lundi 21 avril 2014

Rubrique cinéma

Avant de partir dans mon Pays basque natal, je n'ai pas eu le temps d'écrire un billet sur les deux films vus en mi-avril. Je vais donc évoquer le film de John Turturo, "Apprenti gigolo", avec Woody Allen comme acteur principal. Drôle de film, léger et romantique, charmant et audacieux, il se laisse voir avec plaisir mais ne restera pas dans ma mémoire comme un chef d'œuvre. Woody Allen campe un libraire en faillite, dans un quartier juif de New York. Il se laisse tenter par une expérience sexuelle, suggérée par une des clientes de son médecin. Elles cherchent un partenaire, un gigolo pour pimenter leur vie amoureuse et le libraire va leur proposer son ancien employé, un certain Fiorevante, fleuriste à l'occasion. Cet homme solitaire accepte le contrat par besoin d'argent et il se prend au jeu des relations tarifiées. Il va même tomber amoureux d'une jeune veuve, prisonnière de son milieu intégriste juif, très croyante à qui il prodigue des massages. Woody Allen joue dans une comédie qui lui ressemble bien, pleine de facétie, très critique envers l'emprise de la religion, amorale pour l'argent gagné, une leçon de tolérance en temps de crise américaine... Le deuxième film me semble bien plus grave et profond, je veux parler de "Pelomalo" de la réalisatrice vénézuelienne Mariana Rondon. Ce film retrace la vie d'un petit garçon, Junior, âgé de 9 ans qui vit à Caracas avec sa mère et son demi-frère. Il a les cheveux frisés de son père et il les voudrait "lisses". Il aime chanter, danser avec sa grand-mère (beau portrait de cette femme généreuse) et il provoque la colère de sa mère qui lui trouve des manières "féminines". La relation mère-fils repose sur un malentendu : elle désire un fils "normal", même "macho", et le petit garçon ne comprend pas cette exigence. Dans une société influencée par une télévision omniprésente où les émissions sur les prix de beauté formatent les mentalités traditionnelles, Junior ne correspond pas au canon physique souhaité. Sa petite copine aussi rêve de concours de miss alors qu'elle est trop grosse. Ces deux enfants sont des victimes de la bêtise des adultes et du diktat de la mode. Ce film pose la question du genre, question très délicate dans les milieux conservateurs. La mère (très dure) finira par couper les cheveux de son fils pour qu'il se mette dans le rang figé de la réalité sociale, anxiogène et intolérante... Un film touchant et profond sur l'identité sexuelle dans un continent moins ouvert que le nôtre.