vendredi 28 janvier 2022

Rubrique Cinéma : "Une jeune fille qui va bien"

 Sandrine Kimberlain, actrice française de talent, a décidé de prendre la caméra et son premier film, "Une jeune fille qui va bien" vient de sortir sur les écrans. C'est l'été 42 à Paris. Irène, (interprétée par Rebecca Marder) adore la vie et le théâtre en particulier. Jolie, insouciante, intelligente, la jeune fille croque ses vingt ans avec appétit. Elle vit chez son père (André Marcon), avec son frère Igor (Anthony Bajon) et sa grand-mère Marceline (Françoise Widhoff). Elle suit des cours de théâtre pour préparer un concours du Conservatoire et rêve aussi à son premier amour. Les jours passent dans une certaine allégresse de sa jeunesse prometteuse. Amis présents, famille aimante, études passionnantes, tout semble aller au mieux pour elle. Mais, l'inquiétude commence à percer chez le père et chez la grand-mère. Ils apprennent qu'il faut se déclarer comme juif à la préfecture de Paris. Irène ne mesure pas ces "contrariétés" dues à leur identité. Elle tombe enfin amoureuse d'un jeune homme, assistant de son médecin de famille qu'elle voit pour des évanouissements récurrents. Mais, un jour, Irène est obligée de porter l'étoile jaune. Il leur faut aussi déposer leurs vélos et leur téléphone à la Préfecture. Irène malgré tous ces événements ne peut pas imaginer le pire : "On n'a pas la peste, quand même !". L'examen approche pour Irène et son amie qui préparent une pièce de théâtre de Marivaux. Des scènes insouciantes se succèdent dans la vie de la jeune fille : répétitions, repas de famille, rencontres avec son amoureux, fêtes amicales. Le tragique de l'histoire surgit en une seconde quand la jeune fille, attendant les résultats de son concours, est dénoncée par une serveuse de bar. Un homme de la Gestapo se tient derrière elle et le film se termine sur cette image effrayante. Pour la réalisatrice, le film exclut le symbolique de la période nazie : pas de drapeaux, pas de soldats allemands, aucun S.S. en vue. Pourtant, la menace monte crescendo pour les citoyens juifs. Face à ce drame tragique, Irène symbolise l'hymne à la vie, à la culture, à l'amour et à l'amitié. La jeune comédienne, issue de la Comédie-Française illumine ce film par sa beauté espiègle, par son innocence et par sa joie de vivre. Quand on a vingt ans en 1942, la réalité morbide et tragique d'une France occupée semble irréelle. Sandrine Kimberlain s'est inspirée de journaux intimes relatant cette époque comme celui d'Helen Berr. La critique a soulevé l'aveuglement de la jeune Irène sur l'actualité de l'Occupation et de la déportation des Juifs. Ce beau film sensible et sobre pose la question permanente de l'antisémitisme, une question essentielle encore vive de nos jours. Un rappel historique salutaire pour ne jamais oublier.