lundi 8 juin 2015

"Sur l'idée d'une communauté de solitaires"

Cet ouvrage de Pascal Quignard, paru chez Arléa en mars 2015, est composé d'un récit, "Les Ruines de Port-Royal" et de chapitres complémentaires aux "Ruines". Cet écrivain si singulier, si atypique dans le monde littéraire peut passionner ou rebuter le lecteur(trice). Pour ma part, son œuvre entière me fascine même si son écriture subtile, son érudition passent pour de la "cuistrerie" pour certains critiques. Je le lis depuis au moins deux décennies et dès qu'un livre paraît en librairie, je "cours" pour l'acquérir. Je crois que ma bibliothèque a déjà un mètre linéaire de "Quignard". Ce petit livre de 77 pages contient une conférence, donnée deux fois, sur les Ruines de Port-Royal. L'écrivain  a récité ce texte accompagné de musiciennes au clavecin et à l'orgue. Littérature et musique baroque se conjuguent à merveille. On ne peut pas résumer un ouvrage de Pascal Quignard. Il évoque des musiciens (Purcell, Rameau, Froberger, Couperin),  le peintre Georges de La Tour. Mais, parfois, il délaisse les grandes figures du Baroque pour parler de lui, de l'écriture, de la solitude. Je citerai cette phrase : "J'ai cherché partout dans ce monde, le repos, le requiem, un abandon, une halte,  et je ne l'ai trouvée que dans un coin avec un livre". La communauté des solitaires de Port Royal était composée d'hommes de la société civile en rupture sociale et familiale. Ils voulaient vivre comme des moines sans adopter les vœux. Pascal Quignard leur ressemble quand il relate sa maladie foudroyante en 1997. Il a aussi tout quitté (son poste d'éditeur chez Gallimard) pour se consacrer entièrement à son œuvre littéraire, "Le Dernier Royaume", une suite de 14 volumes, prévus par l'auteur (le neuvième tome, "Mourir de penser", est sorti l'année dernière). Dans le dernier chapitre, l'écrivain revendique l'état de solitude, "Enfin, dans cet espace, on respire. On ferme la bouche. On écrit. On est seul. On est soi. On respire." et cette citation pour conclure mon billet : "Tous ceux qui lisent sont seuls dans le monde avec leur unique exemplaire. Ils forment la compagnie mystérieuse des lecteurs". Cela pourrait devenir ma devise...