mardi 29 avril 2014

Rubrique cinéma

Je connais peu le cinéma québécois, et j'ai donc été attirée par le film de Xavier Dolan, "Tom à la ferme", un thriller sombre et angoissant qui se déroule dans une ferme au fin fond d'un Canada rural, conservateur et intolérant. Le personnage central s'appelle Tom et il vient assister aux obsèques de son ami, selon la mère de ce fils disparu, mais c'était son compagnon. A partir de ce mensonge, Tom va vivre sous l'autorité et la violence du frère de son amant qui refuse cette vérité (non, son frère ne peut être un "homo"). La mère terrassée par le chagrin et niant la vérité, imagine une vie "normale" pour ce fils cadet et elle attend la compagne imaginaire que son fils mentionnait pour cacher son identité sexuelle. Tout est oppressant dans ce film hitchcockien : les relations familiales, le frère violent et ambigu, la vie dans cette campagne lointaine et abandonnée. Un grand frisson parcourt ce garçon, otage d'une famille (mère-fils) complètement déglinguée... Un film assez glauque qui se voit sans un vrai plaisir mais quand même prenant et surprenant. Comme j'aime Stefan Zweig, j'ai vu cet après-midi un film "La promesse" de Patrice Leconte, un film beaucoup plus reposant, même harmonieux, d'un romantisme élégant et fiévreux.  C'est l'histoire d'un jeune ingénieur dans une Allemagne du début du XXème siècle qui est recruté par un grand industriel de la métallurgie. Il devient son secrétaire personnel grâce à sa compétence et sa disponibilité. Il est tout de suite séduit par la beauté de la femme de l'industriel, une femme beaucoup plus jeune que son mari. Une relation silencieuse à base de regards échangés se noue malgré la présence du mari. Tout est suggéré, feutré, retenu, sobre. Le mari malade voit l'amour naître entre sa femme et son secrétaire et il va éloigner son employé en l'envoyant au Mexique pour exploiter une mine. La guerre est déclaré en 14 et l'exil du jeune homme va durer et se prolonger. La jeune femme perd son mari et se retrouve seule. Je ne dévoilerai pas la fin. Vont-ils se retrouver ? Peut-être... Patrice Leconte nous a offert un beau film romantique, tellement décalé de nos jours...

lundi 28 avril 2014

La journée mondiale du livre

Les journées mondiales à thème sont peu connues du public, faute de médiatisation efficace. Pour ma part, j'aime bien la journée célébrant le livre et les droits d'auteur, initiée par l'UNESCO en ce jour du 26 avril. Ce moment consacré au livre veut promouvoir la lecture, l'industrie éditoriale et la protection de la propriété intellectuelle. Le 23 avril 1616, disparaissaient Cervantes, Shakespeare et Garcilaso de la Vega dit l’Inca. Cette date a été choisie pour rendre un hommage à la littérature mondiale. C'est surtout à Barcelone que l'on respecte cette tradition. A Chambéry, la librairie Garin est la seule à fêter cet événement et j'ai donc poussé les portes du magasin  pour acheter mes livres du mois afin de me faire offrir une rose et le livre cadeau intitulé "Un livre peut en cacher un autre".  J'ai donc acquis "Apaisement", le journal 7 (1993-2003) de Charles Juliet (J'avais lu dans les années 80 son journal en plusieurs tomes, édités chez POL) et le dernier ouvrage de Michel Onfray, "Le réel n'a pas eu lieu : le principe de Don Quichotte" aux Editions Autrement, le premier tome "d'Une contre-histoire de la littérature". Le livre que j'ai reçu (et l'employé a eu un peu de réticence à me l'offrir malgré les 50 euros d'achat...) est un abécédaire de Christian Lacroix, décliné par 23 écrivains contemporains. Dans la préface écrite par la dynamique Marie-Rose Guarnieri, libraire à Paris, l'alphabet est mis à l'honneur, car sans l'apprentissage fondamental des mots et des lettres, la lecture littéraire n'existerait pas. Dans un tout petit article du journal Le Monde, la journée du livre est évoquée et la situation des librairies indépendantes est aussi qualifiée de fragile (-9 % de perte en 2013). Je regrette que cette date ne soit pas retenue par le monde des bibliothèques, partenaires relais pour la promotion de la lecture. Deux jours après, la rose est déjà fanée mais le cadeau en papier dure et durera longtemps...

vendredi 25 avril 2014

"Le tort du soldat"

J'ai déjà évoqué l'écrivain italien, Erri De Luca, dans ce blog et il fait partie de mon "Panthéon" littéraire personnel tellement sa voix est unique, originale, émouvante, empathique, proche et familière. Je viens de terminer "Le tort du soldat", récit emblématique sur la plus grande tragédie du XXème siècle : la Guerre de 39-45 et l'extermination des Juifs. On entend deux voix, celle du narrateur, Erri De Luca et celle de la fille d'un criminel de guerre, responsable de la Shoah. La première partie du récit repose sur les impressions de l'écrivain concernant une rencontre dans une auberge où il aperçoit ce couple fille-père à une table du restaurant. Il évoque aussi son amour pour la langue yiddish et sa littérature qu'il veut sauver de l'oubli. Il rend évidemment un hommage appuyé aux livres. Je cite un passage : "J'ai peu joué, je préférais lire. Dans les livres, il était impossible de se sentir grand. Les histoires étaient immenses, en comparaison ma lecture était petite. (...) Les livres confirmaient ma taille minuscule. Mais quelque chose grandissait en moi. (...) Moi, j'avais l'impression que c'était au contraire ma capacité pulmonaire qui augmentait. La lecture de Stevenson m'a rempli d'air d'océan. La poésie napolitaine me déliait la langue. London m' a appris la neige." Erri De Luca est un conteur merveilleux et nous fait ressentir des émotions très simples devant le moindre événement vécu. La deuxième partie du récit révèle une voix étonnante de la fille du criminel nazi, voix lucide et déchirée par l'identité insupportable de son père. Comment survivre à cet héritage ? Le père, se sentant toujours traqué, vit sous une fausse identité et nie sa culpabilité en prononçant cette sentence : "Le tort du soldat, c'est la défaite." Face à ce père assassin, intraitable et privé de remords, il n'existe qu'une solution : rompre avec lui. Mais, je ne dévoile pas la fin du récit. Un petit livre d'à peine 88 pages, mais surtout un grand récit sur la mémoire, la filiation et la folie des hommes...

jeudi 24 avril 2014

"Un bébé d'or pur"

Quand j'ai appris qu'un roman de Margaret Drabble était sorti en librairie, j'étais toute heureuse de retrouver cette femme que l'on compare à Doris Lessing, une sœur en écriture alors que sa vraie sœur se nomme tout de même A. S. Byatt, (quelle famille !). J'ai donc lu avec une curiosité décuplée son dernier opus, paru chez Bourgois en ce début d'année. Ce n'est pas d'une lecture facile, abordable sans effort et si l'on veut passer ces quelques obstacles, ce roman est un des meilleurs de Margaret Drabble, beaucoup moins classique dans sa forme que les précédents. Une narratrice raconte la vie d'une de ses amies intimes et du groupe qu'elles formaient dans un Londres des années 60. Jess, le personnage central, est anthropologue et elle est fascinée par une ethnie où les enfants sont atteints d'une déformation génétique (pieds en forme de pince de homard). Elle entretient une relation avec un de ses professeurs et tombe enceinte par accident. Elle donne naissance à une petite fille, "un bébé d'or pur", en mère courageusement célibataire. Jess se rend compte que son bébé ne grandit pas comme les autres et après avoir consulté un spécialiste, elle apprend le handicap mental de sa fille Anna. Elle décide de consacrer sa vie à sa fille et connaissant l'absence d'amélioration de cet handicap, elle la protégera jusqu'au bout de son existence. Les amies de Jess la soutiennent sans demander d'explications : la petite Anna grandit au sein de cette communauté en toute harmonie. La narratrice, Eleanor, relate les amours de Jess avec Bob qu'elle épousera et qu'elle quittera. Les années 60-70 sont aussi décrites avec une justesse sociologique très intéressante. L'enfant de Jess est à la fois "la prunelle de ses yeux et l'épine dans son cœur". Margaret Drabble a écrit un très beau récit sur la relation mère-fille, sur l'amitié entre femmes, sur l'entraide et la solidarité. Cette petite Anna illumine le récit par sa candeur, son innocence et sa générosité. L'écrivaine aborde aussi des sujets complexes comme la psychiatrie, les centres de soins, la médecine, l'anthropologie, les recherches médicales. J'ai surtout retenu un portrait d'une femme qui accepte la maladie handicapante de sa fille et se bat jour après jour pour lui faire une place dans le monde des gens dit "normaux" et qui ne le sont pas toujours... Un beau roman, un livre profond et rare à découvrir sans tarder.

mardi 22 avril 2014

Hommage à Gabriel Garcia Marquez (1927-2014)

"Bien des années plus tard, face au peloton d'exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l'emmena faire connaissance avec la glace. Macondo était alors un village d'une vingtaine de maisons en glaise et en roseaux, construites au bord d'une rivière dont les eaux diaphanes roulaient sur un lit de pierres polies, blanches, énormes comme des œufs préhistoriques." Voilà les premières lignes du chef d'œuvre de Garcia Marquez, "Cent ans de solitude", roman paru en 1967 aux Editions du Seuil. Garcia Marquez est né en Colombie à Aracataca, le Macondo mythique, qu'il décrit comme un monde magique, transmis par sa grand-mère galicienne, une femme-sorcière à la mode baroque. Après son bac, il devient journaliste et commence sa longue carrière d'écrivain. Il voyage en Europe dans les années 60 et traversera une certaine misère. En 1958, il épousera son amour de jeunesse et ils ne se quitteront plus. Il sera l'ami de Fidel Castro, vivra à Barcelone, et finira par s'installer à Mexico. Sa vie d'écriture se nourrit de ses expériences liées à l'enfance, mais aussi à ses engagements politiques du côté des opprimés et des vaincus. Il obtient la consécration littéraire avec le prix Nobel de Littérature en 1982. Aracataca devient le centre du monde littéraire... La presse (Le Monde, en particulier) a salué cet écrivain inoubliable et la télévision a aussi évoqué sa disparition. L'Amérique latine le pleure avec une sincérité touchante. Il faut absolument rencontrer cet homme singulier dans son univers pimenté et coloré d'une Amérique latine en gestation continuelle, cet homme puissant dans son imagination débridée, cet homme excessif dans ses idées politiques, mais aussi cet écrivain génial d'une impitoyable lucidité sur le sentiment de solitude, la folie humaine, l'irruption de l'irrationnel dans ce continent américain broyé par les dictatures et la violence au XXème siècle. Quand un géant meurt, on éprouve le besoin de se replonger dans son œuvre et j'avais acheté récemment "Cent ans de solitude" dans la collection Point2 au format très particulier pour l'embarquer dans mes escapades... Tristesse pour la perte d'un écrivain, reconnaissance pour ses romans et sa créativité romanesque. Il a retrouvé Macondo, ses grands-parents, sa famille au paradis des écrivains...

lundi 21 avril 2014

Rubrique cinéma

Avant de partir dans mon Pays basque natal, je n'ai pas eu le temps d'écrire un billet sur les deux films vus en mi-avril. Je vais donc évoquer le film de John Turturo, "Apprenti gigolo", avec Woody Allen comme acteur principal. Drôle de film, léger et romantique, charmant et audacieux, il se laisse voir avec plaisir mais ne restera pas dans ma mémoire comme un chef d'œuvre. Woody Allen campe un libraire en faillite, dans un quartier juif de New York. Il se laisse tenter par une expérience sexuelle, suggérée par une des clientes de son médecin. Elles cherchent un partenaire, un gigolo pour pimenter leur vie amoureuse et le libraire va leur proposer son ancien employé, un certain Fiorevante, fleuriste à l'occasion. Cet homme solitaire accepte le contrat par besoin d'argent et il se prend au jeu des relations tarifiées. Il va même tomber amoureux d'une jeune veuve, prisonnière de son milieu intégriste juif, très croyante à qui il prodigue des massages. Woody Allen joue dans une comédie qui lui ressemble bien, pleine de facétie, très critique envers l'emprise de la religion, amorale pour l'argent gagné, une leçon de tolérance en temps de crise américaine... Le deuxième film me semble bien plus grave et profond, je veux parler de "Pelomalo" de la réalisatrice vénézuelienne Mariana Rondon. Ce film retrace la vie d'un petit garçon, Junior, âgé de 9 ans qui vit à Caracas avec sa mère et son demi-frère. Il a les cheveux frisés de son père et il les voudrait "lisses". Il aime chanter, danser avec sa grand-mère (beau portrait de cette femme généreuse) et il provoque la colère de sa mère qui lui trouve des manières "féminines". La relation mère-fils repose sur un malentendu : elle désire un fils "normal", même "macho", et le petit garçon ne comprend pas cette exigence. Dans une société influencée par une télévision omniprésente où les émissions sur les prix de beauté formatent les mentalités traditionnelles, Junior ne correspond pas au canon physique souhaité. Sa petite copine aussi rêve de concours de miss alors qu'elle est trop grosse. Ces deux enfants sont des victimes de la bêtise des adultes et du diktat de la mode. Ce film pose la question du genre, question très délicate dans les milieux conservateurs. La mère (très dure) finira par couper les cheveux de son fils pour qu'il se mette dans le rang figé de la réalité sociale, anxiogène et intolérante... Un film touchant et profond sur l'identité sexuelle dans un continent moins ouvert que le nôtre.

lundi 14 avril 2014

Revue de presse

En avril, les revues Page, Transfuge et Lire ont mis à l'honneur, le roman policier que l'on nomme aujourd'hui le polar, genre hybride entre le roman noir, le thriller, l'espionnage, etc. Pourquoi cet engouement en avril ? Peut-être que le printemps et l'été sont propices à ce type de lecture, plus légère, plus facile, moins "prise de tête" que certains livres littéraires. Le genre s'est tout de même considérablement "anobli" et il est devenu un roman à part entière avec une écriture travaillée, une intrigue plus complexe et des personnages qui vivent comme tout le monde avec souvent des traces de désillusion, voire de dépression. Je pense au commissaire Kurt Wallander, personnage central de Mankell, émouvant dans son "humanité profonde". La revue Page propose des entretiens avec, entre autres, Camilla Läckberg, Ellroy et des analyses de romans policiers. On y trouve les rubriques habituelles et toutes ces informations sont présentées dans un graphisme très agréable. Transfuge remarque dans son édito que "le printemps est au polar" car cette revue était  partenaire du plus grand festival de polar français, "Quais du polar" à Lyon du 4 au 6 avril. On eut lire aussi un entretien avec Jonathan Dee et une rencontre avec le monstre sacré de la littérature portugaise, Antonio Lobo Antunes, sans oublier les nombreuses critiques cinématographiques. Lire conseille un spécial Polar, "les 10 meilleurs de l'année" et un entretien avec Arnaldur Indridason qui déclare "La littérature jette un éclairage sur la vie comme aucune autre forme d'art ne peut le faire". Le Magazine littéraire a choisi un écrivain dont on célèbre le centenaire mais peu, très peu connu du public, je veux parler de l'américain William Burroughs, écrivain culte du "Festin nu", influencé par les drogues et autres paradis artificiels. C'est une planète littéraire que je ne trouve pas du tout fascinante, ni séduisante. Modernité oblige, on trouve aussi une analyse de la série "Game of Thrones" et des articles divers sur les nouveautés. J'ai surtout retenu le grand entretien avec Edgar Morin (93 ans !) et un carnet de voyage signé Zadie Smith, la grande écrivaine anglaise. En résumé, si le printemps est synonyme de lectures "policières", le lecteur(trice) peut aussi trouver des bonnes idées dans les revues citées.

vendredi 11 avril 2014

"Un homme effacé"

Alexandre Postel a déjà reçu le prix Goncourt du Premier Roman en 2013 et il est sélectionné dans la liste des meilleurs premiers romans, choisis par l'ensemble des lecteurs et lectrices (à 90 %) du Festival de Chambéry. Ce jeune écrivain, (né en 1982), enseigne la littérature française à Paris et être édité chez Gallimard relève de l'exploit littéraire. Il conte la vie triste et routinière d'un enseignant universitaire, Damien North, spécialisé en philosophie. Il a perdu sa femme et sa solitude,  son isolement social le rendent quelque peu "suspect".  Or, tout s'arrête un jour, quand la police l'accuse d'avoir téléchargé des photos provenant d'un réseau pédophile. Il est pourtant innocent. Sa garde à vue fait scandale d'autant qu'il est aussi le petit-fils d'une figure politique historique, Axel North. Cette accusation, fondée sur un fichier trouvé dans son ordinateur, influence soudain des étudiants, qui se souviennent des gestes "déplacés" qu'ils auraient subis lors d'une soirée imbibé d'alcool ou lors d'une conversation tendue avec une étudiante. La police interprète à son désavantage, une photo de vacances de sa petite nièce en maillot de bain. Ces preuves accablent le suspect. Et sa propre famille doute de son innocence.  Personne ne lui vient en aide, ni l'université, ni son frère et même son avocat lui demande de plaider coupable. Par lassitude et manque de courage, il finit par avouer. Alexandre Postel a voulu décrire un monde où les conventions sociales, les certitudes, les mensonges et la méfiance détruisent les individus esseulés, naïfs et faibles. Une lettre d'un collègue va enfin le disculper (il a trafiqué l'ordinateur de son collègue) mais sa vie aura pris un tournant décisif dans cette épreuve où il a tout perdu : sa famille, ses collègues, son honneur et sa dignité. Je ne révèlerai pas la fin du roman pour garder le "suspens"... Un premier roman de très grande qualité malgré un sujet de société délicat. A lire pour rencontrer cet écrivain, invité au Festival en fin mai à Chambéry. Je reviendrai sur le programme en temps voulu.

 

jeudi 10 avril 2014

Atelier de lectures, 3

Comme je ne veux pas écrire des billets trop longs, j'ai préféré poursuivre aujourd'hui l'évocation de nos deux grandes dames des lettres françaises. J'ai lu aussi un des derniers livres de Marguerite Duras, "Ecrire" que j'ai trouvé vraiment passionnant, en particulier le texte sur un jeune aviateur anglais, mort le jour de la victoire. Ce texte provoque une émotion et une empathie communicatives. Je le conseille pour comprendre sa démarche littéraire, créatrice et loin des clichés de superficialité, d'élitisme, d'incompréhension. Je la cite : "à la question : c'est quoi du Duras ?" Elle répondait : "c'est laisser venir quand il vient, l'attraper comme il vient, à sa place de départ, ou ailleurs, quand il passe. (...) J'ai appelé ça la littérature d'urgence. Je continue à avancer, je ne trahis pas l'ordre naturel de la phrase. C'est peut-être ça le plus difficile, de se laisser faire. Laisser souffler le vent du livre..." (Extrait d'un article de Télérama du 02/04/2014). Lire Duras à tous les âges de la vie, réserve des surprises et l'on redécouvre des aspects de son écriture, des scènes, des personnages que l'on n'a pas remarqués 20 ans avant (ou 30)... Pour moi, elle est une écrivaine-poète, une intellectuelle sensuelle, une femme libre et sans contraintes (sa vie, ses livres, ses amours, ses passions). Elle, la révolutionnaire, est rentrée dans la Pléiade malgré de très nombreux détracteurs (qui n'ont certainement pas vraiment lu son œuvre). Elle est désormais dans la grande et la belle famille des "Classiques", ces classiques de la littérature, ni "ennuyeux", ni "hermétiques", mais tout simplement à la portée d'un lecteur(trice) curieux et ouvert au monde. Marguerite Yourcenar est aussi dans la collection de cuir de Gallimard, mais bien installée depuis de nombreuses années. Elle n'a pas du tout vécu à la "durassienne", mais elle a consacré sa vie à la littérature, dans sa petite maison en bois, "La Petite Plaisance" de Mount Desert aux Etats-Unis. J'ai toujours aimé cette phrase très connue qui montre "l'apatrisme" de Yourcenar. Belge de naissance, Française de langue, américaine par amour et surtout une grande voyageuse à travers le temps et dans le monde. La phrase emblématique qui me sied à merveille : "Le véritable lieu de naissance est celui où l'on a porté pour la première fois un coup d'œil intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été les livres." Les lectrices de l'atelier ont donc découvert ou relu "Les mémoires d'Hadrien", (1951), une plongée dans l'Antiquité romaine, le portrait d'un empereur puissant, poète et amoureux d'Antinoüs. Ce roman historique et philosophique montre déjà le génie littéraire de Yourcenar. Janine a aimé les "Souvenirs pieux" , le premier tome de la série "Le Labyrinthe du Monde" écrit en 1974. Et Evelyne a découvert l'essai "Le tour de la prison", récit de voyage surtout axé sur le Japon. Je regrette que Marguerite Yourcenar "intimide" quelque peu par son style très classique, son érudition faramineuse et fascinante, et il faut peut-être faire des efforts pour escalader cette œuvre exigeante, mais quand on arrive au sommet, quelle récompense ! Un classique, c'est une source de vie, de culture et d'harmonie... Relisez ou découvrez ces deux écrivaines, des femmes exceptionnelles et essentielles !

mercredi 9 avril 2014

Atelier de lectures, 2

Pour la deuxième partie, baptisée par Sylvie "la pioche aux livres", j'ai proposé les deux plus grandes divas de la littérature française, dotées d'un prénom commun : Marguerite Yourcenar et Marguerite Duras. On célèbre en ce moment le centenaire de Duras (elle est née le 3 avril 1914) et Arte (quelle belle chaîne !) a offert des documentaires sur elle dont "Le siècle de Duras" et son film mythique "Hiroshima, mon amour". J'ai toujours suivi, et les œuvres de la pasionaria de la rue St Benoît et les épopées historiques et familiales de notre américaine exilée. L'aînée a construit des monuments littéraires à l'image de la Rome antique (portrait d'Hadrien), de la Renaissance (Zénon) et même de la saga familiale ancrée dans une tradition européenne du Nord (Le Labyrinthe du monde) pour ne parler que de l'essentiel. Sa petite sœur cadette, très loin de cette planète d'un classicisme incontestable, a livré à ses fans (les lectrices de Duras sont séduites, sidérées, envoûtées...) l'histoire secrète de son enfance dans un Vietnam fantasmé, de sa mère-courage qui préférait ses fils, de la découverte de la jouissance, et surtout de sa recherche éperdue de l'amour avec un grand A, un amour souvent non-partagé. Ces deux monstres littéraires sont devenues des icones du XXème siècle : chacun(e) peut reconnaître le style inimitable de l'une ou de l'autre, chacun(e)  peut se retrouver dans leur univers mental façonné par la passion de l'Histoire, le vertige du temps ou par les questions permanentes que pose Duras sur l'amour, la solitude, le désespoir, la perte... Nous avons donc partagé dans la deuxième partie de l'atelier quelques lectures de deux "Marguerite". Régine a évoqué "La douleur" (1985) de Marguerite Duras, un récit autobiographique relatant la libération du Robert Antelme, son mari, interné dans un camp de concentration. L'audace du livre réside dans l'extrême précision des détails sur la déchéance physique de Robert Antelme, de sa guérison très lente et douloureuse. Un choc de lecture, extraordinaire selon Régine. Danièle a lu "Le marin de Gibraltar" (1952) ou l'histoire d'une femme qui court le monde en bateau à la recherche de l'homme qu'elle aime et qui a disparu. Un roman dans la première phase de création (les romans des années 50) où Duras décrit dans une langue assez classique, l'impossible communication entre les êtres. Geneviève et Janine ont partagé le même avis sur le célèbre "L'amant", prix Goncourt en 1984, qui a conquis des millions de lecteurs(trices) dans le monde entier. Après une deuxième relecture, elles n'avaient rien oublié de cette histoire d'amour sulfureuse entre une jeune fille de 15 ans et un riche Chinois de 26 ans. Pour ma part, j'ai relu "Les petits chevaux de Tarquinia" (1953) que j'ai trouvé d'une modernité contemporaine par son style, son sujet sur une femme "absente" à elle-même, la tonalité "tragique" sous un soleil de plomb : du très grand art ! Evoquer ces deux figures mérite un deuxième billet que j'écrirai jeudi...

mardi 8 avril 2014

Atelier de lectures, 1

Cet après-midi, nous étions une bonne dizaine de lectrices pour partager, dans la première partie de l'atelier, les coups de cœur. Nicole a démarré illico presto en nous montrant un folio d'Akira Mizubayashi, "Une langue venue d'ailleurs" ou comment un japonais tombe amoureux de notre langue française et prend comme modèle Jean-Jacques Rousseau. Il raconte sa vie d'intellectuel et de professeur et rend un hommage extraordinaire à sa langue d'adoption. Cette autobiographie  a vraiment convaincue Nicole et convaincra aussi d'autres lectrices de l'atelier. Nicole a aussi présenté le premier roman de Danièle Pétrès, "La lecture", paru chez Denoël en 2005. Quatre personnages se rendent à la lecture d'une pièce de théâtre et comprennent qu'ils auraient préféré faire autre chose... Elle a aussi conseillé "Nous étions faits pour être heureux" de Véronique Olmi, paru en 2012. Serge, la soixantaine, a tout pour être heureux (belle situation, marié et père de deux enfants) mais il s'éprend de Suzanne, une accordeuse de piano d'apparence ordinaire.  Régine a évoqué un roman de Marc Durin-Valois, "Chamelle", paru en 2002. C'est l'histoire d'un village dans un coin de l'Afrique, coincé entre une sécheresse et la guerre. Certains veulent trouver de l'eau, d'autres choisissent la guerre. Réflexion philosophique avec une belle écriture. Régine a rappelé le très beau livre de Maylis de Kerangal, "Réparer les vivants" paru en janvier et qui rencontre un grand succès auprès du public malgré un sujet délicat (la transplantation cardiaque) et un style ambitieux, loin du canon classique contemporain.  Elle a aussi mentionné un premier roman, sélectionné dans le Festival de Chambéry, avec un titre surprenant, "N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures" de Paola Pigani, aux éditions Liana Levi, ou l'histoire émouvante des tsiganes en 1940, interdits de circulation en Charente, et internés dans un camp pendant six ans. Danièle a beaucoup aimé un livre-témoignage, un récit de vie de David Lelait, "Poussière d'homme" sur la mort de son compagnon, victime d'un cancer. Mylène a lu un journal intime, "Ultraviolet" de Nancy Huston, paru dans une collection qui s'adresse aux adolescents. Une jeune fille raconte sa vie en 1936 dans un Canada en crise économique. Son père est pasteur et recueille les "miséreux" chez lui. L'arrivée d'un médecin va bouleverser sa vie et l'ouvrir à la vie.  Mylène a aussi donné un coup de cœur pour le film "La cour de Babel", un film optimiste sur l'intégration par l'apprentissage de la langue française. Evelyne a vraiment beaucoup apprécié le dernier roman de Jean-Christophe Rufin, "Le collier rouge" , une histoire de fraternité dans une petite ville du Berry à la fin de la Première Guerre Mondiale. Il est question d'un chien enfermé qui aboie sans cesse et de la confrontation d'un prisonnier et d'un juge qui arrivent à se parler et à se comprendre. Sylvie a mentionné le beau livre de Jean-Louis Fournier, "La servante de Dieu", un récit autobiographique sur sa fille, séduite un temps par la drogue et plus tard par la religion. Marie-Christine a évoqué deux livres qu'elle a aimés de Bernard Ollivier : "La longue marche" et "la vie commence à 60 ans"... A vos carnets pour noter tous ces coups de cœur à découvrir si vous ne les avez pas encore lus. Demain, la suite.

lundi 7 avril 2014

"Petites scènes capitales"

Ce roman, écrit par Sylvie Germain, aurait mérité un prix littéraire automnal à la rentrée de septembre 2013, date de sa sortie. Quand un lecteur(trice) pénètre pour la première fois dans un roman de cette femme écrivain, il (ou elle) est d'emblée emporté(e) par un style tout à fait particulier, original, tranchant, poétique, un style de conte comme elle aime tant exploirer. Je cite un passage du roman (que j'ai découvert grâce à l'atelier de lectures) : "L'Océan. Sa première rencontre avec l'immensité marine lui chavire tous les sens. Il y a un trio vocal : l'eau, le vent, les oiseaux. L'eau massive, convulsée, vert violâtre huileux ; son bruit brutal et mou comme un afflux de sang aux tempes. Le vent feulant, fouaillant cette masse visqueuse, en écharpant la peau qui se couvre d'écume ; son odeur violente qui se fait intime à l'instant même où elle la découvre." L'écrivain-conteuse nous raconte l'histoire de Lilli-Barbara, une petite fille sans mère (qui est morte peu après sa naissance), une petite fille qui ne compte pas beaucoup dans la nouvelle famille recomposée de son père. Elle hérite de trois sœurs (dont des jumelles) et d'un grand frère. Lilli, n'est "ni ordinaire, ni belle, ni laide, ni docile, ni rebelle". Elle avoue que personne ne la remarque, ne fait attention à elle. Dans cette famille élargie, elle cherche sa place, sagement et vainement. Quand elle a neuf ans, elle perd sa grand-mère maternelle, le seul lien qu'elle avait avec sa mère, une mère douloureusement absente. La vie de Lilli se déroule au rythme des événements familiaux : la mort stupide d'une jumelle, la vocation religieuse de son frère, la maladie de sa belle-mère, sa grande sœur dans la drogue. La famille se défait, se disperse, se délite et finit par exploser. Lilli traverse ses perturbations avec une distance salutaire et elle prend elle-même son envol, son indépendance (nous sommes dans les années 60-70). Elle vivra dans la marginalité des soixante-huitards, deviendra une artiste-peintre et connaîtra des histoires d'amour nomade jusqu'à la rencontre décisive qui va changer sa vie "discrète"... Ce beau roman se lit avec un plaisir évident et si on aime "la belle écriture", un style vraiment décalé et intemporel, une histoire de vie, un destin conté, c'est le livre qu'il faut lire.

jeudi 3 avril 2014

Amsterdam, 3

Pour "boucler" mon tour d'Amsterdam, je veux évoquer la place du livre dans cette ville tolérante, ouverte, libre. J'ai visité la plus grande bibliothèque des Pays Bas car j'aime comparer les lieux de lecture entre pays. Quand j'étais bibliothécaire, c'était important de se rendre sur place, dans les grandes villes françaises, surtout en Rhône-Alpes pour se former et trouver des idées innovantes afin de moderniser ces espaces publics, souvent "tristounets" par manque de moyens ou intimidants par leur austérité. L'OBA, la Bibliothèque Publique d'Amsterdam, est située sur l'île Oosterdok à quelques pas de la gare centrale. Imaginez un espace de... 28 000 m2, 25 kms d'étagères, et on peut tout y trouver : des centaines de milliers de livres, des CD, DVD, des journaux, des ordinateurs tactiles, bref, une offre culturelle impressionnante pour une population de 750 000 habitants ! Et quand j'ai vu les horaires d'ouverture (de 10h à 22h) et les jours d'ouverture (7 jours sur 7), je n'en croyais pas mes yeux. Je ne vais pas vous décrire les lieux en détails (voir le site internet www.oba.nd) mais tout est lumineux, spacieux, confortable avec un restaurant au dernier étage et un théâtre de 270 places. Et quand je pense qu'en France, aucune bibliothèque ne propose des horaires semblables (à part Beaubourg) et nous sommes très en retard. Quand va-t-on enfin s'inspirer des bibliothèques nordiques ? A Chambéry, la ville fait des efforts mais les horaires diffèrent selon le jour de la semaine. Pourquoi pas de 10h à 19h du mardi au samedi par exemple ? Les lecteurs s'en souviendraient sans aucun problème. Mais en France, la litanie du manque de personnel, l'argument du travail interne des bibliothécaires (!!!), l'absence des moyens financiers empêchent une avancée décisive pour la fréquentation de ces lieux dédiés à la culture, à l'éducation, à la formation et tout simplement à l'intégration sociale. Je ne vais pas partir vivre à Amsterdam pour l'OBA (bien que...). Je dispose tout de même (voir les horaires minuscules dans les petites communes) d'une amplitude confortable des horaires à Chambéry (39h).  Pour en finir avec la place du livre à Amsterdam, je suis tombée par hasard sur un marché des livres d'occasion et en furetant sur les tables, j'ai trouvé des livres en français au milieu des livres en néerlandais, cela montrait bien le degré de culture des Amstellodamois(es) ! Musées, Maisons anciennes, Canaux, péniches, vélos, une population dynamique, extrêmement polie et même très serviable quand on cherchait des informations, en résumé et après ces trois billets consacrés à Amsterdam, une très belle et fructueuse escapade pour découvrir une ville de l'Europe du Nord, belle et rebelle par son histoire culturelle, par ses positions politique et sociétale d'avant-garde...

mercredi 2 avril 2014

Amsterdam, 2

Je poursuis mon voyage à Amsterdam dans sa deuxième phase de mise en "texte". Hier, j'ai évoqué les grands musées à visiter, et aujourd'hui, je vais relater les émotions que j'ai éprouvées en pénétrant dans la maison d'Anne Frank et dans le Musée historique juif (Joods Historisch Museum). Le lieu consacré à Anne Frank est une maison ancienne sur un canal (Anne Frank Huis). Il fait partie des Musées de la Shoah, un Mémorial qui intègre une librairie et des espaces vidéos. Les visiteurs défilent silencieusement dans l'espace confiné où ont vécu Anne Frank et sa famille. On a tous lu le "Journal" de cette jeune fille de 13 ans qui raconte la vie quotidienne dans cet appartement aux fenêtres occultées, petit et sans aucun confort. Quand j'ai aperçu la bibliothèque pivotante qui servait de porte d'accès, l'escalier raide et étroit et la minuscule chambre d'Anne Frank qu'elle partageait avec sa sœur, l'émotion vous saisit en imaginant la tragédie de l'Holocauste. Elle collait des photos des journaux pour égayer le décor des murs et écrivait son journal sur un petit secrétaire. Voir aussi la cuisine commune, la salle de bain et le grenier permet d'imaginer la vie de cette famille pourchassée par la barbarie nazie. Tout au long de la visite, le recueillement des visiteurs m'a frappée et ce musée du souvenir, de la mémoire, joue un rôle fondamental pour ne jamais oublier l'Holocauste. J'ai aussi visité le musée historique juif, installé dans une synagogue où l'on peut admirer des livres de prières, des objets religieux, des peintures religieuses, des tableaux d'information sur la culture juive car Amsterdam a accueilli des milliers de réfugiés juifs d'Espagne et du Portugal au XVIIème siècle. Ma passion des livres m'a aussi conduite au Musée de la Bible où j'ai admiré des incunables et la première Bible imprimée aux Pays Bas. Un tout petit jardin décoré de statues accueille les visiteurs. Le charme de la ville repose également sur l'architecture avec ses centaines de maisons à trois ou quatre étages qui se terminent par des corniches ou des pignons en cloche, à redents ou pointu. Se balader, dans les rues longeant les canaux et la tête en l'air pour admirer ces particularités architecturales, était une prise de risques à cause des centaines de bicyclettes qui me frôlaient en permanence. Amsterdam est un musée à ciel ouvert comme Venise avec une vitalité communicative et un esprit ultra-contemporain. Pour les deux derniers musées, j'évoquerai la Maison de Rembrandt avec son atelier reconstitué et une collection de 250 gravures. J'ai aussi beaucoup photographié les péniches sur les canaux, véritables maisons sur l'eau, et l'un d'entre elles s'est transformée en musée "ethnographique". Les conditions de vie des mariniers étaient loin de ressembler à celles des propriétaires actuels : couchettes minuscules pour dormir, cuisinette de poupée pour se nourrir... Cette ville de pierre et d'eau regorge de trésors exposés et cachés. J'ai emprunté dans la chambre d'hôte un guide très utile, "Amsterdam secret et insolite" qui m'a aidé à "débusquer" des lieux où je n'ai pas côtoyé un seul "touriste"... Quelle chance !

mardi 1 avril 2014

Amsterdam, 1

Partir à Amsterdam, même en court séjour (de mardi à samedi), relève d'un petit exploit tant j'ai concentré un maximum de visites et de balades en trois jours pleins. Comme j'ai la manie des listes fort rassurantes pour ma mémoire, j'avais établi dix priorités et j'ai dépassé mes objectifs :  cinq musées principaux et cinq "petits" musées, des balades pour découvrir les centaines de maisons sur les canaux, les pierres de façade, les centaines de péniches et les milliers de vélo... et la plus grande bibliothèque du pays. Fin mars me semble l'époque idéale car les files d'attente ne sont pas affolantes et avec une "city card de 72 heures", on peut éviter la foule des scolaires devant les musées, bénéficier des trams et d'une balade dans les canaux. Côté musées, j'ai visité le Rijksmuseum, le Louvre néerlandais, avec ses salles Rembrandt, Vermeer, et d'autres peintres moins connus. Comme j'aime les natures mortes, j'ai contemplé des petites merveilles (des pommes, des asperges, des huîtres, etc.). Après cette visite, j'ai parcouru les immenses espaces du musée moderne, le Stedelijk Museum, où j'ai retrouvé notre grand Picasso, Braque et d'autres peintres contemporains. Dans ce carré de l'art, se trouve aussi le musée Van Gogh qui offre quelques deux cents tableaux du maître, surtout de la première période. J'ai découvert ses natures mortes aux livres que je connaissais en "carte postale"... C'est très émouvant de voir l'ensemble de ses toiles et de ses objets comme si Van Gogh se trouvait à nos côtés : un musée incontournable pour ressentir le génie de ce peintre. Ma passion de l'Antiquité a conduit mes pas dans un espace peu fréquenté mais extraordinaire : le musée archéologique Allard Pierson au sein de l'université d'Amsterdam. Des vases, des statues, des fresques, des objets quotidiens, des portraits du Fayoum, des sarcophages, tous ces vestiges dans des petites salles modestes comblaient ma curiosité pour ces civilisations de la Méditerranée. Pour mon dernier "gros musée", Amsterdam, ville historiquement singulière et innovante, s'est dotée d'un espace pédagogique en utilisant les nouvelles technologies.  Des origines au XXI siècle, les murs et les écrans, les tableaux et les objets retracent le passé commercial, maritime, historique et sociologique de cette ville sur l'eau. J'ai donc cité mes visites "muséales" les plus denses. Demain, j'aborderai les "petits musées" aussi importants que les grands et peut-être plus émouvants pour moi...