dimanche 25 mai 2014

Hommage à Jean-Claude Pirotte

Jean-Claude Pirotte vient de s'éteindre à l'âge de 74 ans. Il a lutté contre le cancer pendant des années mais la maladie l'a emporté. Cet écrivain-poète était belge francophone et son œuvre multiple et éclectique révèle un amoureux des mots, de la littérature et des écrivains. Il tenait une chronique mensuelle dans la revue Lire et j'ai découvert grâce à ses critiques, les poètes d'aujourd'hui. J'ai lu sur Wikipédia qu'il avait été avocat de 1964 à 1975 et qu'il avait été exclu du barreau pour une histoire d'évasion d'un de ses clients. Ce passé d'ennuis judiciaires a provoqué son installation en France et il s'est consacré à l'écriture et à la peinture. Il publie des romans chez le bel éditeur "Le Temps qu'il fait", la Table ronde, etc. Il admire André Dhôtel, Georges Bernanos, Jacques Chardonne.  Il a reçu des prix littéraires pour sa poésie et l'Académie française lui a décerné son grand prix en 2012 pour l'ensemble de son œuvre. Il a vécu ses dernières années dans le Jura. En observant la liste de ses livres, j'ai remarqué les mots qu'il utilisait : "goût de cendre, la pluie, fond de cale, vallée de misère, feuille morte, automne, voyage, cavale, rêve, cheval de bois, cave, âme perdue, brouillard". Cet écrivain parlait du monde d'avant, de mélancolie, de grisaille, de la vie ordinaire, des hommes perdus, de l'amour. Sa prose poétique était à la portée de tous les lecteurs et sa simplicité authentique déclenchait émotion et sensibilité. Il faisait partie des écrivains non-médiatisés, et sa rencontre avec son œuvre n'était pas non plus des plus faciles. Il fait partie de la sphère des "taiseux", des "discrets" mais la musique intérieure de ses mots atteint et atteindra les lecteurs(trices) curieux et attentifs. Je vais essayer de retrouver un poème qu'il avait écrit dans les années 90 et une rime se terminait par Tarare, une petite commune du Rhône où j'ai crée une Médiathèque de 1989 à 1995. J'ai, hélas, perdu le titre du recueil mais je m'en souviens comme d'un clin d'œil amical sur un coin perdu, pourtant proche de Lyon. Mon exil à Tarare m'a pourtant été très bénéfique car j'ai vécu ma plus belle expérience professionnelle de bibliothécaire... Jean-Claude Pirotte, un poète qui nous a quittés mais son œuvre nous accompagne...
             

vendredi 23 mai 2014

"Notre nom est un île"

Un petit éditeur bien courageux, Editions Bruno Doucey, a publié un tout petit recueil de poésies, signé Jeanne Benameur. Comme j'avais rencontré cette écrivaine à Chambéry dans le cadre du Festival du Premier Roman et que j'avais apprécié ses deux derniers romans, "Les insurrections singulières" et "Profanes", j'ai eu la curiosité de lire Jeanne Benameur poète. L'éditeur définit la poésie dans la préface en la comparant a un espace de liberté : "D'île en île, de visage en visage, de solitude en solitude, la poésie déplace les lignes d'horizon et nous invite à voir le monde autrement. Insurrection singulière et partagée, elle est une espace de liberté que rien ni personne ne peut aliéner." Les poèmes sont écrits avec un langage simple, direct. En lisant ce recueil, j'ai constaté l'absence d'hermétisme, de fioritures, de tournures sophistiquées. Le souffle poétique nous caresse les yeux et le cœur et on se laisse aller devant ses mots tout en absorbant son message, évidemment secret, qui demande une lecture intuitive et émotive. Je me permets d'en citer un :
"De lourds navires à quai
dans nos poitrines
 
Avons-nous navigué ?
Qu'avons-nous vu du monde ?
 
Tout reste à lire
nous le savons
dans l'herbe
dans le sable
sous le pied qui trébuche au caillou
sous l'algue
Il faudrait déchiffrer
tout ce qui est offert
lire l'empreinte
 
Mais nous sommes nous-mêmes empreints.
Et nous sommes ignorants."
 
En fin de recueil, l'écrivaine-poète écrit une postface lumineuse sur l'écriture et j'ai aimé cette phrase : "Parce que j'ai compris, de tout mon être, que l'alphabet est la seule et paradoxale chance qui m'était donnée pour faire lien avec les autres, tous les autres, dans le silence tissé par les mots justes, j'écris."
 

jeudi 22 mai 2014

"Apaisement"

Il lui a fallu attendre de longues années pour connaître cet "apaisement", je veux parler de Charles Juliet et de son journal, le septième, retraçant les années 1993-2003. Son fidèle éditeur P.O.L. l'accompagne depuis les années 70 et j'ai lu son journal de tome en tome avec un intérêt toujours aussi vif et une empathie certaine pour cet écrivain-poète. Il a connu le succès (enfin) avec "L'année de l'éveil", un récit sur son adolescence comme enfant de troupe dans une école militaire à Aix en Provence. Il a aussi rencontré son lectorat avec "Lambeaux", un livre bouleversant sur sa mère, atteinte de troubles mentaux et morte de faim pendant la guerre. Le sentiment de solitude d'enfant va le hanter toute sa vie dans beaucoup de ses textes dont le "Journal". Paru en 2013, son journal évoque ses rencontres avec des lecteurs, des amis, des artistes. Sa sociabilité et son investissement dans le monde des lettres, dans les librairies, les bibliothèques jusqu'aux visites dans les prisons montrent un écrivain engagé dans le militantisme... de l'écriture. Il croit à la valeur thérapeutique de la création littéraire et il avoue que l'écriture lui a sauvé la vie tant la dépression prenait souvent le "dessus" dans sa vie passée. Dans sa vie d'écrivain, le monde est bien présent à travers les anecdotes sur des sujets d'actualité et même sur la vie politique. Je cite ses mots pour définir son projet : "L'écriture fait partie intégrante de mon aventure intérieure. Au point qu'elles en sont en moi confondues. Mon journal m'a permis de réaliser une auto-analyse, de résigner mon moi et de m'engager dans la recherche du soi, un soi si difficile à atteindre. (...) L'important est d'avoir accès à son intériorité. (...) De toutes les aventures possibles, celle-ci est la plus passionnante, celle qui ménage les plus étonnantes et les plus fécondes découvertes." Son journal de la maturité, "Apaisement", prend tout son sens car Charles Juliet nous offre ce sentiment si précieux, si rare dans la vie : calmer ses angoisses, dompter ses démons intérieurs, s'ouvrir aux autres et à la vie, toujours maintenir à vif sa passion de l'écriture, de la poésie et de la peinture. Il dit lui-même que ce journal est un ensemble de notes poétiques pour "restituer des moments de vie, des rencontres, des souvenirs, des lectures, des émois, des errances intérieures, des réflexions sur la connaissance de soi, le difficile retour à la source, la conquête d'une efficace liberté." Si vous aimez la parole intime des écrivains, il ne faut pas manquer de découvrir Charles Juliet, un écrivain discret mais, ô combien, essentiel.

mercredi 21 mai 2014

Rubrique cinéma

J'avais vu des extraits de ce film en avant-programme sans savoir qu'il était dans la sélection du festival de Cannes. Pour les âmes sensibles, il vaut mieux s'abstenir. Pour tous ceux et celles qui vivent dans une atmosphère de gaité, de légéreté et d'optimisme béat, il vaut mieux ne pas dépenser 6,80 euros pour voir ce western hors-norme, "The Homesman",  que Télérama a intitulé dans son long article, "Sur la piste des pionnières devenues folles" ou l'histoire d'un Far-West plus vrai que légendaire, plus authentique que touristique. La folie féminine dérange, perturbe, effraie et au final, tétanise le spectateur. Le réalisateur, Tommy Lee Jones, est aussi l'acteur principal, bougon, ronchon, dur et indiffèrent.  On imagine mal une Amérique de l'Ouest aussi terrible qu'au milieu du XIXème siècle : les pionniers n'habitaient que des masures en bois, étaient éloignés les uns des autres, et vivaient sous la menace des hivers rudes, des Indiens pas gentils du tout, des épidémies, des maladies. Cette conquête d'un nouveau Eldorado ressemble plus à l'Enfer qu'au Paradis. Dans ces espaces illimités, Mary Bee Cuddy, une pionnière forte, déterminée, cultive ses terres et ne rêve qu'à se marier et fonder une famille. Mais ses tentatives de relation restent vaines malgré sa beauté. Elle fait peur aux hommes. La communauté religieuse lui demande de conduire trois femmes atteintes de folie, de dérèglement mental, pour les soigner. Elle rencontre un homme rustre qu'elle sauve de la pendaison et ils vont ainsi entreprendre un long voyage parsemé d'aventures dangereuses où ils vont rencontrer des Indiens inquiétants, des hommes violents, et surtout ils vont s'associer pour "contenir" la violence d'une des femmes malades. Ce film devient un périple moral et philosophique qui va transformer les personnages. George Briggs, le cynique, va éprouver de la pitié envers ces trois femmes en détresse, victimes de viols, de maltraitance conjugale. La vie qu'elles mènent les rend tout simplement "folles" : la perte de leurs enfants, morts de maladie, la solitude de ces terres, la rudesse du travail agricole, l'éloignement de leur famille, l'isolement des fermes. Mary Bee Cuddy représente la bonté, la générosité et quand cet homme lui refuse le mariage, alors qu'ils ont vécu une expérience qui pourrait les rapprocher, elle aussi, perd la tête. Elle se pend de désespoir à un arbre et laisse Briggs tout seul avec les trois malades. Comment va-il réagir ? Les abandonner ou les mener à la femme du pasteur qui va les prendre en charge ? Allez voir ce film parfois éprouvant mais tellement prenant : vous verrez une épopée tragique, un drame humain historique, un portrait de ces femmes dont le courage et l'abnégation en font des héroïnes "bibliques"... Un grand film épique dans un Far-West terrible, un beau film d'amour malgré tout.

mardi 20 mai 2014

Atelier d'écriture

Mylène nous a proposé ce mardi 20 mai un atelier "cinéma" : elle nous a lu des extraits du livre de Jean-Gustave Le Clézio, "Ballaciné" édité chez Gallimard où l'écrivain parle de sa fascination du cinéma qu'il définit comme "l'art des visages". Mais la littérature reste son "chant de l'être", sa rêverie sur le langage, un envoûtement total. Il fallait travailler notre mémoire "filmique" et établir une liste de nos toiles préférées depuis la nuit des temps. Une fois cette liste composée, un film devait être choisi et décrit. On a pu ainsi découvrir des films aussi différents que "Tarzan", "Alexandre Nevski", "Le grand Bleu", "Le promeneur d'oiseau", etc. J'ai pensé à "Villa Amalia" tiré du roman de Pascal Quignard et voici mon texte : "La mer guérison"
Une femme musicienne découvre la trahison de son compagnon. Rupture totale, geste impardonable, retour à l'envoyeur, coupure radicale. Cette femme, Isabelle Huppert, ne compose pas avec les à peu-près du réel. Entière, passionnée, fidèle, elle refuse le postulat du "je t'aime mais j'en aime aussi une autre"... Elle se retrouve seule, blessée à mort, sur une île italienne dans une petite maison face à la mer. J'aime son extrême solitude, son isolement au milieu de la beauté maritime. Ressourcement, résilience, plénitude devant la mer. Le regard de la comédienne sur la mer et sur l'horizon raconte sa nouvelle sauvagerie et sa liberté retrouvée. Après la solitude, elle rencontre une femme, un homme et finit par renaître. J'aime les héroïnes de Quignard, leur amour de l'absolu et de la passion amoureuse. Des femmes seules, égarées, entières et radicales. Un film solaire et solitaire avec une femme fascinante. " Dans la deuxième partie de l'atelier, Mylène nous a lu un portrait de Jean Gabin écrit par Jacques Prévert et on devait choisir un acteur ou une actrice pour en faire le portrait à la manière du poète. Voici mon texte :
"Elle,
Discrète, distante, elle ne s'épanche pas en paroles inutiles,
elle ne se "la joue" pas comme on dit familièrement,
Droite, calme, intérieure, elle parle, pourtant,
Jeune, âgée, elle est la même et pas une autre, ne change pas,
le temps ne l'abîme pas,
D'une voix douce et claire,
son jeu d'actrice l'éloigne du spectacle,
elle est nue, Emmanuelle, avec pudeur et retenue,
ce n'est pas une actrice,
c'est une femme qui s'offre aux textes et aux images,
elle s'appelle Emmanuelle Riva. "
Merci à Mylène de nous lire à voix haute les textes d'écrivain, une source inépuisable d'imagination, de sensations et d'influences créatives...  

lundi 19 mai 2014

"Vivre à présent"

Nadine Gordimer, née en 1923, nous donne une sacrée leçon de vie et d'espoir en écrivant en 2012 (elle a donc 91 ans !) ce roman, "Vivre à présent", que l'on lit avec admiration tout au long des pages. Ses lecteurs(trices) la suivent depuis de longues années et cette grande dame des lettres africaines a reçu le prix Nobel en 1991. Militante des Droits de l'Homme, militante contre l'apartheid, elle n'a jamais quitté son pays pour fuir la réalité politique qui semble bien complexe aux yeux d'un lecteur(trice) européen(ne)...  Son roman raconte l'histoire d'un couple mixte : Steve est blanc, mi-juif mi-chrétien  et sa femme, Jabulile, est une noire zouloue.  Ils ont milité au sein de l'ANC, ont vécu dans la clandestinité et ont même connu la prison. Ils se retrouvent dans un quartier embourgeoisé en acquérant une maison et fréquentent d'anciens camarades, militants comme eux. Ils essaient de comprendre et de s'intégrer dans cette nouvelle société post-apartheid, multiculturelle et égalitariste. Steve obtient un poste à l'université et mesure l'énorme fossé entre les étudiants noirs et les autres. Il met en place des cours de rattrapage et se bat pour améliorer la situation. Sa femme travaille au sein d'une association comme avocate et elle tente de venir en aide à toutes les victimes de l'apartheid. Leur couple est totalement accepté dans leur entourage familial, du côté du père de Jabulile, pasteur dans une communauté zoulou et du côté des parents de  Steve, progressistes et tolérants. Ils ont deux enfants : la fille grandit sans problème, mais le garçon présente des troubles du comportement. Le sport et le soutien de son grand-père zoulou apaisent leur fils, qui vit son adolescence dans un tourbillon de vie quelque peu désordonné. Nadine Gordimer intègre dans son roman beaucoup de dialogues "politiques" sur la situation du pays. La corruption gangrène le milieu des responsables au sein même de l'Etat. Si on veut suivre les commentaires des protagonistes, il vaut mieux s'informer sur la situation de l'Afrique du Sud. On lit quand même avec intérêt les interrogations de la petite communauté de ce quartier multiculturel. Le couple Steve-Jabulile vit dans la hantise de la violence sociale (la description d'un épisode d'agression contre une parente zouloue symbolise l'insécurité du pays). Steve décide de se renseigner pour immigrer en Australie. Sa femme, pourtant réticente, finit par admettre qu'ils doivent partir et acceptent d'entreprendre les démarches pour concrétiser leur installation dans ce pays à priori moins violent, plus harmonieux, plus neuf. Ce projet bouleverse leur vie quotidienne et le sentiment de trahison, d'abandon de leur cause finit par fragiliser leur famille respective et leur couple. Je ne dévoilerai pas l'issue du roman pour vous donner envie de lire ce grand roman politique et historique qui résume la planète "Gordimer" : des destins individuels dans le devenir d'un pays encore englué dans les inégalités sociales, le nouvel apartheid, des questions raciales et multiculturelles, des interrogations philosophiques et des réponses tâtonnantes. Comment vivre dans ce pays ? Comment survivre dans un pays violent ? Nadine Gordimer, en bonne militante, semble nous dire que personne ne doit déserter...  

vendredi 16 mai 2014

Rubrique cinéma

Temps moyen pour ce jeudi, direction le cinéma L'Astrée pour voir le film "D'une vie à l'autre" des réalisateurs allemands, Judith Kaufmann et Georg Mass. L'histoire se situe en Norvège en 1990 dans une famille qui semble vraiment à l'apogée du bonheur familial : le père est toujours amoureux de sa femme, leur fille, mère célibataire vit avec ses parents et la grand-mère s'occupe à merveille de ce petit monde. Mais les apparences sont trompeuses. La mère d'origine allemande fait partie des bébés norvégiens qui ont été enlevés à leurs mères, coupables de relations avec des soldats allemands. Dans le cadre d'une enquête diligentée par la Cour européenne des Droits de l'Homme, il est question de rendre justice à toutes ces victimes. Katrine se dérobe et refuse de témoigner. Elle part précipitamment en Allemagne pour effacer les traces d'un nom dans un orphelinat. On comprend qu'elle cache une identité secrète : elle appartient à la STASI, les services secrets de la RDA qui l'ont envoyé en Norvège pour espionner le pays. Comme le Mur de Berlin est tombé, le rôle des services secrets prend toute sa dimension dramatique dans la manipulation des êtres humains. Au fil du récit, la vérité prend forme et le malaise grandit dans la famille. Le jeune avocat va contraindre Katrine à témoigner pour rassurer sa famille. Mais, lors de l'entretien, elle oublie de mentionner la présence d'un policier, ce qui intrigue le jeune avocat. Et il faut attendre le dernier quart d'heure pour comprendre l'itinéraire de cette femme à la double vie... Ce film à la fois historique et politique montre l'ambiance glauque et trouble de la guerre froide entre le monde communiste et le monde libre dans les années de l'après-guerre. La mère de Katrine, jouée par la magnifique Liv Ullmann, voit sa vie s'effondrer en apprenant que sa fille n'est pas sa vraie fille. Le mari et la fille sont aussi anéantis par la vérité. Comment vivre sur un mensonge ? Je ne dévoilerai pas la fin pour vous donner envie d'aller le voir... Ce film vraiment original suscite l'émotion quand on songe au destin des êtres broyés par l'Histoire, et révèle une période de l'histoire européenne pas du tout glorieuse...

jeudi 15 mai 2014

Atelier de lectures, 2

La deuxième partie s'est avérée plus périlleuse concernant les ouvrages tirés au sort. J'avais choisi quelques romans policiers d'Actes Sud dans sa collection "Noirs" mais le bilan est fort mitigé, à part la série de Millenium (3 tomes) du suédois Stieg Larsson et les solides Camilla Lackberg (("La Princesse des glaces, etc.). L'avis des lectrices semble négatif pour les titres que j'avais trouvés sur les étagères de la médiathèque, les meilleurs de la collection étant certainement dehors chez les lecteurs... Donc, je n'ai pas enregistré des coups de cœur, côté Actes sud. J'avais proposé aussi quelques titres d'écrivains français que je qualifierai de classiques contemporains, en format de poche. Geneviève a présenté "La place", écrit en 1982,  d'Annie Ernaux, un récit romancé d'une femme professeur qui relate les relations avec ses parents, épiciers dans un village normand. Le décalage culturel et intellectuel crée un malaise qu'elle ressent comme un sentiment de trahison. L'œuvre entière d'Annie Ernaux se rapproche de l'analyse sociologique dans une France en mutation. Elle vient d'écrire un ouvrage sur... l'hypermarché de sa ville "Regarde les lumières, mon amour", introduisant ainsi dans la littérature contemporaine le quotidien le plus concret et le plus prosaïque qui soit. Je recommande son livre que je trouve très important pour la vie des femmes, "Les années", sorti en Folio. Régine a lu le récit autobiographique de Simone de Beauvoir "Une mort très douce"  où elle raconte la douloureuse agonie de sa mère et ce témoignage est un plaidoyer pour le droit de mourir dignement et contre l'acharnement thérapeutique. Un livre militant comme toute l'œuvre de Simone de Beauvoir. Régine toujours aussi motivée et volontaire a aussi lu "La vie mentie" de Michel Del Castillo, ou l'histoire de Salvador Portal, un ancien soixante-huitard à la recherche de la vérité sur un grand-père de légende, assassiné en 1936 pendant la guerre civile. Un univers littéraire à découvrir surtout si l'Espagne vous touche. Véronique a découvert "Livret de famille" de Patrick Modiano, un puzzle de quatorze récits où le réel vécu se mêle aux souvenirs imaginaires. Une lecture surprenante et un peu déconcertante pour Véronique. Danièle a terminé la deuxième partie de l'atelier en mentionnant l'ouvrage de Pierre Michon, "Vies minuscules". Elle a ressenti une difficulté pour entrer dans les pages de ce livre mais elle s'est laissée glisser dans les longues et belles phrases de Michon et le charme a opéré... Michon conte huit vies anodines, simples, "minuscules" dans une France rurale du début du XXème siècle. Un œuvre singulière à découvrir. Nous avons eu le temps d'évoquer le Festival du Premier Roman de Chambéry grâce à Régine, qui a lu une bonne trentaine de romans dont les 14 sélectionnés. Elle a présenté la liste pour nous donner envie de rencontrer les auteurs invités à Chambéry du 22 au 25 mai. Un rendez-vous à ne pas manquer.  

mercredi 14 mai 2014

Atelier de lectures, 1

Nous étions un peu moins nombreuses ce mardi 13 mai, mois des ponts et des vacances courtes, mais la séance s'est révélée riche d'enseignements et d'informations pour les lectrices disponibles. Côté coups de cœur, Geneviève a démarré avec une relecture de John Steinbeck, le célèbre "Des souris et des hommes", adapté au cinéma et qui n'a rien perdu de sa force et de son humanité. Deux ouvriers journaliers rêvent d'une ferme dans une Amérique rurale des années 30 mais le rêve va tourner au cauchemar... Un grand, très grand classique à lire ou relire. Janelou a choisi un témoignage d'un père sur son fils schizophrène, "Le coupe-ongles" de Stéphane Alexandre aux éditions Les Arènes. Ce père n'a pas vu les signes de la maladie sur son fils, une maladie mentale qui fait peur et une fois son fils interné, il témoigne de l'univers psychiatrique et dénonce la situation d'exclusion des malades et de leurs familles. Une écriture au service d'une cause souvent incomprise, mise sous silence. Un document précieux pour tous ceux qui sont concernés (plus de 800 000 citoyens) par cette situation... Janelou a aussi proposé dans un autre registre, le roman d'André Brink, "Une saison blanche et sèche", publié en 1980. La vie de Ben Du Toit, professeur Afrikaner, bascule quand il se révolte contre le système de l'Apartheid après avoir compris que le fils du balayeur noir de l'école a été torturé par la police. Ce livre avait obtenu le Prix Médicis et l'écrivain a écrit un plaidoyer vibrant contre le racisme, l'intolérance et la ségrégation.  Un livre-témoignage, incontournable pour appréhender l'Afrique du Sud d'hier à aujourd'hui. Régine a évoqué "Pietra viva" de Leonor de Recondo. Michel Ange quitte Rome pour s'installer à Carrare pour choisir le matériau d'une tombe papale. Il va vivre au rythme de la carrière  et ce temps de solitude déclenche un retour dans son passé.  J'avais écrit un billet sur son deuxième roman, "rêves oubliés" très réussi, dans ce blog et son univers sensible servi par une écriture "délicate", possède un charme certain. A découvrir. Nicole a présenté "Notre-Dame du Nil" de l'écrivaine Scholastique Mukasonga (Prix Renaudot 2012). Rescapée du massacre des Tutsi, l'écrivaine offre un roman poignant où des adolescentes tentent de survivre. Nicole qui aime beaucoup les "policiers" a aussi proposé "Les harmoniques" de Marcus Malte, un plaisir de lecture à travers deux personnages, un pianiste jazzy et un chauffeur de taxi qui recherchent la cause de la mort de Vera, brûlée vive. Il est question des Balkans et d'une guerre oubliée. Ce roman a obtenu le prix Mystère en 2012. Mylène a récidivé en évoquant un roman de Philippe Vilain adapté au cinéma, "Pas son genre" que l'on peut encore voir au cinéma L'Astrée. On s'est donc fait la promesse de voir le film et de lire le livre pour avoir les deux points de vue, celui de l'écrivain et celui du cinéaste. Un sujet intéressant sur les différences sociales et culturelles comme dans le film de Nicole Garcia "Un beau dimanche".  Danièle a terminé la première partie de l'atelier en présentant "La grand-mère de Jade" de Frédérique Deghelt, paru au Livre de poche. C'est l'histoire d'une grand-mère que ses trois filles mettent dans une maison de retraite mais sa petite fille l'enlève et l'emmène chez elle. Elles vont partager un trésor commun : le goût de la lecture... Un roman familial un peu naïf selon Danièle mais fort sympathique. Demain, j'écrirai la suite...

mardi 13 mai 2014

"La caverne des idées"

Dès la première phrase du roman, José Carlos Somoza captive le lecteur(trice) : "Le cadavre reposait sur de fragiles brancards en bois de bouleau. Le torse et le ventre étaient couverts d'hématomes, les chairs déchirées maculées de sang coagulé et de terre séchée, mais la tête et les bras présentaient un meilleur aspect." Ce roman-thriller est édité dans la collection "Noirs" d'Actes Sud et demande parfois une attention concentrée et un effort pour mémoriser, ne serait-ce que, les noms grecs des personnages. L'écrivain espagnol (né à Cuba mais vivant à Madrid) joue sur deux registres : un texte grec d'un traducteur qui raconte l'histoire de crimes sur des éphèbes et la vie de traducteur dans les notes en bas de page.  A partir de cette construction, l'histoire principale se déroule dans la Grèce antique après la guerre du Péloponnèse. Le corps mutilé, découvert sur le mont Lycabette, porte un nom : Tramaque, un élève de Diagoras, son tuteur à l'Académie de Platon. La rumeur publique évoque la morsure des loups mais son tuteur doute de cette interprétation. Il fait appel au "déchiffreur d'énigmes", Héraclès Pontor, (alias Hercule Poirot) chargé de mener l'enquête. Il se penche sur les relations de Tramaque pour rechercher les motifs de ce meurtre et il apprend qu'un de ses meilleurs amis est aussi assassiné dans des conditions mystérieuses. Il est alors question d'une secte qui célèbre une religion très particulière. Je ne dévoilerai pas le nœud de l'intrigue. Ce roman policier hautement antique plaira à tous les lecteurs(trices) qui aiment  l'histoire ancienne sous la forme du thriller politique et religieux. On peut laisser de côté l'histoire secondaire du traducteur (écrit en trop petits caractères) sans nuire au récit principal. Rencontrer Platon au fil du récit, découvrir le rôle de la religion dans la société grecque, ressentir les émotions des personnages, revivre le quotidien de l'agora, connaître les secrets d'une secte plus que spéciale, méritent un certain effort de lecture. Un conseil à suivre : il faut franchir les trente premières pages sans se décourager et ensuite, la récompense arrive : un retour fulgurant dans un passé si proche et si lointain. Un roman vraiment original et comme je me suis mise à l'heure grecque, j'ai apprécié, bien évidemment, le contexte historique...


lundi 12 mai 2014

Erri De Luca

J'ai évoqué Erri De Luca, cet écrivain italien dans un de mes derniers billets pour son dernier roman, "Le tort du soldat" et je viens de finir un document qui regroupe des entretiens et des textes sous le titre "Essais de réponse", paru dans la collection Arcades de Gallimard en 2000. J'ai retrouvé avec plaisir ses pensées intimes, les souvenirs de son enfance, la matrice de son œuvre, ses idées politiques, et surtout sa conception d'une vie influencée par la présence des livres. Je cite ce passage significatif : "J'ai dormi dans la pièce des livres de mon père depuis que je suis né jusqu'au jour où j'ai claqué la porte pour risquer ma vie tout seul, à dix-huit ans. Sa bibliothèque était  vaste de toutes les années d'un lecteur famélique. (...) Les livres de mon père furent un miracle, bien plus profonds que les mondes que j'allais connaître. La bibliothèque se dressait autour de mon lit comme une tour, avec glacis, solitude, silence. Je l'ai entièrement parcourue, la nuit, comme un fantôme enchaîné au blanc des pages qu'il traîne derrière lui dans un bruissement. J'ai eu cette chance : une bibliothèque pour assouvir ma soif de connaître le reste, au-delà de la frontière des immeubles, au-delà du volcan et de la mer. Celui qui se trouve dans un espace exigu, dans une vie barrée, des années sans une clé en poche, n'est pas encore perdu s'il a une pièce étreinte par les livres. Moi, je l'ai eue dans une maison sombre, où l'été les étagères suaient une fine poussière, une farine de pages.  Pour celui qui est aux abois, il y a le ciel ou bien les livres. Dans les deux cas, sa solitude est envahie et apaisée par les voix les plus belles du monde". Je m'incline devant un si beau texte sur l'amour des livres et de la littérature...

vendredi 9 mai 2014

Rubrique cinéma

Mardi, je suis allée au cinéma pour voir "States of Grace" du réalisateur américain Destin Cretton. Grace est éducatrice dans un centre fermé pour adolescents en difficulté. Cette jeune femme fait preuve d'une patience infinie envers ses pensionnaires qui sont tous en proie au mal vivre et à l'angoisse. Mais dans ce milieu anxiogène, la solidarité et une bonne ambiance entre les éducateurs et les jeunes facilitent la vie quotidienne. Une nouvelle recrue intègre l'institution et sème dès son arrivée un certain trouble. Elle se montre particulièrement insolente et cynique, et s'isole du groupe.  Grâce fait preuve d'une mansuétude empathique envers elle et tente des approches plus personnelles pour comprendre la personnalité troublante de l'adolescente. Dans l'équipe professionnelle, les éducateurs se montrent tous profondément humains malgré le recours à la fermeté physique quand ils calment les adolescents en pleine crise. Grace partage sa vie avec l'un des éducateurs et quand Grace lui apprend qu'elle attend un bébé, ils décident de se marier. Or Grace cache un secret intime qu'elle ne veut en aucun cas dévoiler. Sa relation avec l'adolescente va faire resurgir un traumatisme qu'elle a subi dans son enfance. En fait, Grace découvre aussi que sa protégée ne veut pas aller voir son père car il l'a violée. Cet inceste révèle le comportement violent et autodestructeur de la jeune fille. Seule, Grace découvre ce drame car cet événement lui rappelle ce qu'elle a elle-même vécu. On apprend aussi que son père sort de prison et cette libération bouleverse Grace qui ne veut plus se marier et ne désire plus l'enfant. Je ne vais pas dévoiler le dénouement pour donner envie de voir ce film américain indépendant. Un film délicat, sensible, émouvant sur l'adolescence en souffrance et sur la jeune adulte forte et équilibrée qui peut cacher des failles et des fragilités bien compréhensibles. Le crime de l'inceste père-fille est dévoilée à travers les deux personnages féminins principaux dans un jeu de miroir qui mène les deux jeunes femmes à se libérer de ce drame épouvantable... Un beau film sans pathos, réaliste et malgré tout plein d'espoir sur la vie d'après...

lundi 5 mai 2014

Apprendre le grec ancien

J'ai eu l'envie d'intégrer l'atelier d'écriture de Mylène à Chambéry, en octobre 2010, année de ma retraite. Et dans cet atelier vraiment convivial, j'ai peu à peu "creusé mon sillon" et j'ai partagé de très bons moments d'écriture et de lecture. Je tiens à poursuivre cette activité  et j'ai proposé de le compléter dès la rentrée 2012 d'un atelier "lectures". En apprenant qu'Evelyne avait été professeur de français, de latin et de grec, j'ai pensé à l'apprentissage du grec, un rêve que je n'ai jamais pu réaliser. J'ai fait trois ans de latin à l'université de Pau dans les années 70 pour obtenir ma licence de lettres modernes. Le grec n'était pas au programme à l'époque et quand j'étais au lycée, j'étais meilleure en maths qu'en français de la Sixième à la Troisième. Dans ces années-là, c'était déjà une matière confidentielle et élitiste. J'ai donc oublié au fil du temps mon désir du grec ancien. Et quarante ans après, me voilà à la retraite (avec soulagement) et se présente une opportunité rare : apprendre cette langue qui me semblait inaccessible. Evelyne s'est montrée tout de suite ouverte à ma proposition. Ce projet de me lancer dans une entreprise linguistique semble un peu absurde, surtout à mon "âge"... J'ai découvert la Crète, il y a 10 ans, et la Grèce en 2010. Devant le Parthénon à Athènes, dans le théâtre d' Epidaure, j'ai ressenti une émotion esthétique réelle face à ces splendeurs antiques. J'ai aussi lu la merveilleuse Jacqueline de Romilly qui m'a transmis sa passion de la Grèce antique. Et j'ai toujours été attirée par la philosophie des Grecs anciens (Epicure, Platon, Socrate, etc.). Je consacre trente à soixante minutes par jour à l'étude de la langue d'Homère. Evelyne m'offre généreusement et patiemment une séance par semaine, et j'avance chemin faisant dans la complexité d'un langage à l'alphabet différent, à  la structure grammaticale à déclinaisons, et au génie elliptique de la construction des phrases. Un régal pour l'esprit, un passe-temps intellectuel tonique, une curiosité culturelle enrichissante et un exercice neuronal primordial pour la gymnastique du cerveau. Je redis ma reconnaissance, ma gratitude envers Evelyne qui m'a permis de réaliser un de mes rêves d'étudiante de lettres. Pourquoi étudier une langue morte ? Mais justement, comme le grec ancien disparaît des programmes scolaires, j'aime les causes en perdition... J'ai l'impression de dialoguer avec des ancêtres de 2500 ans quand j'arrive à comprendre des petits bouts de texte. Apprendre le grec ancien m'a même donné aussi envie d'avoir des notions d'italien, de portugais et d'approfondir mon espagnol. Ma motivation pour découvrir, apprendre, retenir, déchiffrer,  reste vive et cette disposition à la curiosité me rajeunit de quarante ans ! Qui dit mieux ?

vendredi 2 mai 2014

Alain Finkielkraut

J'ai remarqué un grand nombre de réactions négatives à propos de l'élection du philosophe Alain Finkielkraut à l'Académie française. Certains intellectuels du milieu de la "bien-pensance", de la pensée unique ne voit pas d'un bon œil l'intégration de ce philosophe dans cette institution prestigieuse et même certains académiciens ont rayé son nom avec un mépris évident. Qu'a donc fait Finkielkraut pour attirer une telle haine ou une désapprobation que l'on rencontre surtout dans les milieux de gauche ? Il paraîtrait que notre ministre de la culture ne l'a pas félicité... Pour ma part, je me félicite de son élection dans une telle institution culturelle et républicaine. Que ce fils d'immigré juif polonais atteigne un tel niveau de reconnaissance est une victoire pour nos valeurs éducatives, une revanche sur l'exil et une reconnaissance de son travail d'intellectuel. On lui reproche son archaïsme face aux nouvelles technologies, sa nostalgie des grandes œuvres, de la "grande culture classique", d'une culture élitiste de plus en plus difficile à partager et à transmettre. Mais, ses détracteurs les plus virulents l'attaquent sur la peur qu'il exprime surtout dans son dernier livre, "L'identité française", la peur de la perte irrémédiable de la culture française, celle des siècles accumulés, de notre langue commune, et par dessus-tout, de la crainte que la littérature ne soit plus lue, étudiée, transmise de génération en génération. Alain Finkielkraut a relevé cette faiblesse, cet effondrement d'un monde ancien qui fragilise nos valeurs culturelles et éducatives. Si Alain Finkielkraut n'existait pas, il faudrait l'inventer ! C'est salutaire d'écouter ce philosophe, d'écouter son inquiétude, son désarroi, sa nostalgie face à un monde qui change très vite, trop vite, qui bouscule les "lents", les lecteurs exigeants, les amoureux de la culture classique et les passionnés des textes littéraires. Laissons notre philosophe souvent bougon et à tout jamais malheureux de l'air du temps, laissons le savourer sa conquête d'un territoire éminemment français, une terre des mots, le pays du dictionnaire de l'Académie française...

jeudi 1 mai 2014

"La fête de l'insignifiance"

J'attendais beaucoup du dernier roman de Milan Kundera, un écrivain que j'aime tout particulièrement, mais à la fin de ma lecture, j'éprouve une légère perplexité.  Cela fait longtemps qu'il n'écrit plus de grands romans de forme classique avec une intrigue solide, des personnages attachants ou non, des idées imbriquées dans les mailles du texte, une critique radicale du totalitarisme communiste, la comédie de l'amour, la pratique de l'ironie dans la vie. J'avais dévoré "L'insoutenable légèreté de l'être", "La plaisanterie", "La valse aux adieux". Depuis 20 ans, il préfère la forme courte, qu'il nomme roman, mais qui ressemble plus à des essais même si des personnages de plus en plus elliptiques et évanescents donnent chair à sa philosophie teintée de désespoir. J'ai quand même suivi sa démarche à la Diderot, appréciant sa nouvelle façon d'écrire. Ses faux romans ("La lenteur", "L'identité" et "L'ignorance") et ses essais sur la littérature ("Les testaments trahis", "L'art du roman", "Le rideau") font de lui, évidemment, l'un des derniers grands écrivains vivants. Son dernier opus s'avère rétif au compte-rendu traditionnel. Comment raconter les discussions entre quatre amis ? Comment comprendre l'anecdote sur les vingt-quatre perdrix de Staline, leitmotiv du livre ? Et parfois, je retrouve les réflexions fulgurantes de Milan Kundera sur la solitude, l'absurdité de la vie, des événements, la complexité des êtres, l'incommunicabilité mais ce genre littéraire appartient plus à l'essai philosophique qu'au roman. Je cite un passage de la pensée "kunderienne" : "L'insignifiance, mon ami, c'est l'essence de l'existence. Elle est avec nous partout, toujours. Elle est présente même là où personne ne veut la voir : dans les horreurs, dans les luttes sanglantes, dans les pires malheurs. Mais il ne s'agit pas de la reconnaître, il faut aimer l'insignifiance, il faut apprendre à l'aimer." Peut-être faut-il lire avec plus d'attention "La fête de l'insignifiance" pour une meilleure compréhension ? Je conseille néanmoins la lecture de la critique du Monde des Livres par exemple (daté du 4 avril) pour entrer plus aisément dans cette fête des mots, de la littérature et d'une pensée d'une subtilité parfois obscure...