jeudi 19 avril 2012

Atelier d'écriture, souvenir d'enfance

Dans le cadre d'une séance d'écriture en avril, Mylène nous a proposé d'écrire un souvenir de notre enfance, lié au cinéma. Voilà mon texte :
"L' Apollo"
Quand j'étais une petite fille, vers l'âge de dix ans, mes parents tenaient un bar sur la place du Boucau, proche de Bayonne. Ils travaillaient du matin au soir, du petit noir à l'apéritif. Personne pour m'accompagner au cinéma ! Ni grands-parents paternels, disparus tôt, ni grands-parents maternels vivant dans une contrée plus lointaine et qui se déplaçaient pour les grandes occasions familiales. Je ne renonçais pas au cinéma car dans les années 58-62, la petite ville où j'habitais possedait une salle polyvalente, baptisée l'Apollo, rouge et noire, immense et magnifique à mes yeux d'enfant. Tous les dimanches après-midi, il y avait une grande séance de cinéma : westerns, comédies françaises, films américains, péplums. Mes parents cloués au bar me donnaient une pièce pour le film, une autre pour la dame du panier. Sur le grand écran, défilaient en première partie des courts-métrages, des dessins animés, (la publicité n'avait pas encore envahi l'espace audiovisuel). Pendant l'entracte, la dame au panier circulait dans les rangées pour vendre des bonbons, des glaces, des barres de chocolat. Après cet intermède gourmand, le film démarrait et je me souviens de mon effarement devant "Les dix commandements" quand la Mer rouge s'ouvre pour sauver Moïse et son peuple. Grand moment de sidération collective ! Nous étions un public naïf, émerveillé devant ce spectacle grandiose de couleurs, de mouvements et d'images... Le cinéma apportait du rêve et de la magie dans un quotidien tissé d'école, de messes, de travail et de sorties bien modestes dans la grande ville des environs. Le cinéma nous ouvrait au monde des autres, des pays et des continents lointains, des époques passées et futures. Glorieux après-midi des dimanches dans un village tranquille du Sud-Ouest ! La salle regorgeait d'enfants, de jeunes, d'adultes, de bandes rivales. Le matin, j'allais à la messe, le midi, j'aidais mes parents pour servir l'apéritif dans notre bar, le soir, je rêvais de Moïse et je m'évadais du côté de la Mer rouge... "