jeudi 30 janvier 2020

"Le Consentement", 2

Cette histoire amoureuse hors-norme va se déliter quand la jeune Vanessa va enfin ouvrir les yeux sur son prédateur pervers. Elle commence à comprendre que son cher G.M. entretient des relations épistolaires avec d'autres jeunes filles. Elle constate "sa frénésie sexuelle" même s'il lui déclare qu'elle est la seule qu'il aime. Très fin stratège, l'écrivain raconte qu'il nourrit son œuvre avec toutes ses expériences, "ses conquêtes collégiennes". Vanessa devient sa muse et aussi un personnage de fiction. La Brigade des Mœurs le convoque pour des renseignements mais cette entrevue ne provoque aucune suite, ni une visite chez lui. L'écrivain peut mener la vie qu'il veut, se sentant protégé par les pouvoirs en place, en particulier l'ancien président François Mitterrand… Vanessa Springora accompagne le "Grand Ecrivain" dans une émission littéraire et elle écrit : "Et personne ne se montrera choqué, ni même embarrassé par le contraste entre le G. et mes joues pleines de gamine, sans fard ni accidents de l'âge". La narratrice raconte enfin  "La déprise" quand elle tombe sur un paragraphe d'un ouvrage où G.M. se met en quête de petits garçons de onze ans à Manille. Elle se sent "avilie et plus seule que jamais". Cet homme "n'était pas bon. Il était bien ce que l'on apprend à redouter dès l'enfance : un ogre". Cette découverte dissipe "le sortilège amoureux".  Le fatidique et grotesque Prince Charmant s'est transformé en pitoyable citrouille. Sentant que la jeune Vanessa s'éloigne, le quinquagénaire odieux la retient dans son emprise. Mais, Vanessa a enfin compris qu'elle se fourvoyait. Elle renoue des relations avec des jeunes de son âge. Elle met fin à cette relation en lui envoyant une lettre de rupture. Un certain Youri a permis ce dévoilement et commence pour la jeune fille une reconstruction de son être. Au fil des années, elle constatera que G.M. évoque cet amour dans ses ouvrages. Elle se sent instrumentalisée comme une proie, cet homme étant un vampire. Après une psychanalyse salvatrice, elle décidera d'écrire "Le Consentement" pour dénoncer l'exploitation de son image. Son témoignage provient d'une réaction quand elle a appris que cet écrivain avait obtenu un prix littéraire assez réputé dans les années 2010. Sa réputation littéraire pourtant très confidentielle (petits tirages de ses œuvres) avait donc mérité cette récompense. Invraisemblable, selon la narratrice et elle termine son récit en racontant son geste : elle déchire et découpe les livres de G.M. en "grand carnaval de confettis". Cette libération cathartique permet à Vanessa d'écrire ce très beau récit autobiographique sans haine, ni ressentiment. La littérature peut être souvent amorale mais, il ne faut pas oublier qu'elle n'est pas au dessus des lois, n'en déplaise à certains défenseurs de cet immonde imposteur…