lundi 24 février 2014

Rubrique Cinéma

Enfin un film jubilatoire avec un mélange d'humour, d'ironie, de charme, je veux parler de  "Viva la liberta !" du réalisateur Roberto Ando, servi par des comédiens doués d'empathie dont le délicieux Toni Servillo. A l'aube des élections, Enrico Oliveri, chef du parti d'une gauche en perdition, voit ses sondages sombrer et ne supporte plus cette ambiance délétère et déprimante. Il décide de tout laisser tomber et fugue à Paris chez une ancienne amante qui travaille dans le cinéma. Elle est mariée à un réalisateur d'avant-garde. Pendant qu'il se laisse vivre dans ce milieu artistique, la panique règne dans son parti. Son assistant essaie de calmer la fébrilité des cadres politiques qui se posent tous des questions sur cette absence prolongée. Avec la complicité de la femme du "fugueur", l'assistant pense au frère jumeau de son "patron" et va lui demander de remplacer son frère dans les réunions publiques et dans les médias. Or, le frère jumeau, philosophe excentrique, a séjourné à l'hôpital psychiatrique et il accepte de remplacer son frère. Le film montre le délitement de la classe politique, l'impuissance des militants, le cynisme des cadres. Ce frère se situe du côté de la passion et en citant Brecht devant une foule en attente, il crée l'espoir retrouvé dans un monde meilleur. Le vrai frère de gauche reprend des forces à Paris, accompagne son amie sur un plateau de cinéma et s'improvise accessoiriste. La  comédie va-t-elle durer longtemps ? Ce film évoque l'épuisement démocratique, la trahison des politiques qui ne font plus rêver,  la perte des repères, la fin d'un cycle. Le comédien Toni Servillo joue deux rôles à la fois et cette composition donne au  film un goût savoureux, que l'on trouve dans  les comédies italiennes que j'ai toujours appréciées... Un film d'un charme incomparable.