l'ouvre, je revois cette petite bibliothèque si modeste qui possédait un trésor si grand... On peut trouver de l'or dans n'importe quel endroit du monde, si petit soit-il !

mardi 3 août 2010

Visite en librairie

Avant de trouver la vague de centaines de romans qui va déferler dès la fin du mois d'août, il faut se promener dans les librairies surtout quand le temps est maussade et gris. J'ai donc fait un tour dans ma librairie préférée de Chambéry, ni trop petite, ni trop grande, ni trop commerciale, ni trop spécialisée. Cette librairie propose des tables thématiques par catégories d'ouvrages : celle des romans de terroir, celle des romans français et celle des romans étrangers. Je reste persuadée qu'il faut toujours aller faire un tour dans une librairie pour découvrir des romans et des essais qui peuvent attirer notre attention. Un amateur de littérature qui se contenterait d'Internet, passera à côté de quelques perles. Pourtant, je vais sur les sites de littérature et j'ai déjà remarqué les trente romans de la rentrée choisis par la FNAC (très bon choix au demeurant). Mais croyez-moi sur paroles, je préfère aller butiner, farfouiller dans les librairies de toutes tailles car on en ressort avec un livre (je ne peux pas résister) et avec des idées de lecture. On ne le dira pas assez, il faut fréquenter les librairies car j'ai peur qu'elles meurent à petits feux avec la concurrence de gros fournisseurs de livres sur Internet. J'ai vécu moi-même cette perte irréparable quand j'étais libraire à Bayonne dans les années 1976-1981 et je n'ai pas résisté aux grandes surfaces qui vendaient les livres à 30 % moins cher. Le prix unique du livre en 1981 (trop tard pour moi) a certainement sauvé des centaines de librairies petites et moyennes. Ma librairie était un lieu de rencontres et d'amitié autour de la littérature, du féminisme et de l'identité basque. Cette expérience professionnelle restera pour moi une période fantastique. J'ai connu des centaines de lecteurs passionnés et engagés qui voulaient changer la vie façon Rimbaud. Ce fut une étape décisive pour moi. Après une vie de libraire, je suis naturellement devenue bibliothécaire en obtenant le "certificat d'aptitude aux fonctions de bibliothécaire" (qu'il était beau ce diplôme, hélàs disparu aujourd'hui !). C'est pour cela que j'ai une tendresse particulière pour tous les libraires et tous les bibliothécaires du monde entier !