vendredi 5 octobre 2018

Mykonos, 2

Dès le lundi matin, j'ai pris un bateau pour me rendre à Délos, un îlot à quelques kilomètres de Mykonos. Nous étions nombreux dans ce bateau, peut-être deux cents personnes et ces navettes fonctionnent deux à trois fois par jour. L'île de Délos n'est pas habitée et seuls les bateaux peuvent accoster. Quand j'ai commencé à apercevoir le site antique, j'ai vite compris que je me retrouvais devant un lieu exceptionnel de beauté. Entouré de toutes parts par la mer Egée, aride et inaccessible à cause du vent terrible, le meltemi, ce bout de terre isolé a pourtant porté un des sanctuaires les plus importants du monde méditerranéen. Comme j'aime beaucoup la mythologie grecque, j'ai appris que Délos est considéré comme l'île sacrée d'Apollon, le lieu de sa naissance. Léto, enceinte de Zeus, s'est refugiée sur cette île à peine visible à la surface des flots, pour échapper à la colère de Héra, la femme légitime. Dès le premier millénaire avant J.-C., les Ioniens inaugurèrent des jeux panhelléniques, tous les quatre ans. L'histoire de Délos mériterait des dizaines de textes sur mon blog mais, je ne suis pas une spécialiste pour raconter cette épopée antique et tragique car les guerres ont anéanti la population locale. Il faut pourtant avoir quelques notions historiques pour reconnaître ensuite sur le site les monuments en ruines : l'ancien théâtre, les maisons de Dionysos, des Dauphins, des Masques, du Trident où l'on peut admirer les mosaïques sur le sol, le temple des Syriens, l'agora des Déliens, la vallée des lions, etc. Se promener sous le soleil égéen à travers ses vestiges antiques (sans presque personne) restera un de mes plus beaux souvenirs des Cyclades. J'imaginais les habitants de cette terre sacrée vaquer à leurs nombreuses occupations de la vie quotidienne, imprégnée de rituels sacrés. J'avais l'impression qu'Apollon ou sa sœur Artémis surgiraient devant moi car ils s'étaient cachés derrière  des colonnes. J'ai visité aussi le musée attenant au site : j'ai ainsi admiré les mosaïques murales, des kouroi, les lions (des copies remplacent les vrais), des beaux vases, des objets trouvés sur le site. Classé au patrimoine mondial de l'Unesco, ce site magnifique, (où j'ai senti de très près le souffle de ces Déliens téméraires), a été fouillé depuis 1873 par l'Ecole française d'Archéologie, une fierté pour notre pays de culture. Un rendez-vous essentiel avec la Grèce antique. Quand je suis revenue à Chora, j'avais déjà envie de retourner à Délos, lieu protégé du tourisme de masse, des commerces de Mykonos, de la musique d'ambiance (imaginons que le site soit sonorisé !). J'étais rassurée de voir qu'il existait encore et pour longtemps (je l'espère) des sites sacrés, hors du temps et hors d'atteinte d'une modernité agressive et contestable…